Haïti-Ressources minières : Poursuite des exploitations en dépit d’une interdiction du Sénat
La Plateforme de plaidoyer pour un développement alternatif (Papda) dénonce la poursuite des exploitations minières dans plusieurs régions du pays au mépris de la résolution du Senat.
Les exploitations continuent notamment à Terrier-rouge (Nord-Est), Roche Plate (Sud-Est) et Camp-Coq (Nord), confirme le directeur exécutif de Papda, Camille Charlmers, dans une interview accordée à AlterPresse.
Une résolution votée par le Sénat, le 20 février 2013, avait appelé à la cessation des exploitations minières en cours sur le territoire haïtien.
Ces exploitations se faisaient en dehors de tout cadre légal mais uniquement suite à un « protocole d’entente » conclu avec les sociétés minières Newmont et Eurasian, selon lequel, ces compagnies étaient autorisées à commencer le forage dans un des sites en exploration.
Le directeur de la Papda croit que l’absence de l’Etat est l’un des facteurs pouvant expliquer ce refus d’obtempérer à la décision prise par le Sénat.
« Il n’y a pas eu d’intermédiaires, il n’y a pas eu d’accompagnement de l’Etat », alors que celui-ci a pour devoir de protéger ces gisements importants identifiés, critique Charlmers. « Il y a un silence complice de l’Etat », pense t-il.
Le Bureau des mines (Bme) n’a pas les moyens de superviser les différentes zones, ni de techniciens et de géologues suffisamment qualifiés pouvant contrôler les fouilles et vérifier les trouvailles de ces compagnies, déplore Chalmers.
Parallèlement ces sociétés minières opèrent en toute liberté sans aucun mécanisme de régulation et dans le non-respect des lois en vigueur, constate t-il.
« Si on aboutit à des accords d’exploitations minières, [celles-ci] doivent être faites dans les conditions qui ne privilégient pas la logique de prédation et de pillage qui a toujours caractérisé le rapport avec les multinationales », préconise l’économiste.
Dans le contexte actuel, la vigilance des différents secteurs de la population est importante. La Papda souhaite une très grande mobilisation patriotique autour de la défense du patrimoinehaïtien et des biens naturels.
La question des mines en Haiti a été l’objet d’une investigation par le consortium médiatique Ayiti Kale Je, dont fait partie l’agence en ligne AlterPresse. Au cours de cette enquête, qui a duré dix mois (de 2011 à 2012), une équipe d’étudiantes et d’étudiants, de journalistes et de membres d’une radio communautaire, a révélé plusieurs données.
Près de 3,885 kilomètres carrés du territoire haïtien, soit 15 pour cent de tout le pays, sont déjà sous une licence de recherche, d’exploration ou d’exploitation, ou sont soumis à une convention contrôlée par des firmes américaines et canadiennes. (http://www.alterpresse.org)