Attaque contre le personnel de l’hôpital universitaire La Paix

Les médecins de l’hôpital universitaire La Paix, les patients hospitalisés et les garde-malades ont vécu dans la soirée du mercredi 5 au jeudi 6 août l’un de leurs pires cauchemars quand trois individus, dont un policier, ont mis à exécution des menaces proférées un peu plus tôt et ont saccagé des bureaux de l’hôpital, détruit les pare-brise des véhicules des médecins et vidé les chargeurs de leurs armes dans l’enceinte de l’établissement.

« Tous les médecins et les garde-malades ont pris la fuite au moment où les individus tiraient en l’air au sein de l’hôpital. Certains se sont réfugiés dans la résidence, et d’autres se sont enfermés dans la salle de conférence de l’hôpital. C’était la panique totale. On était très en danger », a affirmé, encore sous le choc, un témoin interrogé par journal le jeudi 6 août vers les 4 heures de l’après-midi.

Mercredi, il était au environ de 10 heures du soir quand les trois individus sont arrivés à l’hôpital avec un nouveau-né référé par la Maternité Isaïe Jeanty, dit Chancerelles. Faute de place, les deux médecins de garde de sexe feminin qui les avaient reçus, leur ont expliqué qu’il leur fallait se rendre dans un autre centre hospitalier car elles n’étaient pas en mesure d’assurer une prise en charge du bébé.

Le service d’urgence de la pédiatrie était saturé. Tous les lits de la néonatologie étaient occupés. Malgré les multiples explications des médecins, les trois hommes, se sont montrés opiniâtres et agressifs. « Ils ont dit qu’ils ne vont nulle part, que le nouveau-né devait être pris en charge sur place », raconte notre source.

Pendant les échanges, l’un des trois individus a sorti son badge et a indiqué qu’il est un policier. Il a ajouté pour dire : « Sa pa gade m. Depi bebe a gen yon problèm m ap tounen pou m vin plonbe nou tout la ». Ils étaient devenus tellement violents que les médecins commençaient à craindre pour leur vie. Pendant qu’ils agressaient l’une d’entre elles, l’autre a pris la fuite. Quand l’autre voulait quitter la salle, ils lui ont indiqué qu’elle n’irait nulle part. « c’est grâce à un stratagème qu’elle a pu s’échapper », a témoigné notre source.

Constatant que les médecins n’allaient pas revenir, les trois hommes ont quitté l’hôpital. Vers les 3 heures du matin, ils sont revenus et ont semé la panique à nouveau. « Ils ont saccagé des bureaux et des bancs, lancé des pierres. N’ayant pas trouvé les médecins dans le service d’urgence pédiatrique, ils ont entré dans la salle de la maternité et brisé les vitres », a expliqué un autre témoin sous le couvert de l’anonymat.

Ce dernier a fait remarquer que « dans les hôpitaux universitaires publics, les résidents qui sont les poumons des hôpitaux sont traité en parents pauvres. Alors qu’ils exposent leur vie, les responsables ne font rien pour les protéger. En dépit de multiples agression dont sont victimes régulièrement le personnel soignant dans ces structures hospitalières, les mesures de sécurités ne sont jamais renforcées. Au lieu d’exiger des mesures de sécurité, le chef de service de la pédiatrie qui a rencontré les médecins après l’incident a préféré tenir un discours au saveur de la résignation. « Ce n’est pas la première fois que cela se produit. Vous ne devriez pas être trop émotif »,a-t-il dit, rapporte un médecin qui a participé à la réunion.

Le 15 janvier 2019, des individus avaient agressé des médecins résidents á l’Hôpital de l’Université d’Etat d’Haïti. Les médecins avaient observé plusieurs semaines d’arrêt de travail en signe de protestation. Le ministère de la Santé publique et de la Population (MSPP) avait annoncé une série de mesures visant au renforcement de la sécurité dans les hôpitaux publics. Le journal a constaté que certaines dispositions ont été prises mais leurs applications était de courte durée.

Le journal a tenté vainement de trouver un responsable du MSPP pour un commentaire sur cet énième incident. Cet incident s’est produit dans un moment où le climat de sécurité se détériore à travers le pays. Les hôpitaux qui, en pleine pandémie de la Covid-19, travaillent sans relâche, méritent une attention spéciale

 

Source: Le Nouveliste

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