Week-end d’Haïti à Montréal : Comment mieux connaître Haïti et porter son drapeau bien haut ?

nterview avec Nancy Roc, PDG de Incas Productions, autour de l’initiative Week-end d’Haïti, du 17 au 19 mai 2013, à Montréal

Par Gotson Pierre

La première édition du Week-end d’Haiti à Montréal est prevue les 17, 18 et 19 mai prochains, à l’occasion de la fête du drapeau haïtien. Cet événement, mis sur pied par la firme Incas Productions est annoncé comme une initiative citoyenne qui souhaite développer et soutenir des projets faisant rayonner le potentiel artistique, touristique et culturel d’Haïti. La journaliste Nancy Roc, PDG de Incas Productions, explique à AlterPresse sa démarche et apporte des détails autour des activités prévues.

Q- En quoi consiste cette manifestation ?

R- Depuis 2 ans, Incas Productions Inc. a réalisé des sondages auprès de la troisième génération d’Haïtien(ne)s à Montréal et ces jeunes compatriotes disent tous la même chose : que l’on « ne fête pas le drapeau haïtien » ou qu’il n’y a « jamais rien autour du 18 mai ». Ce sont les expressions qui revenaient systématiquement. J’ai donc conçu ce projet pour répondre à cette attente mais également pour apporter une réponse pratique à une situation culturelle poussant certains jeunes haïtiens à oublier leurs origines et la culture de leurs parents. Certains pensent que faire des discours dans une communauté à l’occasion du 18 mai c’est célébrer notre bicolore. Je ne partage pas cette vision restrictive voire réductrice et, selon ce qu’ils ont partagé avec moi, les Québécois d’origine haïtienne, jeunes et moins jeunes, ne le voient pas non plus ainsi. Comment peut-on faire mieux connaître Haïti et porter son drapeau bien haut si l’on ne sort pas de certains quartiers qualifiés ici de « ghettos » ? Si l’on veut projeter une autre image d’Haïti on ne peut pas rester uniquement entre Haïtien(ne)s. Il faut constamment aller vers les Québécois et, à Montréal, c’est au centre-ville que cela se passe et non dans les banlieues.

Ensuite, beaucoup souhaitent célébrer leur drapeau sans qu’il ait de connotation politique mais bien une célébration de notre culture, de notre musique, de notre histoire, de notre gastronomie etc. C’est en partie ce que le Week-end d’Haïti va leur offrir ainsi qu’à tous les Québécois(es) dits « pure laine » qui aiment Haïti et veulent se rapprocher de nous, mieux nous connaître. Il existe une grande histoire d’amour et de fraternité entre le Québec et Haïti et nos pays sont les seuls pays francophones dans les Amériques. Depuis le séisme, les Québécois se sont encore davantage rapprochés d’Haïti mais ne la connaissent pas encore assez. Ils adorent notre musique, notre littérature et notre gastronomie mais connaissent surtout Haïti à travers les médias. Il faut donc continuer d’aller vers eux pour leur faire découvrir notre pays d’origine.

Il est aussi grand temps de célébrer Haïti et non d’en parler à travers les mêmes prismes médiatiques : la misère, la corruption, les catastrophes naturelles, la politique etc. Je souhaite projeter une autre image, plus positive de mon pays. Je l’ai fait à travers le Forum des Affaires Québec-Haïti pour œuvrer à la création d’emplois mais, malgré ce qu’affirmait le gouvernement, les conditions n’étaient pas réunies en Haïti. Aujourd’hui, à travers le Week-end d’Haïti, Incas Productions Inc. souhaite montrer nos coutumes, notre richesse culturelle et historique, notre potentiel touristique etc. Haïti est une île magique qui n’a pas jalousement gardé ses secrets : elle est plutôt comme une femme qu’on a constamment bafouée, dénigrée, méprisée voire violée. Mais elle est restée forte, fière, belle, mystérieuse, farouche certes mais aussi chaleureuse. C’est l’identité intrinsèque d’Haïti. C’est cette Haïti-là, qui continue de fasciner et d’envoûter, que je souhaite partager avec le Québec. Je l’ai fait à travers la présentation inédite du premier Ebook touristique d’Haïti www.incasproductions.com/ebo… Week-end d’Haïti va, je l’espère, me permettre d’aller plus loin, de projeter la richesse d’Haïti dans ses différentes disciplines, ses multiples atouts et resserrer davantage encore les liens entre notre communauté et la société d’accueil.

Q- Quels seront les moments forts de ce Week-end ?

R- Il y en aura plusieurs étalés sur trois jours. D’abord, l’inauguration le 17 mai, avec une présentation spéciale de M. Jerry Tardieu, PDG de l’Hôtel Royal Oasis qui vient aussi offrir des forfaits spécialement destinés à la communauté haïtienne de Montréal et aux Québécois. Lors de ce lancement officiel, Incas productions Inc. va aussi présenter en première mondiale, le Ebook touristique d’Haïti dans sa version finale : la première partie, que le public connaît déjà, mais également une deuxième partie incluant le Grand Sud et le Nord d’Haïti. La journaliste touristique québécoise de renom, Hélène Clément, viendra aussi partager son témoignage sur sa dernière visite en Haïti il y a deux semaines. Nous aurons aussi le grand plaisir de servir des entrées typiquement haïtiennes grâce au partenariat qu’Incas Productions Inc. a conclu avec les Chefs Hans Chavannes et Kenny Pelissier de Casserole Kreolewww.casserolekreole.com qui devient donc le traiteur officiel du Week-end d’Haïti. Je tiens particulièrement à les remercier. Casserole Kréole présentera certaines de ses créations gastronomiques culinaires aux saveurs haïtiennes et exotiques. Ce sera donc une soirée élégante et chaleureuse qui se tiendra au Blueprint Lounge, un des lieux de rencontres les plus branchés de la scène urbaine montréalaise et qui est situé au cœur du quartier des spectacles de Montréal. Là encore, je dois remercier son propriétaire, M. Johnny LeRouge, qui nous a gracieusement offert son local pour l’occasion et Thamara Fort qui s’occupe de la coordination de l’événement de concert avec Incas Productions Inc. Enfin, et pas des moindres, le sitewww.nancyroc.com va être officiellement annoncé ce soir-là en présence des représentants d’Air transat qui patronne le concours international du lancement de ce site. Je ne vous en dirai pas plus car il faudra suivre nos annonces sur les réseaux sociaux…mais je peux déjà vous dire qu’il y aura des primes vraiment alléchantes à gagner et que le public aura de quoi se réjouir !

Le 18 mai, nous allons fêter le bicolore haïtien au Cabaret du Mile End sur les rythmes chauds de Wesli et Tifane. Wesli est Montréalais, né en Haïti, chanteur, guitariste, compositeur, réalisateur, leader d’orchestre et de surcroît une bête de scène ! Il a déjà reçu plusieurs prix notamment celui de la Révélation de la Société Radio-Canada en 2008 et le premier prix au festival Babel Music en 2009. Le grand critique musical du journal Le Devoir, Alain Brunet, le considère comme étant, je cite, « la plus redoutable créature world qu’offre actuellement Montréal au reste de la planète ». Alors, vous voyez, cela promet ! Et puis Tifane va donner le meilleur d’elle-même en interprétant les chansons de son deuxième album « Souke Sa ». Elle est très attendue à Montréal et sera accompagnée par l’orchestre de Toto Laraque et tous les musiciens ne cachent pas leur enthousiasme. Cela promet d’être un concert flamboyant !

Le 19 mai sera consacré à la réflexion avec la projection, en grande première en Amérique du Nord, du film d’Arnold Antonin, « L’homme par qui le cours de l’histoire aurait pu changer », dédié à Maître Gérard Gourgues. Le film sera suivi par une conférence-débat modérée par Rodney St Éloi, fondateur de la maison d’édition Mémoire d’encrier qui fête ses 10 ans cette année. Le professeur Michel Soukar et la sociologue Danièle Magloire arriveront d’Haïti comme invités d’Incas Productions Inc. pour commenter le film et répondre aux questions du public présent à la Grande Bibliothèque de Montréal.

Q- Comment cet évènement peut-il refléter un engagement citoyen ?

Le sens de l’engagement citoyen est très poussé au Québec. Il y a trois définitions de l’engagement citoyen : l’engagement est un don de soi-même, de matériel ou de temps envers quelqu’un ou une communauté de personnes. C’est une reconnaissance, une affirmation de valeurs auxquelles on croit. Et, enfin, c’est participer de façon volontaire et active à la vie collective. Je viens de vous citer des exemples de cet engagement à travers les partenariats du Blueprint et de Casserole Kréole. Ce même engagement, je le retrouve parmi la panoplie de partenaires qui participe à cet événement : la Maison d’Haïti, Amecodesign qui a conçu nos affiches presque gratuitement, Kanpe, Mémoire d’encrier, l’Agence Parapluie, la Jeune Chambre de Commerce Haïtienne, le Chantier d’Afrique du Canada qui va mobiliser la communauté d’affaires africaine de Montréal etc. Sans oublier le soutien incontournable de nos partenaires médias qui nous ont gracieusement offert l’espace publicitaire sur leurs sites : Mediamosaique, Radio-Télévision Caraïbes et Alterpresse envers lesquels nous sommes très reconnaissants. Finalement, le Week-end d’Haïti se résume à trois mots : ENSEMBLE POUR AGIR ! Et c’est magnifique de le faire pour notre drapeau, pour notre pays. Enfin, et pas des moindres, Incas Productions Inc. n’a sollicité d’aide ni du gouvernement haïtien ni de celui du Québec. Tous nos sponsors sont des entreprises ou organismes privés ou des fondations. Et, svp, permettez-moi de les citer car sans eux, cet événement n’aurait pas pu voir le jour. Ce n’est pas de la publicité mais bien une sincère reconnaissance qui leur est due : l’Hôtel Royal Oasis et E-Power qui sont les commanditaires officiels du Week-end d’Haïti ; Air Transat, Barbancourt, Sunrise Airways, le Fonds Haïtien d’Aide à la Femme (FHAF) et la Fondation FOKAL qui sont les supporteurs de l’événement. Je leur adresse encore mes plus vifs remerciements !

Q- Comment cette initiative est-elle accueillie jusqu’à présent à Montréal ?

Je ne sais pas encore comment elle sera accueillie puisqu’elle n’a pas encore eu lieu. Toutefois, tant les Haïtiens d’origine québécoise que les Québécois de pure souche m’ont confiée leur enthousiasme et cela me fait chaud au cœur. Le quotidien montréalais Le Devoir a été aussi exceptionnel car la présentation du Week-end d’Haïti fera l’objet de la une Week-end du Devoir du 17 mai », et j’ai « capoté » comme on dit au Québec lorsque Hélène Clément m’a confirmée la nouvelle ! Cela donnera une visibilité extraordinaire que nous ne pouvions nous permettre d’avoir à travers un achat publicitaire. Nos chaleureux remerciements à la Mme Diane Précourt et à Hélène Clément. Nos remerciements s’étendent aussi à Ralph Boncy qui va écrire un encadré sur le concert dans Voir Montréal qui est l’hebdo culturel le plus lu ici. Merci, merci, merci !

Par contre, Incas Productions Inc. n’a reçu aucun soutien de la part du Consulat d’Haïti à Montréal ce qui nous surprend vu que, lorsque M. Jean Casimir était Consul Général, nous avons étroitement collaboré ensemble pendant plus de trois ans. Même nos posters n’ont pas été affichés comme pour chacun de nos évènements ! Cela frise l’antipatriotisme car la fête du drapeau haïtien n’appartient ni au Consulat, ni au gouvernement mais bien à tous les Haïtien(nes). Dieu merci, l’Ambassadeur d’Haïti au Canada, S.E.M Frantz Liautaud nous a apporté tout de suite son support et il sera aussi présent lors de l’inauguration. Qu’il soit chaleureusement remercié pour son esprit de collaboration et son élégance.

Q- Quelle est l’attente en terme de participation du public ?

R- Le Blueprint peut accueillir jusqu’à 300 personnes, le Cabaret du Mile En, 425 et l’Auditorium de la Grande Bibliothèque de Montréal, 400. Soit, près 1125 personnes. Si nous réussissons à avoir entre 700 à 800 personnes, Incas Productions Inc. et ses partenaires seront très heureux…mais nous espérons faire salles combles !

Q- Le public haïtien en Haïti, aura-t-il accès aux manifestations du Week-end d’Haïti ?

R- Bien entendu ! D’abord à travers nos partenaires média en ligne, comme Alterpresse, mais aussi grâce à Radio-Télévision Caraïbes qui va retransmettre la vidéo de l’événement sur sa télévision et j’en suis particulièrement heureuse. Mille mercis à Patrick Moussignac et Gerin Alexandre avec qui j’ai étroitement collaboré pendant la préparation du Week-end d’Haïti. Enfin, le public de l’émission Métropolis sera, bien sûr, en première ligne pour les comptes rendus de cette grande fête et la vidéo sera aussi disponible sur les sites suivants :www.incasproductions.com et www.nancyroc.com. (http://www.alterpresse.org)

Une pensée sur “Week-end d’Haïti à Montréal : Comment mieux connaître Haïti et porter son drapeau bien haut ?

  • 4 mai 2013 à 7:27
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    Une telle activité est d’une double signification. D’abord, culturelle car il s’agit de garder en mémoire la culture haïtienne et d’assurer la transmission de notre patrimoine culturel auprès des générations futures, semble-t-il, commence par perdre leur attache. C’est donc un devoir de mémoire. Ensuite, patriotique car il est question d’une partie de la population vivant en terre en terre étrangère mais préservant ce qui lui reste comme valeur identitaire. Il était temps !

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