A la Découverte d’Haïti…, Le créole haïtien (suite)

Données démolinguistiques en Haïti

AUJOURD’HUI : L’ANGLAIS

Le créole haïtien (ayisyen) est une langue créole parlée par 10 millions de personnes en Haïti et environ 2 millions dans le reste du monde, surtout aux États-Unis.

Cependant, cette sorte d’opposition entre le français et le créole est toutefois en train de changer devant les avancées de l’anglais. Alors qu’autrefois, les Haïtiens instruits s’installaient à Paris, aujourd’hui les Haïtiens de la diaspora se réfugient d’abord à New York et à Miami, puis à Montréal (Québec). Les États-Unis accueillent de plus en plus d’Haïtiens qui acquièrent l’anglais comme langue seconde, qu’ils transmettront à leurs enfants, lesquels l’utiliseront éventuellement comme langue maternelle.

 La langue d’une bonne partie de la diaspora haïtienne risque de changer à l’avantage de l’anglais. Ceux qui retourneront à Haïti, après avoir séjourné des années aux États-Unis, auront acquis une autre langue. Même le créole qu’ils parlent est maintenant influencé par l’anglo-américain. L’anglais est devenu pour une partie de la diaspora haïtienne la langue de la promotion sociale. Et cette diaspora, qui regroupe plus de deux millions d’individus, peut devenir le principal agent de la promotion de l’anglais.

EN VOILA UN SIGNE DES TEMPS: le chanteur populaire Wyclef Jean, qui a fait carrière aux États-Unis, s’est présenté  aux élections présidentielles haïtiennes de novembre 2010. Or, il ignore le français, sa langue maternelle étant le créole, et l’anglais qu’il parle couramment remplace quasiment cette dernière puisqu’il a laissé le pays depuis son enfance. Heureusement qu’il s’est fait écarté de la course électorale puisqu’il avait annoncé  déjà qu’il changerait la Constitution pour supprimer le statut du français comme langue officielle et le remplacer par l’anglais.

Il ne serait pas le premier à agir ainsi. Lorsque Paul Kagame a pris le pouvoir au Rwanda en 2000, il a pris soin d’ajouter l’anglais comme langue co-officielle de son pays à côté du kinyarwanda et du français, car il ignorait le français, lui qui a vécu toute son enfance en Ouganda, un pays officiellement de langue anglaise.

Quant à Wyclef Jean, voulant éliminer le français, pas seulement ajouter l’anglais. Il avait annoncé à cette époque  en anglais qu’il gouvernera en créole et en anglais, «si je suis  élu: «Je vais gouverner en créole et en anglais. C’est très important d’avoir une personne capable de voyager partout sur la planète et d’entretenir une conversation avec tout le monde. Mais je m’assurerai d’avoir mon professeur de français avec moi.»  avait-il annoné.

Une belle naïveté! Mais le rappeur populaire a dû faire face à un obstacle de taille: la Constitution haïtienne interdit à un individu ayant la double nationalité de se porter candidat à une élection présidentielle. Une telle candidature témoigne du peu de prestige de la classe politique traditionnelle. Quoi qu’il en soit, le Conseil électoral provisoire avait finalement  tranché et rejeté cette candidature particulièrement pour ses démêlés avec le fisc, de même que 15 autres.

POUR LE MOMENT, l’anglais ne remplacera pas le français en Haïti, mais il risque de lui livrer une solide concurrence, surtout si les États-Unis maintiennent leur influence. Par exemple, les cours d’anglais de l’Institut haïtiano-américain de Port-au-Prince sont très courus : l’institut est fréquenté aujourd’hui par plus de 3100 étudiants par semaine.

Le campus de l’Institut haïtiano-américain compte la plus grande librairie en anglais d’Haïti et des salles pour l’organisation des activités culturelles dans cette langue. Depuis les années 1980, de nombreuses écoles privées, dont la langue d’enseignement est l’anglais, ont poussé comme des champignons. Ces établissements n’attirent pas encore les classes populaires, mais de plus en plus d’enfants de la classe moyenne les fréquentent. Donc parlent davantage créole.

Mais plus encore, l’évolution culturelle du monde, tant dans la musique, dans la mode que dans l’attitude et le comportement nous pousse de plus en plus à rentrer dans le monde de la modernisation pour ne rien rater.

Alors, parlons français, anglais mais avant tout et en dépit de tout parlons créole.

 

Article précédent: https://radiotelevision2000.com/home/a-la-decouverte-dhaiti-le-creole-haitien/

 

Recherche: Nadeige Cajuste 

 

Bibliographie

  • Philologie créole: études historiques et étymologiques sur la langue créole d’Haïti de Jules Faine. Imprimerie de l’état, Port-au-Prince, Haïti (1937)
  • 1911- Haitian Creole: grammar, texts, vocabulary de Robert A. Hall, Jr., with the collaboration of Suzanne Comhaire-Sylvain, H. Ormonde McConnell [et] Alfred Métraux. American Anthropological Association (1953) (Menasha, Wisconsin.)
  • Diksyonnè Kréòl-Fransé, L. Peleman, C.I.C.M. Imprimerie Bon Nouvel, Port-au-Prince (1976)
  • Recherche sur les notions de temps et d’aspect en créole haïtien et en français: Application à l’enseignement du français de Robert Damoiseau, Centre de Linguistique Appliquée Université d’Haïti. Imprimerie Le Natal, Port-au-Prince, Haïti (Avril 1989).

 

http://www.tlfq.ulaval.ca/axl/amsudant/haiti.htm

http://fr.wikipedia.org/wiki/Ha%C3%AFtien

 

 

Image en vedette: http://www.librairie-voyage.com/guide-poche-creole-haiti-2010.html

 

Une pensée sur “A la Découverte d’Haïti…, Le créole haïtien (suite)

  • 7 novembre 2012 à 7:11
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    moi je parle français car je vis en France et créole parce que je suis un d’origine haitienne

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