Au moins 18 institutions sanitaires non fonctionnelles dans l’aire métropolitaine de Port-au-Prince

Le 29 février 2024 a marqué un tournant décisif quant au fonctionnement du système de santé en Haïti et aura certainement des conséquences à long terme.

L’exacerbation de la violence au centre-ville de Port-au-Prince a provoqué la fermeture de nombreux hôpitaux, dont celle de l’hôpital Saint-François de Sales et l’hôpital de l’Université d’État d’Haïti. Ce dernier étant, avec ses 14 services, le plus grand centre hospitalo-universitaire du pays. Chaque jour, il y a une nouvelle annonce d’un centre hospitalier public ou privé qui informe de la restriction de ses activités ou tout simplement de sa fermeture. Il y a une semaine, l’Association médicale haïtienne et l’Association des hôpitaux privés d’Haïti ont tiré la sonnette d’alarme sur les problèmes d’intrants et les nombreux défis auxquels les professionnels de santé font face qui risquent de plonger le pays dans une crise sanitaire sans précédent.

Dans une liste mise à jour régulièrement au département sanitaire de l’Ouest, consultée par Le Nouvelliste le jeudi 21 mars 2024, au moins 18 institutions sanitaires ne sont pas fonctionnelles dans l’aire métropolitaine de Port-au-Prince. Parmi ces hôpitaux se trouvent: « l’Hôpital de l’Université d’État d’Haïti, le centre de santé Aurore du Bel-air, le centre de santé Saint-Martin 2(rue Saint-Martin), le centre de santé Saint-Martin 1(Delmas 18 et Delmas 3), l’hôpital Dash Delmas 18, la Maternité Isaïe Jeanty de Chancerelles, l’hôpital Saint-François de sales, le sanatorium (Carrefour-Feuilles), l’hôpital communautaire de Bon-Repos, l’hôpital communautaire de Beudet, le centre de santé de la Croix-des-Bouquets, le centre de santé de Pernier (Pernier), l’hôpital Sainte-Catherine Labouré (Cité Soleil), etc. »

Certains d’entre eux étaient fermés à cause de l’insécurité chronique qui rongeait la capitale bien avant les derniers épisodes du mois de février. Toutefois, les récents événements ont particulièrement aggravé la situation en paralysant les principaux centres de référence de la capitale, voire du pays. Parmi les centres hospitaliers qui ne sont pas déclarés « non fonctionnels », certains ne reçoivent pas de nouveaux patients, une dizaine sont inaccessibles, d’autres ont mis en place un roulement d’urgence. « Nous ne recevons pas beaucoup de cas comparativement aux autres mois; on pense que les femmes enceintes ont du mal à se déplacer d’un endroit à un autre. Les professionnels de santé ont aussi des difficultés, nous sommes actuellement dans un roulement spécial pour éviter à tout le monde de se déplacer tous les jours », a confié un résident au service d’obstétrique et de gynécologie de l’hôpital universitaire de la Paix, ne cachant pas son inquiétude par rapport à l’éventualité d’une dégradation de la situation jusqu’à Delmas 33 où il travaille.

Le mercredi 20 mars 2024, la direction exécutive de l’hôpital général a manifesté sa volonté de recommencer avec les activités le 1er avril 2024. Le jeudi 21 mars, au moment de rédiger cet article, des tirs nourris étaient entendus au Champ de Mars, non loin du site de l’hôpital général, selon un agent de sécurité de l’hôpital, ce qui ne laisse présager rien de bon dans un avenir proche. Certaines autorités sont aux abonnés absents, le pays semble être sous pilotage automatique et le système de santé s’enfonce jour après jour. La crise sanitaire tant redoutée paraît inévitable.

 

 

Source: le Nouveliste

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