Haïti/Économie: Adoption du Budget 2012-2013…Perspectives et état préliminaire actuel de l’économie haïtienne…
Comme nous l’avons soupçonné en début de semaine, le gouvernement haïtien a trouvé un moyen d’adopter le budget 2012-2013, ce que certaines autorités haïtiennes notamment au niveau du Senat ont vivement dénoncé.
En effet, le budget 2012-2013 est entré en vigueur avec une enveloppe d’environ 131, 5 milliards de gourdes, soit moins de 3.5 milliards de dollars américains. De ce montant, 66.7%, soit 88,14 milliards de gourdes, sont affectés à des dépenses d’investissement, 31,3% aux dépenses courantes et le reste 2% à l’amortissement de la dette et aux dépenses exceptionnelles.
Les grandes lignes du budget de l’exercice 2012-2013, dont l’enveloppe a augmenté d’environ 8,7 %, ont été présentées hier Jeudi 4 Octobre par le ministère de l’économie et des finances (MEF).
Le Directeur du budget, M. Abel Métellus, affecté au MEF, a révélé que le Plan Stratégique de Développement d’Haïti (PSDH) à l’horizon de 2030, élaboré par le Ministère de la Planification, a été pris en compte dans l’élaboration du budget pour ce nouvel exercice.
Il faut dire que pour la première fois le budget contient autant de sources de financement. Nous voulons parler de la Douane, qui collecte plus de 65% des recettes courantes actuelle de l’Etat, la DGI, le Fonds national de l’Education (FNE), des entreprises de l’Etat qui sont privatisées, des dons et prêts de la communauté internationale et des bons du Trésor.
En terme de perspectives pour ce nouvel exercice 2012-2013, elles sont pratiquement les mêmes affichées en fin d’exercice par le Fonds Monétaire International (FMI) et le MEF. On parle d’un taux de croissance de 6,9 %, d’un taux d’inflation de 6,5 %, d’une pression fiscale de 13,5 % et d’un taux de change autour de 42 gourdes pour 1 dollar américain. Le gouvernement a pris un ensemble de mesures pour arriver à l’exécution de ce budget, lesquelles concernent notamment un élargissement de l’assiette fiscale et une augmentation de certaines taxes.
A l’occasion de la présentation des grandes lignes du budget de l’exercice en cours, le MEF a profité pour présenter quelques chiffres expliquant l’état de l’économie haïtienne, au début de cette année fiscale. Selon le ministère, le crédit au secteur privé se trouve actuellement autour de 19% contre 25% en 2011. En ce qui concerne l’inflation qui s’est chiffré autour de 5,9 % l’année précédente, elle se trouve maintenant à 6.5%. Du coté des recettes courantes, l’État a pu encaisser environ 42 milliards de gourdes, soit exactement 1 milliard de dollars américain pour la première fois, grâce aux efforts de la Direction Générale des Impôts (DGI) et la Douane.
Selon le MEF, il y a eu une certaine continuité dans le processus de reprise de l’économie haïtienne qui avait connu un grand choc après le séisme du 12 janvier 2010 qui a engendré une chute de 5.4% de la croissance économique. En 2011, nous avons rattrapé cette croissance avec 5.6% selon les données encore provisoires de l’IHSI.
Cependant, la mauvaise nouvelle c’est que pour l’année 2012, c’est-a-dire l’exercice précédent, nous n’avons pas atteint les perspectives de croissance fixées par la CEPALC et les autorités gouvernementales. En effet, selon les dernières informations fournies par M. Alfred Metellus, chef de cabinet de la ministre de l’Economie et des Finances, les perspectives de croissance pour 2012 sont en dessous de 4%. Ce qui veut dire clairement que nous avons régressé en 2012 par rapport à 2011.
Monsieur Metellus a tenté d’évoquer certains facteurs expliquant cette régression en 2012, notamment l’impact de la sècheresse et de la tempête tropicale Isaac sur l’économie haïtienne sans oublier, selon lui, les travaux de construction en cours. Cependant il n’a pas pris le risque de mentionner les problèmes politiques, des plus significatifs à cette régression de la croissance de l’économie en 2012: plus précisément des manifestations de rue en cascade à travers tout le pays qui risquent d’aggraver encore l’ampleur de cette régression en cours.
Riphard Serent
Vision 2000