« Ce serait une erreur de croire que tous les cas de fièvre sont liés à la Covid-19 », estime Jean-Hugues Henrys, membre de la cellule scientifique

Le nombre des personnes testées positives au nouveau coronavirus (Covid-19) en Haïti ne fait qu’accroître, selon les chiffres officiels fournis par les autorités sanitaires. Beaucoup de gens affirment avoir ressenti les symptômes liés au virus (fièvre, toux, perte du goût et de l’odorat). Si certaines autorités sanitaires estiment qu’il n’existe aucune autre épidémie de fièvre que celle du coronavirus dans le pays, l’infectiologue Jean-Hugues Henrys, membre de la Cellule scientifique établie par la présidence pour réfléchir et faire des propositions au gouvernement dans la gestion de la maladie sur le territoire, est d’avis contraire.

 

 

« Ce serait une erreur de croire que tous les cas de fièvre sont liés à la Covid-19 », avance le docteur Jean-Hugues Henrys sur le plateau de l’émission « Haïti, sa k ap kwit ? » réalisée jeudi soir sur la chaine 20. L’infectiologue tient à rappeler qu’il y avait la fièvre en Haïti bien avant le coronavirus, et qu’il y en aura après. Reconnaissant  toutefois que l’épidémie est sur tout le territoire, le médecin souligne que nous sommes en présence d’une maladie nouvelle. Ce qui implique des mises à jour sur la base des recherches scientifiques. « Personne ne sait tout de la maladie. Personne ne peut être entièrement affirmatif », croit-il.

Pour ce qui concerne Haïti, les autorités effectuent des tests sur les cas suspects, explique l’infectiologue, soutenant que cette stratégie est adoptée en fonction de la capacité du pays, de la quantité de tests et de ressources humaines disponibles. Une stratégie qui n’est pas adoptée par les autres pays qui ont plus de capacité, reconnait le médecin qui pense que le pays s’achemine en ce moment vers le pic de la maladie. Jean-Hugues Henrys, qui est aussi président de l’Association médicale haïtienne (AMH), affirme que les cas enregistrés ne représentent pas l’ensemble des cas dans le pays.

S’agissant de l’implication du milieu universitaire dans le travail de la cellule scientifique, Jean-Hugues Henrys assure que les membres entretiennent des relations avec certaines institutions nationales (dont l’Université d’État d’Haïti, l’Université Quisqueya) et d’autres universités étrangères. Il soutient que le Laboratoire national de santé publique, par exemple, travaille en réseau avec des universités et laboratoires dans le monde. « Nous avons accès à des recherches qui se réalisent dans le monde. Nous mobilisons aussi tout ce que nous avons comme ressources pour alimenter nos réflexions et nos recommandations », garantit-il, avant d’avancer que leurs recommandations sont réalistes en tenant compte de la situation du milieu haïtien.

Pour l’infectiologue, cette crise nous donne l’opportunité de tisser des liens avec d’autres secteurs de recherche, d’autres milieux universitaires partout dans le monde, tout en renforçant ce dont ils disposent déjà comme moyens.

Par ailleurs, interrogé sur le dialogue engagé entre le président haïtien et celui de Madagascar concernant un éventuel « remède naturel » qui serait efficace contre le coronavirus dans ce pays-là, le docteur Henrys se veut prudent. « J’estime que monsieur Moïse a le droit de parler avec qui il veut. C’est son droit en tant que personne d’interroger qui il veut… Cela n’engage pas la cellule », répond-il au micro du présentateur de l’émission, Robenson Geffrard.

« La cellule n’est pas directement dans l’opérationnel. Elle a pour tâche, d’une part, de collecter le maximum d’informations sur la maladie, et de formuler des recommandations pour les acteurs des différentes instances opérationnelles », précise Dr Jean-Hugues Henrys, insistant sur le fait que la Cellule scientifique ne s’est encore entendue sur aucune recommandation à propos d’un produit miracle devant traiter la maladie.

 

Source:| Le Nouvelliste

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *