Opération ratée à Village-de-Dieu : Évans Paul déplore qu’il n’y ait eu ni démission ni réparation
Bientôt un mois depuis l’échec de l’opération policière ayant conduit au meurtre d’agents des forces de l’ordre à Village-de-Dieu (contrôlé par des gangs armés), de nombreux citoyens attendent encore de véritables explications, voire des réponses adéquates de la part des autorités, notamment le haut commandement de la Police nationale d’Haïti. Évans Paul, pour sa part, considère cet échec « comme une catastrophe, une débâcle de la police et de l’image du pays ». L’ancien Premier ministre, qui intervenait, lundi soir, à l’émission « Haïti Sa k ap kwit » sur télé 20, a déploré qu’il n’y ait, jusqu’ici, ni démission ni réparation à la suite de cette affaire.
« Lorsque ces choses arrivent dans un pays, elles entraînent des conséquences morales. Je pense que le pays attend encore des explications sur ce qui s’est passé. Et il n’est pas normal que Village-de-Dieu, situé à quelques pas de la Primature et du Palais national, soit devenu une zone intouchable où les bandits commettent des exactions, comme bon leur semble », avance Évans Paul, insatisfait des réponses apportées par les dirigeants de ce pays.
« Ce qui m’a le plus dérangé dans cette affaire, c’est qu’il n’y a ni démission ni réparation. Il devait y avoir l’une ou l’autre. Les bandits ne doivent pas rester impunis ; il fallait avoir une opération pour récupérer les cadavres réclamés par les familles des victimes », soutient l’ex-Premier ministre, qui évoque une certaine défaillance dans le comportement des responsables.
Évans Paul dit déplorer qu’à la suite d’un tel événement les responsabilités ne soient pas fixées. La population a besoin d’être mise en confiance, estime-t-il. Bien qu’il tienne à rappeler que le problème d’instabilité, la situation d’insécurité, le problème du dysfonctionnement de l’État n’ont pas débuté ni ne débutent avec la présidence de Jovenel Moïse, l’ancien chef du gouvernement précise qu’il n’enlève nullement la responsabilité du gouvernement qui doit s’atteler à sa mission de protéger la population. Mais, par-delà ce pouvoir, il appelle à l’implication de tous les acteurs pour mieux aborder les problèmes, afin d’éviter le pire à l’avenir.
À ceux qui, par ailleurs, évoquent souvent la connivence entre les bandits et les hommes politiques (du pouvoir et de l’opposition), Évans Paul se veut prudent et entend exprimer une position nuancée : « Je ne vois pas dans quel intérêt des gens du pouvoir peuvent s’associer à un bandit, car la plus grande faiblesse de l’image du pouvoir, c’est le bandit. Ce dernier est un opportuniste, sans idéologie ni sens de solidarité. Lui attribuer un parrain (un patron) ne fait que renforcer cette réalité », à en croire Évans Paul.
Si certains tendent à expliquer, voire justifier les actes de banditisme associés à la situation de pauvreté du pays, Évans Paul souligne qu’Haïti était toujours un pays pauvre, mais il n’avait pas jadis eu ces types d’exactions. « Je ne crois pas que les mauvaises conditions de la vie ne puissent amener les gens à voler, piller, kidnapper et poser des actions répréhensibles, abominables. Il faut le condamner. Il ne doit pas y avoir des prétextes, ni de justification pour expliquer le kidnapping », dit l’homme politique, qui réitère son appel à l’implication de tous les secteurs pour faire front commun afin de combattre le banditisme, en particulier le kidnapping qui ne cesse d’appauvrir particulièrement les éléments de la classe moyenne de ce pays.
Source: Le Nouveliste