Haïti – Politique : Un Ministère de la Ville et de l’Habitat ?
Dans le rapport d’une recherche sur le logement en Haïti, publié ce mercredi 10 avril, l’organisation internationale Oxfam exhorte le gouvernement haïtien à mettre en place un « Ministère de la Ville et de l’Habitat » en vue d’adresser la problématique complexe du logement en Haïti. Oxfam appelle le gouvernement haïtien, le secteur privé ainsi que les secteurs financiers et les bailleurs de fonds à s’investir pour la mise en œuvre de la politique nationale de logement.
Oxfam plaide pour une redynamisation des organes publics intervenant dans ce secteur dont la DGI, le CIAT, le MTPTC, l’UCLBP, l’EPPLS, entre autres, ce qui constituera un embryon pour la mise en place du Ministère de la Ville et de l’Habitat. Ce ministère serait l’interlocuteur gouvernemental pour l’acquisition des terres, l’identification des domaines stratégiques de développement urbain, la planification globale, la construction de logements, leurs attributions et leur gestion.
« Haïti doit faire beaucoup pour revitaliser son économie, aménager les villes, engager une vraie Politique Nationale de l’habitat, offrir des logements neufs ou rénovés en qualité et en quantité suffisantes, faciliter leur financement pour alléger les dépenses pour les ménages », a déclaré Yolette Étienne, directrice associée d’Oxfam.
Cette recherche conduite par Oxfam en partenariat avec la « Affordable Housing Institute » et l’architecte urbaniste Paul-Emile Simon, a été aussi l’occasion d’identifier des blocages qui s’imposent au secteur du logement haïtien tant au niveau de l’offre que de la demande. Citons entre autres la quasi-impossibilité à obtenir des terrains à bâtir du résidentiel, le manque de financement pour les entreprises de construction du secteur privé, l’aide financière très réduite à la disposition des ménages à faible revenu et une faiblesse institutionnelle gouvernementale chronique.
« Il faut créer un environnement favorable pour encourager le secteur privé à prendre des risques commerciaux alors que le gouvernement doit absorber les risques non commerciaux », a ajouté Mme Étienne pour souligner l’importance du partenariat public-privé. « Le secteur privé doit fournir des produits et services de qualité à des prix compétitifs sur le marché, moyennant des subventions du Gouvernement visant à rendre ces produits et services abordables aux haïtiens aux revenus les plus faibles. »
Pour aborder la problématique chronique de l’accès à la terre dans le pays, Oxfam suggère la création d’une Agence Foncière, avec deux Directions dont une dédiée au développement foncier pour regrouper toutes les actions foncières en une seule entité, y compris celle liée à l’expropriation équitable et l’autre à la régularisation foncière pour résoudre le problème des terres illégalement occupées.
Oxfam a formulé des recommandations aux différents acteurs susceptibles d’interagir dans le secteur du logement. En effet, le gouvernement haïtien doit rendre publiques et applicables les procédures d’acquisition foncière, de permis de lotir et de permis de construire. Les propriétaires fonciers doivent explorer les possibilités de projets conjoints tout en développant des formes juridiques pour les baux fonciers prolongés. Le secteur privé est appelé à élaborer des modèles de partenariat public-privé innovants, tout en développant des modèles d’affaires avec d’autres acteurs. (haitilibre.com)