Le salaire des juges n’a pas augmenté d’un centime depuis plus d’une décennie…
C’est le président de l’Association nationale des magistrats haïtiens (ANAMAH), le juge Jean Wilner Morin, qui l’a confirmé mercredi soir sur le plateau de l’émission télévisée « Haïti, sa k ap kwit ? ». Depuis plus de dix ans, le salaire des juges dans le système judiciaire n’a pas augmenté d’un centime. Et la situation s’avère plus difficile face à la cherté de la vie dans le pays en ce moment.
Ils sont à peu près 844 juges évoluant dans le système judiciaire haïtien. 10 juges, dont une femme, siègent à la Cour de cassation. 52 juges, dont 42 hommes et 10 femmes, s’exercent à la cour d’appel. 109 juges, dont 165 hommes et 44 femmes, sont dans les tribunaux de première instance et du travail. 571 juges, dont 528 hommes et 43 femmes, fonctionnent dans les tribunaux de paix.
Compte tenu des mauvaises conditions de travail, le juge Jean Wilner Morin révèle que beaucoup de ses collègues manifestent la volonté d’abandonner cette voie, à la recherche d’autres sphères d’activité (soit dans le commerce ou simplement militer comme avocat). « Nous disons en même temps au Conseil supérieur du pouvoir judiciaire (CSPJ) : donnez-nous de meilleures conditions de travail, et continuez à faire votre travail de purification pour enlever les mauvais grains du système », s’est-il exprimé.
Plus d’une fois, les magistrats, dans le système, observent des arrêts de travail pour faire passer un ensemble de revendications. Le juge Morin estime que c’est une honte que chaque année les juges soient obligés d’observer un arrêt de travail parce qu’ils ont le même salaire depuis plus d’une décennie. Et en dépit du niveau élevé d’inflation et du coût de la vie, le traitement salarial accordé aux juges ne s’améliore pas. Actuellement, le juge d’instruction, pris comme exemple, perçoit un salaire estimé à environ 280 us, tenant compte du taux de change. Une situation déplorable, de l’avis du magistrat, qui évoque de nombreuses autres difficultés de travail qui constituent des freins à l’assurance d’un plan de carrière des juges qui, pourtant, détiennent un pouvoir de décision au nom de la République.
À part son métier de magistrat, le juge ne peut s’adonner qu’à l’enseignement, selon la loi. Il ne peut exercer d’autres activités, notamment dans le commercial et/ou l’économie, rappelle le juge Jean Wilner Morin.
Dans le cadre de leur grève, le juge Jean Wilner Morin affirme qu’ils travaillent avec le CSPJ qui a rencontré le pouvoir exécutif, pris des engagements et fait un ensemble de promesses. Au niveau du CSPJ, certains engagements sont sur le point d’être respectés. Certains autres engagements ne dépendent pas totalement de cette structure, souligne-t-il. Mais en ce qui concerne la question du salaire, Me Morin informe que l’exécutif promet de l’aborder au prochain exercice fiscal. Mais, pour prouver leur bonne foi, les magistrats ont observé une trêve pour mieux servir les justiciables, explique-t-il.
Source: Le Nouveliste