Dany Laferrière, un Haïtien à l’Académie française
L’auteur de « Comment faire l’amour avec un nègre sans se fatiguer » succède à Hector Bianciotti. Un événement.
Ce jeudi 12 décembre 2013, il s’est passé quelque chose sous la Coupole. La dernière fois que ses occupants s’étaient réunis pour coopter un nouveau membre, ils n’avaient pas réussi à se mettre d’accord. Cette fois, pas d’élection blanche. Ils ont enfin élu quelqu’un. Au premier tour, par 13 voix sur 23. Et ce quelqu’un s’appelle Dany Laferrière.
Cet écrivain-là n’est pas le premier germanopratin venu. L’irrésistible auteur de «Je suis un écrivain japonais» est un passe-frontière, comme le personnage de Marcel Aymé était un passe-muraille.
Il est né à Port-au-Prince en 1953, il a vécu une partie de son enfance à Petit-Gôave pendant que son père prenait le chemin de l’exil, et dû fuir à son tour son pays en 1976, pour échapper aux sinistres tontons macoutes qui venaient de fracasser le crâne d’un de ses meilleurs amis. Il s’est alors réfugié à Montréal. Il y est encore, entre deux voyages ici ou là.
Quand il a atterri à Montréal, Laferrière a commencé par vivre comme un gueux. Il a mangé ce qu’il trouvait, travaillé dans une usine. Il lui restait à transformer son existence en roman. Il s’est donc procuré une machine à écrire, avec ce raisonnement imparable:
Arrivé en Amérique, je devais passer de la roue au tracteur, échapper à mon sort d’écrivain du Tiers-Monde. Je rejoignais Bukowski et Hemingway. Je me racontais que cette machine avait appartenu à Chester Himes. J’avais toute une mythologie, une machine pouvait écrire un best-seller. Cette machine est aujourd’hui complètement déglinguée, je la garde comme une relique.»
Laferrière peut la conserver : sa machine a tenu ses promesses. Avec son aide, il a publié son premier livre en 1985, dont on n’a pas fini de lui parler. C’était «Comment faire l’amour avec un nègre sans se fatiguer». De nombreux autres ont suivi, depuis «l’Odeur du café», lire la suite sur http://bibliobs.nouvelobs.com
Qu’il est beau de voir briller une de nos étoiles dans le firmament de l’Academie Francaise!Certains se plaignent de la double nationalité; au contraire nous devons dire merci au canadiens pour leur support. Que son example ouvre la voie à d’autres compatriotes, specialement ceux qui vivent en Haiti ou la notion de modèle est presque inexistante.
Bravo Dany, que Dieu vous prete une longue vie!
Dany est une source d’inspiration pour transcender toutes sortes de barrières. Son humilié, son savoir et sa culture font de lui un homme vénérable et convoité par tous. Bravo Dany! Kenbe pi red!