La BRH a déjà injecté 47 millions de dollars sur le marché des changes
« Jusqu’au 24 août, la Banque de la République d’Haïti (BRH) est déjà intervenu sur le marché des changes à hauteur de 47 millions de dollars depuis notre décision d’injecter 150 millions de dollars sur ledit marché d’ici la fin de cet exercice fiscal », a annoncé ce mercredi 26 août en conférence de presse le gouverneur Jean Baden Dubois. Il a profité de cette conférence qui s’est déroulée au Centre de convention et de documentation de la BRH pour lancer une mise en garde : « La BRH a les reins solides. Nous avons une réserve de 651 millions de dollars américains. Ceux qui croient qu’ils peuvent se jouer de la BRH sont en train de perdre leur temps. S’ils veulent perdre de l’argent, qu’ils continuent. »
Le numéro un de la BRH a fait valoir les résultats obtenus dans le cadre de ses interventions à répétition sur le marché des changes ces derniers temps afin de stabiliser le taux de change. « Nous avons commencé à intervenir sur le marché des changes le 10 août écoulé. Ce jour-là, le taux de référence était de 121, 17 gourdes pour un dollar et le taux moyen d’acquisition (TMA) était de 123,39 gourdes pour un dollar. Aujourd’hui, le taux de référence est de 118,76 gourdes et le TMA se chiffre à 119,63 gourdes », se réjouit le gouverneur Jean Baden Dubois.
D’après le gouverneur, la détérioration des fondamentaux macroéconomiques ne justifie pas celle du taux de change. Sans aucun doute, il a soutenu que les anticipations négatives des acteurs pour trouver le dollar vont se poursuivre et une baisse des activités commerciales sera constatée au cours du mois de septembre. En plus de ses considérations, le gouverneur dit constater une diminution de l’offre de devises. « L’intervention de la BRH sur le marché des changes s’inscrit dans le cadre des mesures visant à casser les anticipations négatives », a affirmé Jean Baden Dubois.
« La banque centrale à elle seule ne peut pas résoudre le problème du taux de change. Cependant, la BRH continue de jouer sa partition en attendant que les autres acteurs fassent aussi leur devoir », a promis M. Baden, soulignant que le gouvernement s’apprête à jouer son rôle quand il a décidé de dépenser en fonction des recettes afin d’éviter de recourir au financement monétaire. L’affichage des prix en gourdes constitue un autre problème sérieux à résoudre. Pour le gouverneur, l’instance qui devrait prendre les décisions pour freiner cette dérive commence à se faire sentir.
Au cours de cette conférence, Jean Baden Dubois a communiqué cinq éléments qui devraient permettre de comprendre ce qui se passe sur le marché des changes. D’abord, il a fait référence à la diminution de l’offre des devises. « D’octobre 2019 à juin 2020, les exportations haïtiennes ont baissé de 25,7%. Il y a aussi une baisse au niveau du flux des visiteurs », a indiqué le gouverneur Jean Baden Dubois, soulignant, toutefois, une augmentation des transferts.
En outre, le numéro un de la BRH a souligné le non-respect des promesses faites par les bailleurs à l’exception de l’Union européenne pour expliquer la baisse au niveau des devises. Aussi, il n’a pas écarté l’impact du financement monétaire sur la dépréciation de la gourde. Un autre élément, pas le moindre, considéré par le gouverneur est le glissement du marché des changes vers le marché informel. « Quand on a fait, en juin 2019, le calcul du ratio transfert sur achat de devise, il était autour de 105% et il est passé à 203% en juin 2020. C’est-à-dire, sur 100 dollars de transfert qui rentrent dans l’économie, il y a plus de 50 dollars qui passent par l’informel », a déploré Jean Baden Dubois, soulignant que plus de 50 dollars passent maintenant par l’informel. La banque centrale ne contrôle pas le marché informel.
Il y a aussi l’anticipation négative des acteurs qui, selon le gouverneur, pose des problèmes sur le marché des changes. Il n’est pas possible, dit le gouverneur, que chaque businessman fixe son propre taux de change. L’atmosphère d’insécurité qui règne dans le pays n’est pas sans conséquence sur le taux de change puisqu’elle empêche, entre autres, la circulation des marchandises. Le gouverneur se montre aussi préoccupé par l’augmentation des dépôts en dollars dans le système bancaire.
Source: Le Nouveliste