Haïti-Culture : Enterrement le week-end écoulé de la célèbre conteuse Mimi Barthélémy

La célèbre conteuse haïtienne Michèle Armand alias MIMI Barthélémy a été inhumée dans la strict intimité le samedi 11 Mai 2013 au cimetière du Père la Chaise à Paris, en présence de ses quatre enfants et quelques amis intimes, apprend AlterPresse auprès de l’ambassade d’Haïtià Paris.

Ironie de l’histoire d’ordinaire au mois de mai Mimi était toujours de toutes les commémorations de l’abolition de l’esclavage depuis que la France par la voix de l’ancien président Jacques Chirac, avait laissé entendre que la France doit regarder son histoire en face.

Le jeudi 2 mai, la grande Eglise Saint Bernard à Paris XVIIIe était remplie comme un œuf pour un dernier hommage à notre conteuse haïtienne MIMI Barthélemy décédée subitement le 27 avril.

Tout le monde était là, ses enfants, ses petits-enfants, ses frères ainsi que le corps diplomatiquehaïtien en France, notamment Vanessa Matignon, ambassadeur désignée et Vilbert Bélizaire, ministre conseiller chargé du consulat Général à Paris.

Les artistes qui l’ont côtoyée et l’ont accompagnée sur scène comme Amos Coulanges et Ralph Tamas étaient également là et ont joué une dernière fois en l’honneur de Mimi.

Trois de ses petits-fils ont à l’occasion pris la parole, la voix chargée d’émotion pour un adieu à cette grand-mère pas comme les autres, des petits-fils auxquels elle a transmis l’amour de ce pays d’Haïti qui était l’une de ses raisons de vivre.

Pour Maguet Delva, attaché de presse de l’ambassade d’Haiti à Paris, Mimi Barthélémy était « une voix sure de la culture de notre pays » qui s’en est allée subitement, la peine est plus que palpable dans notre communauté.

Delva a fait parvenir à AlterPresse le témoignage suivant :

« Dès mon arrivée à Paris, j’ai rencontré MIMI à la Mairie de Paris (en 1991) dans l’une de ses prestations. Ce jour là, je crois qu’elle fredonnait sur scène l’une des merveilles du répertoirehaïtien l’Artibonite O etc. Ses contes, racontés avec beaucoup de précisions, de légèretés et d’ironies dans les déroulements constituent des chefs d’œuvres de la littérature orale haïtienne.

La dernière fois que je l’ai vue sur scène, c’était à Massy Palaiseau en banlieue parisienne, au festival des arts haïtiens organisé chaque année par notre compatriote Lorfils Réjoui. Cela se passait dans une petite salle polyvalente, mais vraiment petite, la diva haïtienne tenait à être là et déroulait ses tours de contes avec tant d’enthousiasmes qu’on avait fini par oublier que la soirée avait commencé avec deux heures de retard.

MiMI était toujours là, chez les grands comme chez les petits de la communauté avec le même respect, la même promptitude, la même prestation. L’Ambassadrice de la culture haïtienne à Paris était encore en répétition avec son musicien fétiche qui l’accompagnait partout, Amos Coulanges pour des prestations qui étaient programmées pendant les mois d’Avril, de Mai.

Lors de la présentation du film qui racontait sa vie, je suis allé à la première représentation. Comme toujours, elle racontait sa vie, surtout elle avait beaucoup parlé de son enfancehaïtienne, de la culture en Haïti, sujet qu’elle connaissait parfaitement bien.

Généreuse, ces dernières années elle prenait sous sa férule d’autres conteurs haïtiens comme Jude qui a aussi un talent énorme et prêt pour la relève etc. Mais Haïti fut présente dans chacun de ses spectacles. Puisant dans la riche tradition orale de son pays, elle a su imposer un style bien à elle.

Auteure et comédienne elle a collaboré à la création de plusieurs spectacles dans les années 80 avec notamment Rafaël Murillo Selva c’était au Honduras en 1981. Avec ou sans musiciens sur scène, Mimi excellait dans les contes chantés à partir de la tradition orale haïtienne.

Qui n’a jamais écouté MIMI dans « l’oranger Magique » qu’elle a écrit en 1985, un chef d’œuvre de lyrisme puisé dans l’imaginaire haïtien, magistralement restitué sur scène avec une grâce infinie. Elle récidive en 1987 dans « la Reine des Poissons ».

Elle possédait aussi une plume étincelante de lumière en publiant ses livres de contes chez plusieurs éditeurs parisiens, des disques de contes pour enfants et adultes qu’elle a enregistrés.

Elle était aussi dramaturge. Cette activité est moins connue de ses compatriotes haïtiens mais tout aussi florissante.

La conteuse haïtienne a eu de nombreux prix. En 1989 elle obtient « le Becker D’or » pour « la Reine des Poissons », ce conte à beaucoup compté dans la carrière de Mimi, il l’avait définitivement imposé sur les scènes françaises. En outre en 1992, grand prix Arlety de l’universalité de la langue française, pour son fameux conte « la dernière lettre de l’amiral ».

Elle a été à maintes reprises décorée par les autorités françaises. En 2000 elle a été décorée au grade de Chevalier de l’ordre national du mérite et l’année suivante dans celui des arts et des Lettres. Enfin en 2010, le Ministre de la Culture Frederic Mitterrand l’a faite chevalier de la Légion d’honneur.

Mimi Barthelemy est une ancienne étudiante de l’institut des Sciences Politiques à Paris (‘IEP) la célèbre école de la rue Saint Guillaune à Paris). Elle obtient en 1984 un doctorat d’Etudes Théâtrales et cinématographiques à l’Université de Paris VIII. (http://www.alterpresse.org

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