Une grande offensive synchronisée des gangs
Les autorités policières haïtiennes n’ont pas communiqué de bilan précis sur les affrontements des deux dernières semaines entre les forces de l’ordre et les regroupements de gangs. Ces derniers ont lancé des assauts tous azimuts dans la région métropolitaine de Port-au-Prince et dans l’Artibonite.
L’objectif des criminels est de mettre à rude épreuve les effectifs réduits des unités d’élite de la Police nationale d’Haïti (PNH), des forces armées haïtiennes et de la Mission multinationale de soutien à la sécurité (MMSS). Des attaques coordonnées ont été menées hier à Delmas 30, au centre-ville de Port-au-Prince ainsi que dans plusieurs autres régions. Les forces de l’ordre sont sous pression constante à Kenscoff, Pétion-Ville, Gressier, Delmas, Savien, entre autres. Le porte-parole adjoint de la PNH, M. Lionel Lazare, avait à plusieurs reprises alerté sur cette situation.
Face à la multiplication des attaques, les autorités policières ont tenté de réorganiser leur dispositif dans certaines régions, ce qui a suscité la colère des habitants. C’est notamment le cas à Saut-d’Eau (Plateau Central), où la population s’oppose au redéploiement des unités spécialisées vers Savien (Artibonite).
La population s’implique dans la défense de son quartier
L’implication croissante des citoyens constitue un nouvel élément de cette crise sécuritaire. Dans plusieurs quartiers, des habitants refusant de fuir s’organisent en groupes d’autodéfense et érigent des barricades. Cette stratégie a permis la capture de plusieurs criminels dans la région métropolitaine et dans l’Artibonite au cours du week-end écoulé.
Plusieurs cas de lynchage de présumés criminels identifiés par ces groupes d’autodéfense ont été signalés. Des barricades ont été érigées à Canapé-Vert et à Christ-Roi, les résidents justifiant cette tactique comme la seule option viable pour se protéger des exactions des gangs.
Les citoyens exigent des opérations dans les repaires des gangs
En plus des groupes d’autodéfense, de nombreuses voix s’élèvent pour réclamer des opérations offensives de la part des forces de l’ordre. Des policiers et leurs proches ont défilé hier dans les rues de la capitale pour exiger une réponse forte face aux atrocités commises par les criminels.
À Delmas 30, de nombreux résidents sont revenus ce matin dans leur quartier après l’avoir fui la veille en raison d’un nouvel assaut des gangs. Les forces de l’ordre, qui ont repoussé les assaillants, insistent sur l’importance pour les habitants de ne pas abandonner leurs résidences.
Au centre-ville de Port-au-Prince, les affrontements se poursuivent depuis deux semaines. Face à l’intensité des violences, l’ambassadeur de France a décidé de fermer la représentation diplomatique.
Les forces de l’ordre tentent tant bien que mal de sécuriser le port, mais les rues de la capitale se vident progressivement, la fonction publique et les entreprises privées ayant cessé leurs activités.
Source: Radio Métropole Haïti