Haïti – Économie : Optimisme prudent et réservé du FMI sur les perspectives économiques

Dans le cadre des efforts que déploie le FMI pour promouvoir la transparence de ses prises de position et de son analyse de l’évolution et des politiques économiques, à l’issue de l’examen par le Conseil d’Administration au titre de l’article IV sur la surveillance de l’évolution économique à l’échelle régionale le Fonds Monétaire International (FMI) a diffusé une note d’information, avec le consentement d’Haïti, sur la situation et les perspectives de l’économie haïtienne.

Informations générales :
« Depuis le séisme de janvier 2010, des progrès considérables ont été accomplis en vue de préserver la stabilité macroéconomique. L’inflation demeure inférieure à 10 %, même si elle est montée à 7,6 % en décembre, sous l’effet surtout de la hausse des prix internationaux des produits alimentaires et de la diminution des stocks de denrées alimentaires dans le pays à la suite du passage d’Isaac et de Sandy. La position extérieure s’est renforcée, les réserves internationales brutes ayant atteint 2,2 milliards de dollars (6 mois d’importations) fin décembre 2012. En matière d’endettement, la situation d’Haïti s’est nettement améliorée grâce à l’allégement de dette additionnel consenti par les principaux partenaires (dont le FMI) après le tremblement de terre de janvier 2010.

Cependant, le rythme de la reconstruction et du redressement économique a été ralenti par le manque de moyens administratifs et la faible capacité d’absorption du pays, la persistance de tensions sociopolitiques, l’insécurité et un climat peu propice aux affaires. En outre, le pays reste hautement vulnérable aux chocs extérieurs. Après s’être contractée de 5,4 % pendant l’exercice 2010 à la suite du séisme, l’activité économique a progressé de 5,6 % en termes réels pendant l’exercice 2011. Cela dit, la croissance du PIB réel a nettement ralenti durant l’exercice 2012, descendant à 2,8 %, à cause d’une période de sécheresse au printemps et des conséquences climatiques dans la mise en œuvre des principaux projets d’investissement public.

Le redressement économique devrait s’affermir pendant l’exercice 2013 et les perspectives à moyen terme sont prometteuses, même si elles restent exposées à d’importants aléas négatifs. La croissance devrait s’accélérer et atteindre 6,5 % en 2013, dans l’hypothèse d’une reprise des activités de reconstruction et d’un rebond de l’agriculture. L’inflation devrait rester stable, autour de 5 %. À moyen terme, l’arrivée à maturité des projets agricoles et industriels en cours et la persistance des efforts déployés pour améliorer le climat des affaires aideront à soutenir la croissance et à renforcer la position extérieure. Cependant, une dégradation de la conjoncture économique mondiale, le manque persistant de moyens, la recrudescence des tensions politiques et sociales dans le pays, qui sont alimentées par la pauvreté généralisée et la stagnation des niveaux de vie, et les aléas naturelles majeurs, sont autant de facteurs qui pourraient freiner la reprise fragile et peser sur les perspectives de croissance d’Haïti.

Évaluation par le Conseil d’administration :
Les administrateurs félicitent les autorités haïtiennes de leur détermination inchangée, de poursuivre des politiques prudentes en dépit d’un environnement intérieur difficile et de chocs exogènes. L’inflation est restée en dessous de 10 %, la position extérieure s’est renforcée et la situation du pays sur le plan de l’endettement s’est améliorée. Cependant, Haïti demeure extrêmement vulnérable aux aléas naturelles ; la reconstruction et le redressement économique depuis le tremblement de terre de 2010 ont été lents ; enfin, le pays se heurte à des défis important en matière de croissance et de développement. Les administrateurs encouragent les autorités à profiter pleinement des aides extérieures pour améliorer les moyens administratifs et la capacité d’absorption du pays, accélérer la reconstruction et entretenir la reprise tout en préservant la stabilité macroéconomique.

Les administrateurs soulignent que la marge budgétaire nécessaire pour effectuer des dépenses de lutte contre la pauvreté et de stimulation de la croissance, doit être dégagée par une augmentation des recettes et la limitation des dépenses courantes. Ils préconisent des réformes additionnelles pour consolider l’administration fiscale, réduire les dépenses fiscales et élargir la base d’imposition, notamment par l’adoption d’un système de TVA. Des mesures s’imposent aussi pour renforcer encore les dispositifs de protection sociale et accroître l’investissement dans la santé et l’éducation. Les administrateurs saluent les progrès accomplis récemment dans le sens d’une amélioration de la gestion des finances publiques, en particulier la mise en place d’un compte unique du Trésor. Ils insistent sur l’importance de poursuivre les efforts engagés pour renforcer l’élaboration du budget, son exécution, sa transparence et la communication des informations y afférentes, et améliorer les contrôles.

Les administrateurs notent, qu’il est indispensable d’améliorer le taux d’exécution des investissements publics pour bâtir les infrastructures nécessaires qui permettront de libérer le potentiel de croissance du pays. Ils invitent instamment les autorités à travailler en étroite collaboration avec les bailleurs de fonds pour améliorer la préparation et la gestion des projets, tout en veillant à la qualité globale des investissements publics. De nombreux administrateurs insistent aussi sur l’importance de mieux coordonner et harmoniser les procédures entre bailleurs de fonds, et d’aligner plus étroitement l’assistance extérieure sur les priorités intérieures d’Haïti.

Un petit nombre d’administrateurs considèrent que la concurrence émanant des ONG pour le recrutement de spécialistes expérimentés pourrait avoir un effet négatif sur les capacités du secteur public.

Les administrateurs approuvent l’orientation neutre actuelle de la politique monétaire, mais ils encouragent les autorités à contenir l’inflation. De nouveaux progrès concernant la gestion de la liquidité, l’approfondissement du marché financier, les opérations fondées sur le marché et la réduction de la dollarisation aideront à renforcer les mécanismes de transmission monétaire. Les administrateurs soulignent aussi qu’une plus grande flexibilité du taux de change, ainsi qu’un approfondissement du marché des changes, aideraient à absorber les chocs extérieurs et à rendre la politique monétaire plus efficace. À cet égard, ils saluent la détermination des autorités de passer progressivement à l’adjudication de devises à prix uniforme, après avoir approfondi le marché interbancaire des devises.

Les administrateurs insistent sur l’importance des réformes structurelles pour rehausser la compétitivité, améliorer le climat des affaires et encourager une croissance plus forte profitant à tous. Les efforts devraient être axés sur la simplification des réglementations, la suppression des goulets d’étranglement dans les infrastructures, la mise en valeur du capital humain et l’approfondissement de l’intermédiation financière. Les administrateurs se félicitent de la réforme prévue du secteur de l’énergie. Ils en attendent avec intérêt la mise en œuvre décisive qui devrait faire baisser le coût de l’électricité, améliorer la fiabilité et l’efficacité de l’approvisionnement en énergie, et réduire la charge de l’énergie pour le budget.

Les administrateurs notent que le secteur bancaire d’Haïti demeure relativement sain et rentable. La forte croissance récente du crédit est saine, mais elle devra être surveillée de près dans la période à venir. Les administrateurs se disent encouragés par les progrès réalisés dans la mise en œuvre des recommandations du Programme d’evaluation du secteur financier de 2008 ainsi que dans la réglementation de la micro-finance et du secteur coopératif et insistent sur la nécessité de poursuivre l’amélioration du cadre de réglementation et de supervision. » (haitilibre.com)

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