Haïti-Reconstruction : « Le redressement durable du pays n’est pas véritablement engagé », selon la Cour des comptes en France
Trois ans après le séisme du 12 janvier 2010, il n’existe visiblement « aucun programme significatif de construction de logements et d’élimination des bidonvilles » dans le pays, indique un rapport de la Cour des comptes de France, publié en janvier 2013 et dont a pris connaissance l’agence en ligne AlterPresse.
« Les stigmates du séisme sont encore visibles : qu’il s’agisse des débris, des logements « rouges » et du nombre d’Haïtiens vivant dans des abris de fortune ou provisoires (tentes ou baraques) », constate le rapport titré « l’aide française à Haïti après le séisme du 12 janvier 2010 ».
Néanmoins, la cour des comptes de France souligne une amélioration progressive de la situation à Port-au-Prince et une certaine normalité, du moins un retour à la situation avant le séisme qui a occasionné 300 mille mortset autant de blessés.
En trois ans, les camps – qui accueillaient 1,5 million de réfugiés en juillet 2010 – se sont vidés peu à peu, observe la cour des comptes de France.
Actuellement, 347,284 personnes déplacées vivent toujours dans les camps soit 87,750 ménages répartis sur 450 sites, selon les dernières statistiques officielles.
Les aides publiques ont été mises en œuvre, malgré la faiblesse des structures publiqueshaïtiennes, reconnait la cour des comptes de France.
Elle préconise une réflexion pour mieux adapter l’aide d’urgence au milieu urbain, terrain prévisible des catastrophes à venir.
L’absence de mise en place d’un programme, suffisant pour anticiper les risques naturels, expose Haïti à des risques permanents de catastrophes, avertit-elle.
« Le choix de dispenser une grande partie de l’aide budgétaire à Haïti, par le canal multilatéral du fonds de reconstruction d’Haïti, se révèle, à l’usage, peu efficace, compte tenu des contraintes spécifiques liées à l’aide aux États fragiles », déplore aussi l’institution française.
La détermination des bailleurs, comme des autorités haïtiennes, n’a pas suffi à la refondation institutionnelle, regrette-t-elle.
Elle avance comme causes les multiples obstacles, rencontrés par les bailleurs, comme la faiblesse de la maîtrise d’ouvrage local et les difficultés de communication et de coordination à l’intérieur même des administrations haïtiennes.
La persistance de la corruption en Haïti a miné la confiance des donateurs qui sont incités à durcir encore des conditionnalités, ce qui rend l’aide de plus en plus difficile à verser, dénonce-t-elle.
La succession de crises politiques, ayant laissé le pays sans gouvernement pendant des mois, a eu également de lourds impacts sur la reconstruction, reconnait-elle.
Cependant, les difficultés existantes, pour mettre en œuvre l’aide à la reconstruction, sont, pour l’essentiel, à mettre sur le compte des circonstances locales, se déresponsabilise la cour des comptes de France.
A son avis, des résultats positifs ont été enregistrés dans le domaine de la satisfaction des besoins de base (alimentation, réouverture des écoles, lutte contre l’épidémie de choléra).
Toutefois, la marge de progression reste considérable dans le domaine de l’éducation et de la santé. (alterpresse.org)
Télécharger le document en format pdf ici: L’aide française à Haïti après le séisme du 12 janvier 2010