Haïti/Circulation: Delmas 33, Un drame déjà oublié
De nombreux débrouillards continuent de s’installer arbitrairement aux abords de la rue de Delmas 33, particulièrement dans les parages de la Télévision nationale d’Haïti (TNH) où, on se le rappelle, un monstrueux accident de la circulation a été enregistré le 16 janvier de l’année dernière. L’État qui s’était montré très ébranlé lors du drame ne dit mot, constate Haiti Press Network.
16 janvier 2012-16 janvier 2013. Un an exactement depuis que s’est produit un terrible accident sur la route de Delmas, notamment au niveau de Delmas 33, où un camion dont le chauffeur aurait perdu le contrôle, avait causé la mort de plus d’une trentaine de personnes et fait quelque 50 blessés.
Qui ne se rappelle pas de ce tragique accident de la circulation qu’a fait pleurer mêmes les âmes les moins sensibles de la population? Des gens se souviennent avoir vu des corps sans vie totalement écrabouillés sur la chaussée. Un an après, peut-on parler d’amnésie ou d’insouciance ?
Chose certaine, ce que le laisser-aller se poursuit et la population s’embarque quotidiennement dans l’anarchie contre elle-même.
En effet, de nombreuses personnes, notamment des marchands et des marchandes, des conducteurs de taxi-moto, au péril de leur vie, s’installent toujours sur les trottoirs dans les parages de la TNH à Delmas 33, a-t-on remarqué.
Même des victimes de cet illustre accident occupent toujours les lieux comme s’ils ont déjà oublié ce qui s’était passé. Les responsables municipaux paraissent impuissants face aux attitudes insouciantes de la population.
Interrogé, l’un d’entre eux indique n’avoir malheureusement pas d’autres endroits en quête d’un pain pour nourrir ses enfants.
« Le danger est imminent. Je sais que je suis exposé encore au malheur. Mais hélas ! Je n’ai pas le choix. C’est ici que je me débrouille pour survivre avec ma famille », laisse entendre Yvon, une victime de l’accident qui trime encore dans les parages derrière son barbecue.
Adèle, une marchande de poulet rôti à Delmas 33, affirme pour sa part vouloir quitter le lieu volontiers, si les autorités constituées le lui demandent.
Entre-temps, le risque de passer de la vie au trépas est plus qu’évident, comme ça a été le cas pour les victimes de l’année dernière. Aucune d’entre elles ne savait pas qu’ils allaient dire au revoir à la vie dans de telle condition.
« En attendant une décision des autorités, je reste là pour continuer à chatouiller la vie jusqu’à ce qu’elle me sourit. Je n’ignore pas à quel danger que je suis exposée. Mais la vie a choisi de me placer là pour l’instant, j’y reste jusqu’à nouvel ordre », dit-elle, pendant qu’elle s’occupe de ses attirails éparpillés sur le trottoir.
Pour des citoyens avisés, aucune leçon n’a été tirée de ce drame de trop. Bénédique, propriétaire d’une boutique à Delmas 33, se rappelle avoir vu une patrouille fixe de la police sur les lieux durant une semaine seulement après l’accident. « Depuis lors, a-t-il indiqué, aucune présence de l’État n’a été remarquée et le désordre continue comme avant. »
« Nous passons les choses trop vite à l’oubli. Trop de laxisme du côté des autorités. Où sont passées les mesures susceptibles d’éviter la répétition de telle catastrophe ? », s’interroge Lucien, avant d’appeler l’État haïtien à adopter toutes les mesures nécessaires pour forcer les marchandes à dégager rues et trottoirs de la capitale.
Source: http://hpnhaiti.com