Haïti-Carnaval : Cartons rouges pour le gouvernement dans le défilé au Cap-Haitien
Des militants de diverses organisations du Nord, formant une bande à pied, ont manifesté leur mécontentement vis-à-vis du gouvernement, durant le défilé du deuxième jour du carnaval, le 11 février, au Cap-Haitien (deuxième ville, Nord), a constaté AlterPresse.
Avec cartons rouges en main, les carnavaliers/manifestants ont défilé sur tout le parcours pour dénoncer ce qu’ils appellent un « carnaval importé et exclusiviste » imposé par l’administration du président Michel Martelly.
Selon ces protestataires, les personnes-ressources capoises auraient été exclues de l’organisation des festivités « importées » et le chef de l’État affiche une « omniprésence autoritaire ».
Les autorités locales auraient été mises à l’écart dans l’organisation du carnaval, dénoncent les protestataires.
Le comité départemental qui, théoriquement reçoit le carnaval dit national en 2013, n’aurait aucun pouvoir de décision en réalité, explique un délégué de ville interrogé par AlterPresse.
« On a fait venir des port-au-princiens au Cap pour organiser le carnaval en dehors de la participation des capoises et capois », s’insurge-t-il croyant que cette politique du pouvoir vaut un carton rouge.
Les deux ténors du monde musical régional, Septentrional et Tropicana, auraient été sélectionnés à cause de leur renommée nationale et internationale, fait-il remarquer. Les accointances auraient joué en faveur de l’autre formation « Anbyans », selon ce qu’il ajoute.
« On nous a imposé » des groupes qui n’ont « rien à voir avec la culture capoise. La culture régionale d’une population fait partie de son identité », avance-t-il.
Les festivaliers/manifestants ont critiqué également la décision de Martelly d’exclure pour des « raisons politiques » certains groupes musicaux du défilé carnavalesque, comme Brother’s Posse (dont le chanteur vedette est Antonio Chéramy, dit Don Kato, originaire du département hôte du carnaval 2013).
La méringue de Brother’s Posse, titré « A l’oral », énumère les promesses non tenues du président et dresse un sombre bilan de son administration.
Exclu au départ, le groupe Voix des îles a réussi à trouver une place dans le défilé et a par moment repris le refrain « A l’oral » de Brother’s Posse.
« Oh ! oh ! oh ! le peuple haïtien veut vivre », a scandé la foule surchauffée.
Des craintes de manifestations, hostiles au gouvernement, étaient exprimées tout de suite après la décision de Martelly d’exclure certains groupes musicaux de la grande fête populaire.