Referendum constitutionnel : Quel choix reste-il au président Jovenel Moise ?

Le président Jovenel Moise avait donné le ton dès les premiers jours de l’année 2021 en affirmant que ses trois grands chantiers pour les 12 derniers mois de son quinquennat étaient le referendum, les élections et l’électricité 24h/24.

D’ailleurs pour renforcer sa position, le 05 janvier, le conseil électoral disposait déjà d’un cadre légal l’habilitant à organiser les élections et le referendum constitutionnel. Malgré les controverses qui existaient à l’époque sur le CEP installé en septembre 2020 et le comité consultatif indépendant qu’il a créé en octobre, Jovenel Moise a publié un décret confirmant sa velléité d’avancer dans ses projets.

Un projet que l’équipe au pouvoir avait du mal à faire passer et les raisons étaient nombreuses : d’abord l’idée même d’un referendum pour changer de constitution était rejetée par certains qui jugeaient la démarche inconstitutionnelle au regard des prescrits de la loi mère de 87. De son côté la classe politique estimait que le moment n’était pas opportun arguant que le président Jovenel Moise avait certaines velléités dictatoriales. Et c’est lorsque le comité consultatif indépendant a publié le texte de l’avant-projet de constitution que d’autres voix allaient s’élever pour dénoncer un document liberticide et autoritaire.

Des représentants de la société civile organisée, des responsables politiques, des proches du pouvoir en place, la famille politique même du président Moise, tous avaient des réserves sur le referendum mais pas pour les mêmes raisons.

Malgré tout, le pouvoir en place est resté accroché à son projet et nombreux estimaient que c’était grâce au soutien de l’international qui toutefois s’était montré prudent face à cette initiative. Même après la sortie du Bureau Intégré des Nations Unies en Haïti, BINUH, qui avait dénoncé un processus pas assez inclusif, personne ne croyait que le président était seul dans sa démarche. Il a fallu, lundi, le communiqué du Core Group (composé des ambassadeurs d’Allemagne, du Brésil, du Canada, d’Espagne, des Etats Unis, de l’Union Européenne, du représentant spécial de l’OEA et de la représentante spéciale du secrétaire général des Nations Unies) pour confirmer que la communauté internationale prend ses distances au referendum constitutionnel. Une large consultation autour du projet, c’est le souhait exprimé par les diplomates, mais pour le moment, ils trouvent le processus pas suffisamment inclusif, participatif et transparent.

En Haïti, quand un président fait face à des contestations locales, l’international lui sert le plus souvent de refuge. Mais aujourd’hui que les alliés internationaux du chef de l’état semblent tourner le dos au processus référendaire alors que dans le pays le projet devient de plus en plus impopulaire, que peut être le choix de Jovenel Moise ? Maintenir le cap sur le 27 juin risque-t-il vraiment d’envenimer la crise ? Annuler le processus ne profiterait-il pas à l’opposition qui attend depuis 4 ans ne serait-ce qu’une petite victoire sur le pouvoir Tèt Kale?

Jovenel Moise pourra-t-il dégager le consensus nécessaire autour de son « chantier » ou tentera-t-il de passer en force ? Après tout, ce ne serait pas son premier coup.

 

 

 

 

Source: HPN

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