Haïti-Affaire Duvalier : Fin de l’audition des plaignants et ouverture des observations sommaires
Le président de la cour d’appel, le juge Jean Joseph Lebrun, a mis fin ce 9 mai à la phase d’audition des plaignants et a déclaré ouverte celle des observations préliminaires, dans le cadre des poursuites engagées contre l’ancien dictateur Jean Claude Duvalier, pour crimes contre l’Humanité et détournements de fonds publics, constate AlterPresse.
« Conformément aux dispositions de l’article 18 de la loi sur l’appel pénal, la cour déclare fermés les débats particuliers, et ouverte la phase des observations sommaires », a déclaré le juge après l’audition de trois derniers plaignants.
Après les témoignages poignants de Denise Prophète, la veuve Michelle Olga Romulus, laquelle a témoigné pour son mari qui avait été torturé dans les geôles du régime, c’était le tour de Jean Jacques Voltaire, cultivateur dans la commune de la Croix des Bouquets.
Denise Prophète, qui avait relaté dans la séance du jeudi 2 mai son terrible séjour de quatre ans et sept mois dans les prisons de Jean-Claude Duvalier, est revenue à la barre pour être interrogée par les avocats de la défense.
Elle a réclamé justice comme la veuve de l’ex-prisonnier politique Marc Romulus, décédé au mois de juillet 1995.
« J’ai porté plaintes en avril 2011 pour violation de droits humains grave envers Marc Romulus, mon mari qui a été le 19 mai 1974, arrêté, enlevé de façon arbitraire sans aucune accusation n’eut été porté contre lui, sans avoir droit à un avocat » a indiqué Michelle Olga Romulus.
« Pendant sa détention arbitraire, il a été torturé, il a vécu dans des conditions infrahumaines dans le triangle de la mort, c’est-à-dire entre la caserne Dessalines, le pénitencier national et surtout le Fort Dimanche, dans lesquels il a subi des humiliations au quotidien », a-t-elle poursuivi.
Elle a précisé que le prisonnier est resté cloitré « dans des endroits mesurant à peu près dix mètres carrés, contenant entre vingt à trente prisonniers suivant les époques, sans un véritable soin, en dehors de toute dignité humaine ».
Marc Romulus a passé 40 mois en prison, entre le 19 mai 1974 et le 21 septembre 1977. Après sa libération, il a été immédiatement conduit à l’aéroport international en compagnie de dix autres prisonniers, pour être déportés vers la Jamaïque.
En exil, Marc Romulus écrira un ouvrage-témoignage intitulé « Les cachots des Duvalier », publié au Canada et en Haïti en 1991.
Après les témoignages de la veuve de Romulus, le juge Lebrun a cité plusieurs autres plaignants, dont Paul Volcy, empêché pour cause de maladie et Adrienne Gilbert qui a motivé son absence.
Dernier plaignant, Jean-Jacques Voltaire, 68 ans. Il a rappelé qu’il a été arrêté dans la nuit du 5 décembre 1969 et emmené pieds nus aux casernes de la Croix des Bouquets (périphérie nord).
Ligoté sur une table, battu à maintes reprises, évanoui, Jean Jacques Voltaire reprendra connaissance dans les cachots de Fort Dimanche.
Durant son séjour dans cette prison macabre, raconte-t-il, pour ne pas mourir de faim, il devait ingurgiter du maïs versé a même le sol, alors qu’après ses besoins physiologiques il devait s’essuyer avec les mains.
Après 8 ans d’incarcération, il a été libéré le 21 septembre 1977. Deux frères, André et Saint-Louis Voltaire, en compagnie desquels il a été arrêté, sont mort quelques années après leur libération.
L’ouverture de la phase des observations sommaires démarrera le 16 mai prochain. (alterpresse.org)