Martissant, le désert de la mort !

Qui l’aurait dit. Qui l’aurait cru. Personne. Vraiment personne ne pouvait imaginer que Martissant, ce quartier surpeuplé installé depuis des décennies dans le sud de la capitale haïtienne, allait être transformé depuis quelques jours en un véritable désert, où la mort rode à chaque coin et recoin, constate lundi 21 juin, un reporter de Haiti Press Network.

Depuis le début de ce mois de juin, les affrontements armés entre des groupes de bandits rivaux utilisant des armes de guerre ont forcé de nombreuses paisibles familles sans secours à fuir les quartiers de Martissant et de Fontamara. Parmi ces personnes, certaines n’avaient même pas une destination finale avec des enfants en bas âges.

Toutes les activités sont censées paralysées dans ces quartiers complètement vidés de leur population qui tente de se mettre à l’abri, soit dans un centre d’accueil ou chez un proche dans la commune de Carrefour pour éviter la prochaine balle perdue, dans le cadre de ces affrontements aveugles entre les gangs qui opèrent en toute impunité dans ces lieux devenus tristement de véritables repères de bandits sans foi ni loi.

Les rues de Martissant sont totalement vides. Pas même des chiens y traversent. Les portes des entreprises et des maisons habitables sont fermées. Le commerce informel n’existe plus. Des maisons de famille sont livrées aux voleurs et aux pillards qui profitent de l’absence des gens pour remplir leurs sacs en toute quiétude d’esprit.

Plus d’embouteillage sur la grand’ rue au niveau de Martissant qui constituait pourtant un vrai nœud gordien de la circulation. Quoiqu’à bord de véhicule, on a la forte sensation de prendre un grand risque au péril de sa vie de passer à Martissant, visiblement abandonné par l’État et livré aux bandits qui sèment la panique jour et nuit par des rafales d’armes automatiques et des concerts de cartouches.

Jusqu’à présent, les gens ne peuvent toujours pas retourner chez eux après environ trois semaines de déplacement forcé. La guerre qui se poursuit entre bandes armées rivales continue de faire des victimes.

Hier lundi 21 juin encore, des riverains ont signalé à HPN une personne tuée à Martissant 23. Elle aurait été tuée par balles. Le cadavre de la victime gisant dans son sang s’est retrouvé jusqu’à ce mardi matin sur le macadam, après avoir été lavé par la pluie qui s’est abattue sur Port-au-Prince hier après-midi.

Cette situation de violence dans un contexte socio-politique et économique précaire qui gangrène le pays, particulièrement la région métropolitaine de Port-au-Prince, ne touche pas seulement les quartiers de Martissant et de Fontamara. La situation n’est pas différente au bas de Delmas, la route de l’aéroport, La Saline, Cité Soleil, Bel Air où les riverains se retrouvent dans l’enfer des gangs qui occupent ces zones.

Le plus triste dans tous ces scénarios, c’est la situation désespérée de ces populations aux abois qui regardent l’attitude passive de l’Etat qui n’a posé aucune action concrète pour venir en aide aux riverains de ces bidonvilles. La police qui a pour mission de garantir un minimum de sécurité aux gens, ne peut pas intervenir faute de moyens adéquats. L’État affiche plutôt à la fois un signe d’impuissance et du laisser faire. Ce, déplore plus d’un, au détriment des plus vulnérables de ces quartiers modestes privés de quasiment tout.

 

 

 

Source: HPN

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