Le cimetière de Fragneau-Ville prend le relais du cimetière de Port-au-Prince durant la crise sécuritaire

Le cimetière de Fragneau-Ville à Delmas 75 est devenu, depuis la crise sécuritaire dans la capitale, le centre d’attraction pour ceux qui veulent offrir un dernier hommage tranquille à leurs proches, loin des yeux et du contrôle des bandits armés.

 

Sans écriteau, jouxtant des propriétés privées, le cimetière de Fragneau-Ville est modeste. L’espace donne l’impression d’une propriété privée. Pourtant, c’est un cimetière. Difficile de faire la remarque à première vue. La présence d’un corbillard garé dans un virage sert d’indication.

Le traditionnel rite funéraire reprend ses droits dans ce cimetière de Fragneau-Ville. 13 tombes y sont installées. Des couronnes dorées de fleurs déposées au sein d’une tombe, une prière de bénédiction pour le voyage vers l’au-delà, le défunt a reçu un départ digne le vendredi 28 juin 2024. Cette partie du cimetière jugée privée n’est départagée que par un canal. À un cheveu dudit cimetière se trouve l’autre partie. À l’intérieur de cet espace, des tombes de plusieurs étages dans lesquelles s’alignent de nombreux bouche-trous ici et là. Une tactique pour les responsables de combler le manque d’espace, vu que le terrain dudit cimetière a été déjà acquis et la population avoisinante est en mode « spoliation ».

« Oui, les demandes ont augmenté parce que la population n’a pas accès à la plupart des cimetières de la région métropolitaine », confirme Odilson Pierre, un des responsables du site. « Nous pouvons même recevoir une centaine de morts à l’instant même. Nous avons assez de bouche-trous dans les tombes car après un an, il ne reste que des ossements d’un cadavre », a enchaîné, de son côté, Maxo Floriant, directeur dudit cimetière.

« Nous recevons toutes catégories de défunts ici. La mairie nous envoie aussi des dépouilles d’indigents retrouvées dans les rues », a-t-il confié.

« La mairie entend construire une fosse commune et exproprier certains propriétaires pour élargir l’espace », a dit Odilson Pierre, un des responsables de l’espace. « Le maire est un homme sensible à la propreté. Il envoie son représentant inspecter l’espace de temps en temps », a-t-il indiqué.

Un bon nombre de chantiers au niveau du cimetière de Fragneau-Ville sont en cours afin de créer plus d’espace pour le repos éternel de nos compatriotes. « Les étages permettent d’aménager plus d’espace pour accueillir les morts », a fait savoir Odilson Pierre. « Nous avions l’habitude de recevoir avant entre 5 et 6 enterrements par jour. L’affluence a un peu baissé maintenant car d’autres cimetières commencent à rouvrir leurs portes », a-t-il fait remarquer.

Au cimetière de Fragneau-Ville, le prix vari pour louer une place dans une tombe. De 20 000 gourdes jusqu’à 50 000 gourdes en fonction du niveau de modernité de la cave.

Du fait du vent frais qui se dégage dans l’espace qui ne s’accompagne pas de l’odeur puante des cadavres, les responsables qualifient ledit cimetière de cimetière moderne. Même s’ils reconnaissent qu’ils sont loin des standards du Parc du souvenir.

« Nous avons modernisé l’espace qui était abandonné avant la crise sécuritaire. Nous nous sommes assurés de bien boucher les caveaux au moyen de béton. La puanteur reste à l’intérieur », s’est félicité Floriant Maxo, directeur dudit cimetière. À la question de savoir pourquoi un cimetière se trouve dans un paysage peuplé de monde, il signale qu’il n’y avait aucune maison aux alentours du cimetière avant. Pour lui, vu que l’odeur puante des cadavres ne se propage pas dans les environs, les résidents n’ont aucun problème avec la présence du cimetière. « À l’expiration du contrat de ferme, on met les ossements dans un sac puis on les enterre », a expliqué le directeur Maxo Floriant.

« Nous demandons aux proches du défunt d’apporter sa photo afin de la plaquer sur la cave pour identification à l’avenir. Certaines personnes sont sensibles pour leurs proches même après les funérailles. Elles restent connectées avec eux», a raconté le directeur.

 

Source : Le Nouveliste

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