Les bénéficiaires du programme Humanitarian Parole du président Biden de plus en plus nombreux à quitter Haïti

10 février 2023, aéroport international Toussaint Louverture. Il était un peu plus de 8h a.m. et les premiers bénéficiaires du programme de libération conditionnelle humanitaire de Biden sont déjà sur place. Dans la file d’attente de Jetblue, ils sont nombreux avec leur document de voyage en main et leur valise posée sur le sol. Une nouvelle aventure loin des cieux d’Haïti les attend. Pour éviter que des fraudeurs s’embarquent, les compagnies aériennes s’assurent de passer un coup de fil aux agents de l’immigration américaine pour vérifier chaque dossier.

La compagnie Spirit est intransigeante sur la carte de vaccination COVID-19 pour prendre le vol. Une cinquantaine de bénéficiaires s’envolent chaque jour depuis l’annonce du programme, informe un employé.

Pour la compagnie Jetblue, une centaine d’Haïtiens quittent le pays grâce à ce programme afin de vivre le rêve américain pendant deux ans. « On était débordé le 26 janvier après que 20 États ont attaqué en justice le programme de Biden. Ce jour-là, la salle était bondée », s’est souvenu un responsable de Jetblue.

Darline, 26 ans, reste calme mais a l’air soucieuse pour son fils de trois mois qu’elle a laissé à Pétion-Ville. Elle a même négligé son sac. Darline patiente, les bras croisés, avant la vérification de son document approuvé par l’immigration américaine.

« Quitter notre terre natale n’est pas facile, surtout quand on laisse ce qui nous est le plus cher derrière nous. On ne peut pas trop se réjouir car nos proches sont exposés à l’insécurité », soupire Darline. Approuvée en janvier, elle laisse son bébé et son business pour aller vivre le rêve américain.

Comptable de profession, Junior se voit réaliser son rêve. Par précaution, il vient tuer le temps à l’intérieur de l’aéroport assis sur une marche. Junior en avait marre de ne pas trouver de boulot deux ans après avoir décroché son diplôme en sciences comptables. Pour joindre les deux bouts, il dit s’être engagé dans l’enseignement.  » Je vais travailler dur là-bas pour économiser de quoi investir en Haïti pour offrir un boulot à mes compatriotes », lâche le jeune homme de 30 ans qui va lui aussi partir. Lui aussi laisse un enfant et sa femme en Haïti.  » La peur d’Haïti nous hantera toujours même en dehors du pays car nos proches y sont toujours », balance-t-il.

Une dame dans la cinquantaine avancée, l’air réjouie, va prendre l’avion pour la première fois de sa vie grâce au programme humanitaire de Biden. « J’irai voir enfin ma fille chez elle. J’ai échoué plusieurs fois à l’ambassade américaine. Je n’ai jamais pris l’avion, j’espère que je ferai un bon voyage. Après le programme, je pourrai dire que j’ai vécu mon rêve », glisse la dame, sourire aux lèvres.

Rey, quant à lui, ne cache pas sa joie que sa demande soit approuvée par l’Immigration américaine si rapidement. « Un ami aux États-Unis a appliqué fin janvier pour que je bénéficie de ce programme. Quand j’ai vu le courriel, je me suis dit que les astres s’étaient réunis pour mettre fin à mes années de chômage déguisé », confie Rey, pour qui deux ans aux États-Unis valent 10 ans de travail en Haïti.

Les Haïtiens se bousculent pour le moment dans les bureaux de l’immigration afin de retirer leur passeport. Ce programme initié pour quatre pays, dont Haïti, accueille au maximum 30 000 migrants par mois. Notons que 20 États américains ont intenté une action en justice en vue de mettre un terme à ce programme.

 

 

Source: Le Nouveliste

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