Haïti -Environnement: Tous ensemble pour préserver les chutes de Saut d’Eau

Le Gouvernement haïtien a entamé des consultations avec les autorités et la population de Saut d’Eau, dans le Plateau Central, afin de trouver une solution au tarissement des sources d’eau de ce haut-lieu de pèlerinage religieux et touristique. Une situation qui menace l’environnement et le développement économique de la région.

A Haut Saut d’Eau, point de départ des trois sources d’alimentation des chutes du site naturel de Saut d’Eau, c’est l’alerte générale. La source Kaara, d’où jaillissait l’eau de tous les côtés est, depuis six mois environ, réduite à sa plus simple expression. Elle tarit ! Conséquence : le débit des chutes hautes d’une cinquantaine de mètres diminue de jour en jour, ce qui peine défenseurs environnementaux, touristes et autorités locales.

« Si les chutes venaient à disparaitre, si le tarissement des sources était définitif, Saut d’Eau devrait changer de nom ou ne plus exister. Car son nom symbolise l’eau », explique le Sénateur Dieuseul Simon Desras, également président de l’Assemblée nationale, qui est originaire du site.

Les deux chutes de Saut d’Eau attirent depuis 1948 – date de l’apparition de la Vierge selon une légende populaire – plus de 20.000 visiteurs par an, pèlerins des religions vodou et catholique ou simples touristes. Elles sont classées en huitième position parmi les 10 plus belles chutes du monde, selon un article paru en 2012 dans la revue française Paris Match.

Vue l’urgence, Dieuseul Simon Desras et Francisco De la Cruz, un autre sénateur du Plateau central, ont initié, avec le soutien de la MINUSTAH, un forum communautaire qui se tiendra à Haut Saut d’Eau le 14 mars prochain. A cette occasion, les autorités et la société civile définiront ensemble une stratégie visant à préserver le site et, par extension, les autres sources menacées qui font la richesse du sous-sol haïtien.

Un tarissement aux causes multiples

Sur toute la colline en amont des chutes, les paysans pratiquent la coupe illicite des arbres qu’ils transforment en charbon de bois. Un moyen, pour beaucoup de foyers vulnérables, de s’assurer de maigres revenus. « Si vous allez là-haut, à Massicot, vous verrez bien que le volume de l’eau a aussi baissé considérablement dans la montagne, du fait que les gens n’arrêtent pas d’abattre les arbres », regrette Briquet Jonas, le Coordonnateur de l’assemblé des sections communales de Lasselle, en amont de Saut d’Eau.

Hormis la coupe effrénée du bois qui provoque l’asséchement des sols, beaucoup d’habitants pointent du doigt le « réchauffement climatique » ou même l’existence de « failles non détectées ». Bref, les interrogations sont multiples.

Afin de préparer le forum communautaire de Saut d’Eau, les pourparlers sont déjà en cours avec les habitants de la région en vue d’établir un dialogue franc et d’assurer la participation de tous. Car contre le tarissement des sources alimentant les chutes, les utilisateurs de l’eau, qu’ils soient responsables locaux, religieux et touristiques, agriculteurs ou usagers, ont tous un rôle important à jouer.

La campagne pour préserver Saut d’Eau, qui sera lancée avec l’organisation de ce forum, mobilise plusieurs ministères dont ceux de l’Environnement, de l’Agriculture, du Tourisme et des Cultes, ainsi que la Direction nationale de l’eau potable et de l’assainissement (DINEPA).

La MINUSTAH, elle, appuie techniquement les parlementaires à l’origine de ce projet par le biais de sa Section des droits de l’homme. La mission onusienne assure aussi un soutien logistique et technique aux visites d’évaluation et au déroulement de la tribune communautaire.

Enfin, ses équipes de communication préparent des matériels de sensibilisation dont un documentaire utilisé pour l’éducation à la protection de l’environnement et la mobilisation communautaire. Un appui que le Sénateur Francisco de la Cruz juge d’une « importance capitale ». (http://minustah.org)

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