Haïti-Rép Dominicaine/Migration : Exaspération à Belladère sur l’absence de structure institutionnelle d’accueil
face aux rapatriements incessants sur la frontière.
S’interrogeant sur le rôle du bureau de la migration (la branche de l’office national de la migration / Onm) à Belladère, les habitantes et habitants de cette commune frontalière (avec Commendador / Elias Pina en République Dominicaine) critiquent le comportement des autoritéshaïtiennes, qui ne disposent pas véritablement de structure d’accueil pertinente pour les personnes sans cesse rapatriées du territoire voisin d’Haïti.
Un groupe de 80 rapatriés est arrivé, le vendredi 19 avril 2013, sur la frontière de Belladère.
Le fait n’est pas nouveau, mais exaspère tout de même.
« Ces personnes ne sont pas belladeroises. Elles sont originaires de différents zones du pays. Si elles ne trouvent pas une assistance auprès des autorités concernées pour regagner leurs localités, que fera la population de Belladère » ?, s’inquiète Serge Lacroix, un habitant de la commune, anticipant des problèmes de banditisme liés à la vulnérabilité de ces personnes rapatriées.
La nuit (du vendredi 19 avril 2013), les 80 rapatriés, tous des hommes, ont été vus entassés devant le bâtiment du commissariat de police de Belladère.
Pourtant, l’Onm dispose d’un bureau de migration au complexe administratif à la frontière de Belladère.
« Nous ne pouvons rien faire. Car, nous n’avons pas d’argent, ni nourriture, ni vêtements. Franchement, quand ces personnes arrivent sur la frontière, nous n’avons pas le courage de nous présenter comme représentant du service de la migration », explique sans ambages un membre de ce bureau national de migration.
Plusieurs rapatriés questionnent l’absence de structure institutionnelle d’accueil véritable sur la frontière, qui aurait pu les prendre en charge à leur arrivée.
D’une façon générale, leurs témoignages rapportent des cas de violation des droits et d’abus de toutes sortes.
« On m’a arrêté, en pleine rue, sans me donner l’opportunité de récupérer ce que j’ai acquis pendant des années de travail sur le territoire dominicain », déplore le rapatrié Gustave Sylvain.
Outre ces abus signalés par ces victimes, les rapatriements violent les prescrits du protocole d’entente entre le gouvernement haïtien et le gouvernement dominicain conclu en décembre 1999.
« Non seulement les autorités haïtiennes ne sont pas alertées pour accueillir ces personnes rapatriées, mais aussi les opérations de reconduction s’effectuent très souvent la nuit, sans oublier la séparation des familles », réagit un représentant de l’institut du bien-être social et de recherches (Ibesr), Jean Phèdre Delva, face à l’irrespect du protocole.
A plusieurs reprises, la faible présence de l’État haïtien à la frontière a été pointée comme l’une des causes des problèmes migratoires.
Côté dominicain, la tendance est de faire fi des ententes bilatérales sur la question et d’arrêter, à l’aveuglette, des individus pour les rapatrier.
Pendant que la situation exaspère la population de la zone ainsi que les organisations de droits humains, les autorités des deux pays ne semblent pas s’en soucier. (alterpresse.org)