Haïti-Économie et droits humains : Opération musclée contre de petits commerçants dans la capitale

Accompagnés d’une unité de la police nationale d’Haïti (Pnh), plusieurs agents de la mairie de Port-au-Prince ont procédé à la saisie de nombreuses marchandises, à la mi-journée de ce mercredi 10 avril 2013, aux environs de Bourdon, quartier à l’est de la capitale, a observé l’agence en ligne AlterPresse.

Au moins 1 personne a été arrêtée dans le cadre de cette opération musclée, déroulée non loin du bureau du groupe d’appui aux rapatriés et réfugiés (Garr).

Le jeune homme interpellé, dont l’identité n’est pas révélée, aurait frappé un agent de la municipalité qui l’aurait agressé auparavant, selon des témoignages recueillis sur place.

Un membre de la section communication du Garr, qui prenait des photos de la scène, a été bousculé, puis brièvement interpellé pendant quelques minutes, avant d’être relâché sur intervention de responsables de l’organisme de promotion de droits des migrantes et migrants.

Craignant la diffusion de ces images de « répression de petites commerçantes », certains agents municipaux se sont montrés outrés de la prise des photos.

Abondant dans le même sens, quelques policiers nationaux ont argué du « droit d’interdire la prise de photos » d’une opération policière en cours, sans le port d’un badge journalistique.

L’opération a eu lieu dans un espace public, que n’importe quel citoyen est en droit de filmer (ou de prendre des photos), rappelle le Garr à l’endroit des policiers et des agents de la mairie de Port-au-Prince.

« La police nationale doit exercer sa mission de sécurité sans léser les droits des citoyennes et citoyens, ni venir imposer ses propres règles », insiste le Garr.

Devant les protestations de différents membres de l’équipe du Garr, un des policiers nationaux, un tantinet énervé et agressif, a tiré en l’air pour disperser les passants.

La détonation a provoqué l’émoi chez les écolières et écoliers en bas âge d’un établissement tout proche et dans l’environnement immédiat de l’opération de déguerpissement de petites commerçantes et de petits commerçants.

Durant un moment, la circulation a été paralysée sur la rue Christ Roi (quartier de Bourdon) dans le cadre de l’opération musclée, menée par des agents municipaux escortés d’agents du commissariat de la capitale.

Finalement, la tension a progressivement diminué après des échanges entre des policiers nationaux, apparemment plus calmes, et des responsables du Garr.

« Nous comprenons votre position. Cependant, il y a des risques d’infiltration de bandits dans le cadre de ce type d’opération. Aussi, devons-nous nous montrer vigilants », affirme l’un des policiers nationaux.

« Cela fait environ 4 mois que nous demandons aux petites commerçantes d’évacuer les rues », a avancé l’un des agents municipaux qui faisait office de chef de l’opération de déguerpissement de petites commerçantes des rues de la capitale.

Quoi qu’il en soit, la disponibilité de marchés publics demeure un défi pour les municipalités qui ne sauraient, d’un revers de main et sous prétexte d’actions d’assainissement, investir les rues et s’emparer de force des étalages de marchandises sans l’adoption de dispositions de prévention appropriées.

Se pose également, en Haïti, la problématique de source de revenus pour une force économiquement active, en quête d’emplois rémunérateurs pour subvenir aux besoins de diverses familles, dans un contexte marqué par une absence véritable de planification institutionnelle quant aux actions visant à freiner l’inflation et à faire face au sous-emploi et au chômage. (alterpresse.org)

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