La mauvaise gestion des cas confirmés augmente les risques de propagation

Les citoyens et les groupes organisés entre autres, des responsables politiques et d’organisations de droits humains, continuent de dénoncer, voire de critiquer, la gestion de la crise du nouveau Coronavirus par le gouvernement haïtien.

 

En effet, dès l’annonce des premiers cas le 19 mars dernier, des distorsions dans les communications officielles laissaient planer le doute sur la présence de la maladie dans le pays au point que des citoyens hésitaient à appliquer les mesures barrières en ce qui a trait notamment au lavage régulier des mains et à la distanciation sociale.

 

Aujourd’hui, alors que le pays vient d’enregistrer le bilan le plus lourd de victimes en une journée, soient 31 nouvelles contaminations et 3 décès, et que l’obligation de porter des masques en milieu public entre en vigueur, la gestion de la crise à Carrefour, dans le département de l’Ouest, aux Gonaïves dans l’Artibonite et à Jérémie au niveau de la Grand-Anse, fait craindre le pire dans les jours et semaines à venir.

 

En effet, la ville de Jérémie, qui vient d’enregistrer ses deux premiers cas, mériterait d’être placée sous les projecteurs. L’agence en ligne a appris que l’une des personnes qui seraient atteintes de la maladie, a quitté la ville pour rentrer à Port-au-Prince dans un autobus du transport en commun où les voyageurs sont régulièrement entassés comme des sardines.

 

Ses proches démentent d’ailleurs qu’elle serait réellement infectée car, s’il est vrai qu’elle présentait des symptômes de la maladie, les résultats de son test n’avaient pas encore été disponibles lors de son voyage vers la capitale haïtienne.

 

Il n’y avait donc aucune disposition pour, ne serait-ce un simulacre, une mise en quarantaine domiciliaire (qui ne serait d’ailleurs pas respectée). En plus, ses proches n’ont pas non plus été testés, ni sommés de rester chez eux.

 

Un autre membre de cette même famille, qui présentait également les symptômes du Covid-19, n’a toujours pas les résultats de son test réalisé le jeudi 7 mai dernier alors qu’il circule normalement dans les rues sans aucune attention particulière. Une attotude qui pourrait faciliter la multiplication des cas de contamination au sein de la population dans la Grand Anse.

 

Aux Gonaïves, qui vient d’enregistrer son premier décès lié au Covid-19, le directeur médical de l’hôpital La Providence des Gonaïves (HPG) où cette personne avait été admise, Dr Exène Joseph, a fait savoir que ses proches avaient réussi à tromper la vigilance du personnel médical et sécuritaire pour l’aider à quitter l’enceinte et, évidemment, il y a eu plusieurs contacts avec des habitants de la Cité de l’Indépendance avec les risques que cela comporte.

 

Pour ce qui est de la commune de Carrefour, c’est l’édile en personne, Jude Édouard Pierre, qui est monté au créneau pour dénoncer l’attitude des autorités sanitaires pour avoir omis de le mettre au courant que des personnes atteintes du Covid-19 étaient soignées dans un centre de santé se trouvant à Carrefour.

 

« Nous autres Maires, nous avons le droit d’être mis au courant de la situation afin d’adopter les décisions qui d’imposent », a-t-il martelé ce lundi matin.

 

Le moins qu’on puisse dire, au regard de ces trois cas, qu’il s’agisse de Carrefour, des Gonaïves ou de Jérémie, la mauvaise gestion des cas avérés par les autorités sanitaires haïtiennes risque de se transformer en un véritable vecteur de propagation de la maladie.

 

Rappelons que le ministre de travaux publics, transports et communication, Joacéus Nader, avait fait savoir que si les citoyens continuent d’ignorer les principes barrières, d’ici la fin de ce mois de mai et le début du mois de juin, le nombre de décès par jour pourrait se situer dans une fourchette allant de 1000 à 1500 morts.

 

Mais comment adopter les mesures barrières de manière efficace si, par une mauvaise gestion des cas avérés, des personnes positives au Covid-19 sont, comme pour ainsi dire, laissées libres de leurs mouvements ?

 

Source:HPN

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