Haïti-Littérature : Quand Jacques Adler Jean-Pierre voit des étoiles sous les robes
Amant de la culture, de l’art et de la littérature. Journaliste, poète et comédien, Jacques Adler Jean-Pierre vient de publier son second recueil de poèmes titré : « Zetwal anba Wòb », (étoile sous les robes). Il y dévoile, à travers des mots simples, descriptibles et imagés, sa façon propre à lui de discerner la résonnance du mystère que foisonne le sexe féminin chez l’homme sentimentalement sensible et aventuriste. Mais aussi il en profite pour exposer à nu les déboires liés aux tracasseries politiques où la vie de tout un peuple s’abime à force d’être grappillée.
Paru en avril 2013 sous l’empreinte de la maison d’édition : Conseils, communications, constructions (CCC) groupe S.A et sous les presses de l’Imprimerie Brutus, ce recueil de poèmes de 54 pages, est en effet l’une des nombreuses productions intellectuelles de qualité enfantées par Jean-Pierre où la thématique de l’amour semble être sa principale source d’inspiration.
À travers les lignes qui façonnent « Zetwal anba Wòb » comme étant une œuvre littéraire acceptable et digne de son nom, Jacques Adler Jean-Pierre accouche de façon la plus simpliste du monde, ce que dictent d’abord ses émotions, sa pensée et ses réflexions sans toutefois chuter dans les effets de style ni les amusements gratuits où l’écriture se casse au point de ne point engendrer le sens émotionnel du lecteur qui dénote et en apprécie.
Par le maniement, avec doigté et art, d’un créole riche en figures métaphoriques, l’auteur s’est converti en un véritable porteur de sens et de la quintessence dans la vie de tout lecteur accroché aux belles lettres.
« Zetwal anba wòb », est une œuvre littéraire qui ne sort pas de l’ordinaire. Mais la qualité poétique qui en découle se distingue par sa quête et sa description du réel transcendantal de l’existence et de la vie. Poésie, humour, images, musicalité tout y est dans ce produit issu d’un copieux exercice psychomoteur féérique.
« Lèw souri, tout sous pete nan kè m. Nou vyole vyolon lanmou. Lèw souri, se pa revèy yo k ap bay lè. Se pa tanbou yo k ap chante. Se pa latè k ap tranble. Se pye m k ap pèdi tè. Se planèt yo k ap kontre. Se van k ap pran nan vwèl mwen. Lèw souri, mwen se vwalye ou se van. Ou pote m bay agwe. »
En dépit de ses engagements journalistiques quotidiens, Jacques Adler Jean-Pierre s’est laissé dresser par sa passion de l’art, de la culture et des lettres. Aussi se laisse-t-il patauger dans l’opulence de la poésie qui résonne de façon authentique et vivante dans son for intérieur jusqu’à l’imposer aux autres.
À lire son œuvre, l’on ne peut s’empêcher d’imaginer Adler dans ses nuits d’insomnie, ses doigts agrippés à la plume, osant ce corps à corps avec les mots jusqu’à les muer en symbiose dialectique pour en boire le jus du fruit cueilli à portée de main en temps et lieu.
« Lè fanm toutouni, tout mo nan bouch mwen al kache nan silabè. Sa k ta di sa, anba wòb medam yo, vil yo se zetwal. Lè fanm toutouni, tout lari kè pòpòz. Ata pousyè kouri pran fre ke wòb k ap desann bòdmè. Pito tout fanm te lanmò. Yo ta pase pran m lè yo vle, pou y al kote yo vle, pou y al lamès, osinon bòdmè. Lamès ak bòdmè toujou gen bèl fanm. Lè fanm toutouni, mo kreyòl yo degoute dlo nan fraz yo. »
Dans son élan de plonger avec manière et dextérité dans sa langue maternelle tout en virevoltant autour de l’amour-humour, Adler continue ainsi : « Gen de jou m santi m ta prefase nwit la ak lodè kò tout fanm k ap gade lamou nan je. Se premye fwa m wè lanmou dòmi nan kabann vandredi sen m. Gen de lòt jou m santi m ta pale lang lanmou poko janm pale pou ou. Se premye fwa m wè dra m mouye ak samdidlobenit. Gen de lòt jou menm, m santi m ta damou nèt ale avè w. Kite mele m lanmou ak lanmò dòmi nan menm kabann. Ma damou damou m. Ma mouri mouri m jouk li jou. »
Jacques Adler Jean-Pierre écrit ses vers parce que l’idée de sortir des recueils de poèmes lui a toujours hantée et ça continue avec « Zetwal anba wòb ».
Il faut avouer en effet que ce dernier texte d’Adler est un acte de foi, un sacrifice intellectuel qui nous offre une œuvre réellement imaginaire, où l’auteur se drue dans l’immensité de la moelle littéraire. Quoique sa ballade intellectuelle soit un peu personnelle, elle n’est néanmoins pas solitaire.
Alix Laroche (hpnhaiti.com)