Haïti-Le Parc Industriel de Caracol : Précisions apportées par la Wellcom

Par l’agence de relations publiques Wellcom, en charge des relations de la Sonapi avec la presse, agissant en porte-parole de la Sonapi et avec son plein accord et son engagement.

Document soumis le 29 mars en réponse à l’enquête de Ayiti Kale Je publiée par AlterPresse sous le titre « Haïti-Le Parc Industriel de Caracol : A qui profitera le pari ? »

Dans un article daté du 11 mars 2013, publié sur le site d’AlterPresse et titré « Le Parc Industriel de Caracol : à qui profitera le pari », signé par l’organisation Ayiti Kale je, de nombreuses allégations sont ambiguës, voire erronées ou tronquées et l’amalgame ou la parole donnée à travers des citations non vérifiées donne lieu à une interprétation très tendancieuse. Aussi, nous souhaitons exercer notre droit de réponse au nom de la Société Nationale des Parcs Industriels (Sonapi) auprès des organes de presse ayant publié l’article rédigé par cette organisation.

L’ « enquête » menée par Ayiti Kale Je semble avoir nettement manqué d’approfondissement auprès des institutions mêmes qui en sont l’objet. Jamais cette organisation n’a sollicité la Sonapi ou son agence de relations presse pour un entretien ou une visite du parc. Pourtant, au-delà de l’inauguration, qui faisait la « une » des journaux, il y a beaucoup de choses à observer, à comprendre et à rapporter sur ce Parc en construction. Nous essayerons donc d’être plus articulés et précis dans ce Droit de réponse que ne l’est l’article.

Apprenez donc en premier lieu que la Société Nationale des Parcs Industriels SONAPI est l’organe public autonome en charge des parcs industriels nationaux. Elle les développe et les gère, et c’est donc à cette institution que vous auriez pu poser des questions. La direction se trouve au Parc Industriel Métropolitain à Port-au-Prince.

L’article utilise des simplifications qui pourraient nuire à la bonne compréhension. Par exemple, le nombre d’emplois promis par les autorités à l’horizon des 5 ans ne peut être atteint en une année. C’est vrai. C’est tout simplement mathématique. Commençons par les emplois actuels : dans votre article, c’est tantôt le PIC qui emploie 1388 tantôt SAE-A qui emploi 1388 personnes. Cela fait une différence si l’on souhaite être précis. Et pour être précis et juste, il faudrait ajouter aux 1388 employés de SAE-A, les employés du Parc et les 300 personnes qui travaillent en moyenne à sa construction depuis leur démarrage, dont 90 % sont issues de la région.

Voici quelques informations basées sur les mathématiques que nous souhaitons partager avec vous pour vous aider à mieux approfondir votre enquête :

• Chaque usine de SAE-A prévoie environ une force de travail de 1500 personnes. 12 usines sont prévues au terme des 5 ans de construction

• Il faut compter également une teinturerie, un atelier de tissage, deux ateliers de broderie, deux ateliers pour imprimerie, quatre lavanderies. Le total des emplois projetés par Sae-A au terme de 5 années est de 20,100.

• L’espace prévu initialement pour être occupé par cette compagnie est de 50 hectares. La taille du parc est de 250 hectares. Tenant compte des espaces de circulation et des aires réservées aux autres infrastructures et aux espaces verts, la superficie permet d’accueillir des usines qui emploieraient au total 65,000 personnes. Le nombre de 65,000 correspond donc à une projection d’emplois directs dans le PIC, à pleine capacité.

• Les emplois indirects ou induits n’en font pas partie mais s’y s’additionnent : nourriture, agriculture, transport, logement, construction etc.

Pour rester dans les mathématiques, « l’échantillonnage des ouvriers » proposé avec beaucoup d’aplomb par l’organisation Ayiti Kale Je, et qui s’avère être de 15 personnes sur 1338, soit 1,15 %, nous paraît définitivement trop léger pour avoir du sens et être représentatif. De là à en tirer que « 80 % disent qu’ils ont réalisé que le salaire ne vaut pas la peine »… cela représente moins de 1 % des 1388 ouvriers !

Ayiti Kale Je donne ainsi la parole aux agriculteurs, aux ouvriers, au maire adjoint de Caracol, à quelques ouvriers, mais ne la donne ni au Maire, ni au représentant syndical de l’entreprise SAE-A, ni aux responsables de cette entreprise, ni à ceux de la Sonapi. Pourtant, sachez que si quelqu’un rapportait à la Sonapi que dans une usine locataire du Parc « on lui hurle dessus » et qu’on le « frappe avec des vêtements », nous mènerions l’enquête immédiatement auprès des ouvriers, en commençant par le syndicat représenté (SOGSA) – dont 800 ouvriers de cette usine sont membres– et obtiendrions, si telle était la vérité, des témoignages qui corroboreraient ce que votre infime échantillonnage proclame et que vous rapportez… sans même le questionner.

Idem pour cet habitant de Caracol, famille de déplacés dont vous rapportez les propos « nous n’avons reçu aucune offre d’emploi ». Si vos journalistes sont allés dans le village de Caracol, alors ils n’auront pas manqué de constater qu’un kiosque est érigé à la Mairie depuis plus d’un an qui présente les offres d’emplois. Et que cinq autres sont installés dans les communes Cap-Haïtien, Limonade, Trou du Nord, Caracol, Terrier-Rouge et Fort Liberté. Cela manque à votre vaste enquête.

Votre article fait également la part à des affirmations vérifiables et correctes…mais mélangées à des contre-vérité. Citons « Le bon coté (du Parc) c’est qu’il y avait plein de gens qui ne faisaient rien, qui baillaient aux corneilles…Mais le travail au Parc ce n’est pas tout à fait ca, sachant que 200 gourdes ne peuvent rien pour quelqu’un ». Mais un journaliste professionnel ne doit il pas se demander de quoi vit quelqu’un qui ne touche même pas ces 200 gourdes ? Ne fait il pas le simple calcul de l’apport que représentent quotidiennement les 200 HTG x 1338 ouvriers – 267,600 HTG ? Juge t’il que les 267,600 HTG ne « font rien » pour l’économie locale ? Et quand bien même le jugerait-il, ne devrait-il pas dans un souci d’objectivité offrir au lecteur ce chiffre-la. Car il n’est nul besoin d’être économiste, pour comprendre que cette injection quotidienne change la donne. Il suffirait de pousser jusqu’à Ouanaminthe vos « investigations » pour observer que l’activité commerciale par exemple, est plus intense dans une ville ou un village qui bénéficie de milliers d’emplois, comme c’est le cas dans cette ville où se situe le parc de Codevi qui emploie plus de 6000 personnes.

Mais, pas plus que le kiosque de la Mairie, vos journalistes n’ont vu de quoi vivait, ou plutôt survivait Caracol jusque là. Ni la mangrove qui part en charbon de bois, ni la fumée qui se dessine sur chaque colline ou les sacs de charbon sur le bord des routes. Vous auriez pu calculer le nombre d’arbres que sauve chaque emploi dans cette région.

Les mathématiques, ils ont été réservés aux décomptes de la production agricole. L’UTE a fait ces calculs avant vous et vous les a communiqué en janvier 2013. Ils sont basés sur la marge nette moyenne pondérée calculée par hectare du site occupé aujourd’hui par le PIC qui est de 1450 $ US environ –Information tirée de l’étude de la ligne de base effectuée lors de l’établissement du plan d’action de réinstallation (PAR). Ces calculs sont excessivement larges, pour que personne ne soit lésé par rapport à une récolte théorique.

Quid de vos calculs ? Sur quoi se basent-ils ? Avec vos 1400 TM, vous estimez la valeur annuelle de la récolte à 807.638 $US ou 3230 $ US par hectare (pour une seule récolte), la productivité a atteint des sommets que nous souhaitons à toute la région. Par rigueur journalistique, il serait souhaitable de questionner un agriculteur de la zone, pour savoir s’il gagne plus de 650 $ US par an… et par rigueur intellectuelle il faudrait donner vos sources et votre base de calcul, qui semble totalement étrangère au Ministère de l’Agriculture que nous avons contacté.

« Chabert a assuré la survie d’à peu près 2500 personnes constituant les familles expropriées et 750 agriculteurs travaillaient ici au minimum 100 jours par an », dit l’article. Aujourd’hui non seulement ces 366 familles vont être relocalisées et retrouver leur activité, mais en plus 1388 ont un emploi qui assure un apport (certes faible, toujours insuffisant ou peut-être insignifiant, selon vous) représentant 267,600 HTG/jour x environ 250 jrs par an = cela fait plus de 66 millions de gourdes…

Ces informations semblent vous avoir été communiquées par l’UTE mais vous en avez évité les conséquences mathématiques dans votre article.

En voici donc d’autres, sur la relocalisation, provenant de la même source qui méritent d’être présentées :

• Tous les agriculteurs (en possession de documents juridiques ou non) qui cultivaient sur le site ont reçu trois compensations monétaires. Les personnes affectées par le projet ont ainsi chacune touché un montant moyen de 180,000 HTG en compensation des récoltes de 2011, 2012 et 2013.

• Les compensations monétaires tiennent compte de la taille de la parcelle (pour perte de récolte) et de la taille de la famille (pour la sécurité alimentaire).

• Tous les agriculteurs, sauf un, ont finalement opté pour une terre de remplacement. Une maison a été accordée à la seule personne qui n’a pas choisi cette option. Elle lui a été livrée en janvier 2013.

• Les 366 agriculteurs qui exploitaient le site du PIC, à Chabert, occupaient 250 ha. Au terme d’un processus participatif, il a été décidé la relocalisation de leurs activités sur un site à cheval entre Glaudine et Fond Blanc. Ce site fait partie du domaine privé de l’Etat et mesure officiellement 440 ha. Notons que le relevé topographique des terres situées à l’intérieur des bornes implantées par la DGI conduit plutôt à une superficie réelle de 492 ha.

• En plus des agriculteurs relocalisés, il a fallu tenir compte d’un certain nombre d’occupants de facto d’une portion du site de relocalisation. Un accord est en voie de finalisation, afin de préserver l’harmonie entre les deux groupes et la paix sociale dans la communauté.

• Ces terres seront aménagées, de façon à augmenter leur productivité et le revenu des agriculteurs, afin qu’ils retrouvent de façon durable un niveau de vie équivalent ou supérieur à celui qui était le leur avant l’implantation du Parc Industriel de Caracol.

• L’Etat prendra en charge des travaux d’irrigation et d’infrastructures sur le terrain, un appel d’offre est en cours pour ce faire.

• Le ministère de l’Agriculture fournira une assistance aux agriculteurs afin de les aider à tirer le maximum de la terre.

• La Direction Générale des Impôts (DGI) va signer des titres réguliers de fermage à tous les agriculteurs réinstallés et à ceux qui occupaient sans papiers le terrain réservé à la relocalisation.

Notez également qu’une formation professionnelle (couture, mécanique pour machines à coudre) a été donnée à 216 personnes désignées comme les Personnes Affectées par le Projet (PAP), par l’INFP, l’Institut National pour la Formation Professionnelle. Et que 70 % du personnel employé à SAE-A provient des 4 communes entourant le PIC (Caracol, Terrier-Rouge, Trou du Nord et Limonade).

Voici enfin, d’autres informations que vous pourrez « explorer » et vérifier, si vous vous en donnez le temps et la peine : le Parc Industriel de Caracol possède une usine de traitement d’eau qui permettra de distribuer de l’eau potable partout dans le parc. En attendant, en ce qui concerne S&H Global, nous avons observé sur place des distributeurs d’eau réfrigérée dans l’usine accessibles à tous les employés (voir photo du 19/03/2013). Toujours concernant SAE-A, vous devriez également pouvoir obtenir l’information selon laquelle leur usine du Guatemala fonctionne (et fabrique des produits plus élaborés qui ne peuvent être pour l’instant manufacturés en Haïti dont l’industrie d’assemblage est en redémarrage et n’a pas encore l’expérience suffisante) avec 4,507 employés.

A propos de l’assemblage textile. Ce n’est pas la panacée, comme le disent les personnalités que vous avez interrogées, mais c’est une industrie qui peut générer en quelques mois des emplois pour une main d’oeuvre disponible et qui apprend vite. Cet appel d’air est essentiel dans un pays où le chômage touche, selon les chiffres entre 30 et 60 % des actifs et où 2/3 des habitants sont en dessous de seuil de pauvreté et la moitié vivent avec moins de un dollar par jour. Avec un salaire minimum établi à environ 5 USD par jour, avoir un emploi est le premier objectif vers la subsistance et le développement familial.

Globalement il manque à votre article nombre d’informations qui en auraient fait une enquête sérieuse… A qui profitera l’échec du Parc, l’échec du développement ? C’est la question qu’on a envie de se poser à la lecture d’un article que vous présentez comme « l’enquête menée par Ayiti Kale » : c’est regrettable que votre échantillonnage soit si peu représentatif avec 1 % des concernés qui travaillent au parc, et que vous n’ayez pas donné la parole à quelques-uns des 99 % restants, qui vous auraient peut-être dit combien avoir un emploi, même avec un salaire minimum est important pour eux. Le principe journalistique est bien sur de donner la parole à qui il veut mais aussi d’en vérifier la véracité des propos.

Le parc industriel de Caracol a été justement conçu et se construit pour que des villages comme Caracol, Limonade, Fort Liberté, puissent voir se développer des emplois, des écoles, un avenir. Et que, comme votre agriculteur cité en fin d’article le souligne (« n’était-ce la Minustah et le PAM ces gens là seraient déjà morts de faim »), les habitants de ces communes ne soient plus tributaires de l’aide humanitaire pour survivre, mais puissent vivre dans la dignité.

Nous vous remercions de nous avoir donné l’espace d’un droit de réponse, et nous tenons à votre entière disposition pour toute information complémentaire qui pourrait étayer un futur article ou une enquête sérieuse.

Pour information

Wellcom est l’agence de relations publiques en charge des relations de la Sonapi avec la presse. La mission de Wellcom, dont l’expérience avec les médias, en Haïti, en France et au Canada, guide l’éthique et la rigueur, est de faciliter l’accès des médias aux informations et d’aider les journalistes à faire leur travail. Aussi c’est à ce titre que la gestion de la presse lui a été confiée pour l’inauguration, avec la recommandation, pour des raisons d’organisation, de gérer une liste d’accréditations. Ainsi 97 journalistes/photographes/cameramen ont assisté à la cérémonie qui comptait 700 invités et dont l’accès était réservé, pour des raisons de sécurité, aux personnes munies de badges.

Aucun média ayant contacté Wellcom dans les délais ne s’est vu refuser l’accréditation. 40 personnes représentaient les médias de la région Nord/Nord-Est et du Cap Haïtien, 7 représentaient des agences de presse, plus de 20 médias nationaux et une vingtaine de médias étrangers.

Consulter l’article « Haïti-Le Parc Industriel de Caracol : A qui profitera le pari ? ». (alterpresse.org)

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