La propagation du virus ralentit, mais la menace est constante», soutient le Dr Jacques Boncy
Le directeur général du Laboratoire national de santé publique, le Dr Jacques Boncy, a fait le point sur la situation de la pandémie en Haïti le mardi 28 juillet 2020. Un peu plus de quatre mois après le diagnostic des deux premiers cas, les activités de « testing » au Laboratoire national de santé publique vont dans le sens d’une menace toujours imminente en dépit d’une baisse progressive dans la propagation du virus.
Depuis le début de la pandémie, le Laboratoire national de santé publique a réalisé environ 12 000 tests et plus de 7 000 personnes ont été testées positives au Sars-Cov-2. Au détour des discussions que la politique de « testing » avaient suscitées dans la société, le Laboratoire national de santé publique avait indiqué « qu’Haïti ne pourrait pas tester toute la population, encore moins avoir une idée exacte du nombre de personnes infectées. Les tests servent à suivre l’évolution de la pandémie dans le temps afin de prendre les décisions qui s’imposent. »
«Il y a une chute évidente du taux de positivité qui est estimé à 18% ces derniers jours, mais il serait dangereux de tirer une conclusion hâtive. Le virus est toujours là», soutient le Dr Jacques Boncy, membre de la cellule scientifique de la gestion de la crise de la Covid-19 en Haïti. Pour corroborer son analyse, le directeur du Laboratoire national de santé publique s’arc-boute sur les cas d’un pays comme Italie et un État comme New York aux États-Unis.
«L’Italie et l’État de New York ont été frappés sévèrement par la pandémie, après il y a eu une accalmie. Pour évaluer le risque et prendre les bonnes décisions, les autorités sanitaires concernées ont réalisé des tests sérologiques pour avoir une idée de la seroprévalence, c’est-à-dire le pourcentage de personnes relativement protégées contre le virus. Seulement 25% de ces populations ont développé des anticorps, autrement 75% de ces populations auraient attrapé le virus», relate le Dr Jacques Boncy, professeur à l’Université d’État d’Haïti.
Toujours dans cette même lignée, il rappelle qu’à la fin du mois d’avril et au début du mois de mai, la circulation du virus était tout aussi lente au point que certaines personnes se demandaient si la maladie était réellement en Haïti. Ensuite, rappelle-t-il, le pays a connu son pic.
Par ailleurs, le Dr Boncy précise que rien n’a changé dans la politique de testing, « au contraire, elle a été décentralisée. Maintenant, on peut se faire tester dans les département du Nord, du Centre et du Sud. Des structures hospitalières qui reçoivent beaucoup de patients comme Sainte-Boniface et St-Damien peuvent réaliser le test. L’apport des centres GHESKIO ainsi que Zanmi Lasante à la frontière a été renforcé. »
«L’Ouest reste le département où l’on réalise le plus grand nombre de tests, soit 65% de la totalité. Puis, il y a le département du Nord. La frontière reste toujours une menace dans la mesure où un nombre considérable de cas positifs ont été diagnostiqués dans les points de contrôle à la frontière haïtiano-dominicaine. On arrive jusqu’à présent à prendre les bonnes décisions à temps et limiter les dégâts. Cependant, la circulation très lente du virus n’est pas synonyme de sa disparition. La population doit rester sur ses gardes», conseille le Dr Jacques Boncy.
Dans cette entrevue exclusive accordée au Nouvelliste, le directeur du Laboratoire national de santé publique pense qu’il faut rester vigilant. Au moment opportun, le pays peut choisir de passer à autre chose, à ce moment, il y aura des évidences scientifiques. Pour l’instant, il y a une baisse progressive, certes, mais le virus est toujours là.
Source: Le Nouvelliste