Haïti/Primature : La démission de Garry Conille a fait des gorges chaudes
Par Succès Estinvil
Le premier ministre, Garry Conille, a finalement rendu son tablier après 4 mois à la tête du gouvernement.
« Je me vois dans l’obligation de vous présenter ma démission comme premier ministre du gouvernement de la République » a écrit l’ancien fonctionnaire onusien dans un courrier expédié au chef de l’Etat.
Michel Martelly n’a pas mis du temps pour informer officiellement le Parlement de la démission du chef du gouvernement.
Le locataire du Palais national a, en effet, annoncé sur le compte twitter de la présidence, qu’il s’adresserait ce soir à la nation à 20 heures locales.
Le président du Sénat affirme également avoir pris acte de cette décision ce vendredi après midi. Dieusseul Simon Desras qui a regretté la démission du premier ministre, prévient que la situation ne sera pas facile pour le successeur de Garry Conille.
Le sénateur Fritz Carlos Lebon, quant à lui, dit n’être pas étonné de la démission du chef du gouvernement, vu les différends entre les deux branches de l’exécutif. L’élu du Sud a salué le geste de Garry Conille qui, selon lui, va permettre de désamorcer une crise.
L’élu du sud exhorte le chef de l’Etat à rentrer en consultations avec les présidents des deux chambres du Parlement afin de désigner un nouveau Premier ministre pouvant agir sur la réalité actuelle.
Pour sa part, le député Guy Gérard Georges a déploré que le pays ait à faire face à un gouvernement démissionnaire à un moment où les autorités en place particulièrement le président de la République ne cessent de claironner que le pays est ouvert aux investissements.
Le président de la commission affaires étrangères de la chambre basse craint que le processus devant conduire à la formation d’un nouveau gouvernement ne soit confronté aux mêmes obstacles au Parlement.
Le représentant de Chantal Torbeck (sud du pays, environ 200 km de la capitale) doute de la volonté du Président Martelly et de ses acolytes de changer le pays et se demande si les intérêts personnels de ces derniers ne sont pas privilégiés sur les intérêts du pays.
« La démission du Premier ministre est un fait normal. Le pays ne s’attendait pas à un autre dénouement que celui-ci », a analysé l’ancien Premier ministre Rosny Smart.
Pour l’ancien chef de gouvernement sous la première présidence de René Préval, la démission de Garry Conille est le début de l’éclatement d’une crise profonde née depuis les élections de novembre 2010 et de mars 2011.