Monde-Religion: Benoît XVI, le Pape au cœur d’un thriller

L’auteur de science-fiction Édouard Brasey vient de publier un livre qui présente d’étranges coïncidences avec l’actualité du Vatican. Entretien.

Ancien journaliste reconverti dans l’écriture de romans fantastiques, Édouard Brasey n’a pas renoncé à flairer le scoop. Il a même devancé la réalité puisqu’il a publié début janvier Le dernier pape. Un livre prophétisant la plupart des remous que le Vatican vient de vivre, des révélations du Vatileaks jusqu’aux chamboulements induits par la démission de Benoît XVI. La trame? Les manigances d’un cardinal pour prendre la place de l’actuel Pape.

 

LE FIGARO – En quoi la démission du pape confirme ce que vous aviez prévu dans Le dernier pape? Jamais dans votre fiction le souverain pontifical ne renonce à ses fonctions.

Édouard Brasey, l'auteur du livre qui colle étrangement à la réalité.
Édouard Brasey, l’auteur du livre qui colle étrangement à la réalité.

Édouard Brasey – Le Pape ne démissionne effectivement pas dans mon livre même s’il est presque à l’agonie. Il fait en revanche une allocution depuis la terrasse du Vatican où il promet une refonte des principes de l’Église. J’ai écrit ce livre en 2011 en imaginant des scandales qui ont par la suite été confirmés par l’affaire Vatileaks de mai 2012. J’entends par là, toutes les affaires de corruption, le blanchiment d’argent, les viols et la pédophilie qui entachent la crédibilité de l’Église de Rome. La réalité rattrape encore la fiction aujourd’hui parce que même si le Pape vient de démissionner pour des raisons de santé, je pense que c’est aussi parce qu’il a pris conscience du besoin de réforme. N’ayant pas la force physique et psychologue pour s’y attaquer, il préfère laisser le soin à son successeur d’accomplir cette lourde tâche.

Ne regrettez-vous pas d’avoir clairement écrit l’histoire de sa démission?

Je ne suis pas voyant! Mais comme je vous l’ai expliqué, le Pape que j’ai imaginé est tellement vieux qu’il ne pourra pas réformer lui-même l’Eglise.

Où avez-vous puisé l’inspiration nécessaire pour imaginer un tel scénario?

Dans la réalité. Par exemple, en 1978 le Pape avait déjà tenté de réformer l’Église. Jean-Paul Ier avait été nommé mais son règne n’a duré pas duré longtemps puisqu’il est décédé 33 jours plus tard. Comme par hasard, c’était la veille du jour où il devait signer la destitution du président de la banque du Vatican. Des doutes sur la nature réelle de sa mort persistent mais sont pourtant impossibles à vérifier. Il faut en effet savoir que lorsque le chef pontifical meurt, aucun médecin n’intervient pour constater l’arrêt du cœur. C’est le cardinal camerlingue qui constate le décès. Il n’y a donc eu aucune enquête policière menée pour éclaircir les doutes.

Vous vous êtes également inspiré de vieilles prophéties.

Tout à fait. La prophétie des Malachie qui date du 15e siècle par exemple. Elle explique que Benoît XVI sera le dernier. Ce qui veut dire que son départ pourrait marquer la fin de l’Église de Rome. J’ai lié cette histoire à la prophétie du troisième secret de Fatima. Dans un petit village du Portugal, trois adolescentes ont eu une révélation au début du XXe siècle. Lucie, l’une des enfants, a eu la vision d’un pape traversant une ville ruinée et qui finit assassiné par un soldat. C’est peut-être ce qui attend le prochain Pape s’il ne réforme pas son institution: des ruines.

Lorsqu’il a été élu en 2005, Benoît XVI a déclaré: «J’ai du mal à comprendre comment le Seigneur a pu penser à moi, me destiner à ce ministère, mais je l’accepte de ses mains même si cela me paraît au-delà de mes forces.» Cela ne vous-a-t-il pas mis la puce à l’oreille?

Presque tous les papes élus récemment ont ressenti la démesure de ce qui les attendait. Ils prennent conscience que la destinée spirituelle de tous les catholiques est remise entre leurs mains.

Considérez-vous donc que la science-fiction est un atout pour mettre en relief les dysfonctionnements d’institutions aussi impénétrables que le Vatican?

Oui parce qu’il y avait des zones d’ombre qu’il m’aurait été impossible de révéler sans le recours à la fiction. Mais j’ai quand même été journaliste pendant une dizaine d’années. J’ai donc conservé le réflexe de me documenter avec précision, puis de recouper les informations. J’ai ainsi transposé ce qui est vrai – souvent des faits réels peu connus du grand public – à la fiction pour faire émerger une histoire. J’ai ensuite poussé les faits dans leurs conséquences les plus fortes. C’est ainsi que le romancier peut précéder le travail du journaliste.

Et avez-vous prophétisé la suite?

Je pense que lorsque Benoît XVI a pris cette décision, il a aussi fait en sorte de désigner un successeur potentiel parmi les cardinaux qui peuvent être nommés. Je suis donc relativement positif quant à la capacité du futur Pape de prendre en compte le besoin de réforme. Et de fait, que l’Église de Rome survive à tous les scandales qui l’ont secouée sous Benoît XVI.

 

Source: http://www.lefigaro.fr

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *