Haïti-Caraïbes : Adoption du français, comme seconde langue officielle de la Caricom au mépris du créole

Au terme de la 24e réunion intersessionnelle de la conférence des chefs d’État et de gouvernement de la communauté de la Caraïbe (Caricom), les 18 et 19 février à Port-au-Prince, une résolution a été adoptée en vue de reconnaître le Français comme la seconde langue de la communauté, une décision qui sera effective le 4 juillet prochain lors du sommet à Trinidad and Tobago, apprend AlterPresse.

Alors qu’Haïti est le seul pays de la Caricom à avoir le Français comme langue officielle (du reste parlée par une infime partie de sa population), et qu’il a le créole en partage avec deux autres pays, le président Michel Martelly s’est accroché.

Plusieurs secteurs de la vie nationale, notamment les responsables de l’université d’Etat d’Haïti ont même écrit au chef de l’Etat, histoire de le persuader de changer de stratégie en priorisant la langue créole.

Pour se justifier, le chef de l’Etat Michel Martelly avance qu’« il ne s’agit pas de dénigrer ou de rejeter le Français, mais l’idée c’est de permettre à tous les Haïtiens de parler toutes les langues possibles, l’anglais et l’espagnol tout en ayant le créole ».

Le plaidoyer des experts

Le 19 févier, date de l’adoption de la résolution, le rectorat de l’Université d’Etat d’Haïti (Ueh) et la Société d’animation et de communication sociale (Saks) ont à nouveau, durant une conférence de presse, appelé le président Martelly à privilégier le Créole.

« Le Créole est entré par la grande porte » lors du sommet de la Caricom, ce lundi 18 février, suite à l’intervention du premier ministre Kenny Anthony de Sainte-Lucie qui s’est s’exprimé un peu dans cette langue pour souligner la référence que représente Haïti dans la Caraïbe en matière de liberté, rappelle le vice- recteur à la recherche de l’Ueh, Fritz Deshommes.

« Au niveau géolinguistique, le Créole a une grande importance en terme de pourcentage de population qui le parle. Il représente 61 pour cent d’usagers dans la Caricom. », fait valoir le doyen de la Faculté linguistique appliquée (Fla), Rogéda Dorcé Dorcil.

Pour sa part, le directeur général de Saks, Sony Estéus, rappelle que la démarche de proposer le Créole comme une langue officielle de la Caricom n’est pas uniquement haïtienne.

Plusieurs pays de la Caricom, notamment Dominique et Sainte-Lucie, ont proposé une charte qui préconise le créole comme la deuxième langue de travail dans la communauté à l’issue d’une réunion tenue dans la ville de Kingston (Jamaïque) les 13 et 14 janvier 2011, rappelle t-il.

Ces mêmes groupes de pays ont renouvelé la démarche de considérer le créole comme la deuxième langue officielle de la communauté caraibéenne, lors d’un atelier organisé le 30 avril 2012 sous le patronage du bureau de représentation de la Caricom en Haïti, fait-il savoir.

L’Ueh s’était déjà interrogée sur la logique de l’entêtement du président Martelly concernant le Français dans la Caricom. Le hic est en effet de savoir avec qui les Haïtiens comptent-ils communiquer dans cette langue qu’ils sont les seuls de toute la communauté à utiliser.

Source: http://www.alterpresse.org

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