Plus de 350 migrants Haïtiens placés en détention en Floride

Plus de 350 migrants haïtiens arrivés dimanche dans une embarcation de fortune qui a échoué en Floride, dans le sud des États-Unis, ont été placés en détention, a indiqué lundi la police américaine aux frontières, selon une dépêche de l’ Agence France-Presse (AFP).

Le bateau, surchargé, a échoué vers 13H00 GMT devant l’Ocean Reef Club, un club privé de luxe situé à North Key Largo, dans l’archipel des Keys, au large de la pointe sud de la Floride.

« 158 migrants ont décidé de nager jusqu’à la côte », a expliqué par téléphone à l’AFP Alan Regalado, en charge de la communication des gardes-frontières de Floride.

Les 198 personnes restantes, qui avaient décidé de rester dans l’embarcation en bois, ont été transférées dans un bateau des garde-côtes américains, selon le responsable.

Le premier groupe est ainsi détenu par la police aux frontières tandis que le second groupe de migrants est sous la responsabilité des garde-côtes locaux.

« Ils sont tous sains et saufs », a souligné Alan Regalado.

Le service américain des douanes et de la protection des frontières a annoncé dimanche l’ouverture d’une enquête.

C’est la troisième fois en une semaine que les autorités américaines interceptent des migrants haïtiens cherchant à atteindre les États-Unis.

Vendredi, un groupe de 123 personnes avait été interpellé à bord d’un petit bateau au large d’Anguilla Cay (ouest des Bahamas) par les garde-côtes. Dimanche dernier, ces derniers avaient intercepté plus de 140 personnes au large d’Andros, la plus grande île des Bahamas.

Les passeurs de clandestins utilisent les Bahamas — un archipel à environ 80 km des côtes de la Floride — comme point de départ pour faire entrer aux États-Unis des personnes souvent originaires d’autres pays des Caraïbes comme Haïti, selon l’AFP.

« Les migrants qui tentent d’entrer illégalement aux États-Unis par la mer peuvent s’attendre à être rapatriés, quelle que soit leur nationalité », a déclaré la garde côtière, selon le Miami Herald.

Cependant, des défenseurs des droits des migrants demandent l’asile pour ces personnes interceptées. Si l’on se fie à l’histoire récente, la plupart des membres du groupe, sinon tous, seront ramenés en Haïti. Marleine Bastien, directrice exécutive du Family Action Network Movement, un groupe d’aide à but non lucratif pour les migrants haïtiens, espère cependant que cela ne se produira pas, peut-on lire dans cet article du Miami Herald. Elle explique que le pays est en proie à de graves troubles politiques et à une violence quotidienne. Les migrants, a-t-elle ajouté, devraient être considérés comme des réfugiés au lieu d’être renvoyés pour faire face au danger et à la mort éventuelle. « Ils fuient pour leur sécurité. Nous sommes les champions des droits de l’homme, soi-disant. Nous devons respecter le droit international et leur accorder une procédure régulière », a déclaré Mme Bastien au Miami Herald.

« S’ils venaient de n’importe quelle autre nation dans le monde, on leur accorderait l’asile ». Le flux migratoire s’est intensifié depuis une série de catastrophes l’été dernier. Il s’agit notamment de l’assassinat du président du pays, Jovenel Moïse, le 7 juillet 2021, de l’augmentation de l’activité des gangs, notamment des enlèvements et des viols, et du tremblement de terre meurtrier du 14 août 2021 dans la région sud d’Haïti. « Nous avons observé les flux migratoires au cours des 50 dernières années, et les chiffres augmentent toujours lorsque les niveaux de violence et d’instabilité sont élevés », a déclaré M. Bastien.

À six mois de la fin de l’année fiscale, l’année fiscale 2022 pourrait bientôt dépasser le nombre de migrants haïtiens que les garde-côtes ont arrêtés en mer pendant toute l’année fiscale précédente – 1 152 personnes contre 1 527 – si la tendance se poursuit, a souligné le Miami Herald.

Selon des données partagées fin janvier 2022 par les garde-côtes américains, entre le 1er octobre 2021 et fin janvier 2022, ils  ont secouru 802 migrants haïtiens contre 1 527 au cours des trois premiers trimestres de l’année 2021. Avec les 500 en une semaine du mois de mars et les 800 au premier trimestre de l’exercice (2021-2022), c’est 1300 migrants interceptés, soit un peu de 200 de moins pour représenter le nombre total de 1527 personnes secourues pour l’année 2021. Selon les chiffres des garde-côtes, 1 527 migrants haïtiens ont été interceptés en 2021, 418 en 2020, 932 migrants haïtiens en  2019, 609 migrants haïtiens en 2018, 419 en 2020.

Le Family Action Network Movement a publié lundi après-midi une déclaration exhortant l’administration Biden à cesser d’expulser les migrants haïtiens jusqu’à ce que les conditions dans la nation insulaire s’améliorent. « Le président Biden a promis d’apporter l’équité et la justice à son administration. Il est temps de mettre fin au double standard et de libérer les réfugiés haïtiens maintenant », peut-on lire dans la déclaration.

Lundi, l’agent Adam Hoffner, chef de la division des douanes et de la protection des frontières pour le secteur de Miami de l’agence, a déclaré au Miami Herald que les 158 migrants qui ont réussi à atteindre la côte sont détenus dans deux postes distincts de la patrouille frontalière – l’un à Dania Beach et l’autre dans la ville de Marathon, dans les Middle Keys. « Les autres ont été transportés à bord d’un cotre [des garde-côtes] en attendant le processus de rapatriement », a précisé M. Hoffner. Plusieurs enfants font partie du groupe, a précisé M. Hoffner, bien qu’il n’ait pas eu connaissance du nombre exact lundi soir. « Nous sommes toujours en train de traiter les migrants », a-t-il ajouté. Le service des douanes et de la protection des frontières des États-Unis a initialement déclaré dans un communiqué publié sur Twitter que le débarquement était un «événement de trafic humain».

«  Nous sommes préoccupés par l’augmentation du nombre de migrants maritimes.  En plus des programmes de développement visant à aider les Haïtiens à se construire un meilleur avenir en Haïti, nous rappelons à toute personne envisageant de migrer de manière irrégulière les dangers du voyage.  Ces navires ne sont pas sûrs. Ne mettez pas votre vie en danger », avait indiqué à Le Nouvelliste, fin janvier 2022, le porte-parole de l’ambassade des Etats-Unis à Port-au-Prince, Christopher Johnson.

Entre-temps, en Haïti, l’insécurité alimentaire qui touche 4,6 millions d’Haïtiens gagne du terrain sur fond d’inflation de 24,6 % en janvier. Le pouvoir d’achat des ménages risque de réduire davantage avec les flambées des prix du pétrole et d’autres matières premières comme le blé.

Ce mardi matin, sur fond d’annonce d’embargo des Etats-Unis sur le pétrole russe, les cours s’approchaient à nouveau de leurs sommets depuis 2008, atteints lundi, à 139,13 dollars pour le Brent et à 130,50 dollars pour le WTI. Le blé meunier a atteint 435 euros la tonne sur le marché européen, peut-on lire dans le journal de Montréal. L’insécurité s’est aggravée sur fond d’impasse politique.

 

 

 

Source: Le Nouveliste

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