100 gourdes pour 1 dollar, la bar fatidique est atteinte, y a-t-il lieu de se paniquer ?

L’actualité économique du weekend dernier est marquée par l’atteinte de cette bar fatidique du taux de change dans l’économie haïtienne, malgré que jusqu’à présent le taux moyen d’acquisition (TMA) ou encore le taux moyen avec lequel les banques commerciales vendent le dollar n’a pas encore dépassé les 100 gourdes.

A rappeler que le dernier TMA de ce lundi 6 avril est de 99.69 gourdes pour 1 dollar. Toutefois il y a deux banques du système bancaire qui pratiquaient un taux respectivement de HTG 100.03  et HTG 100.16 au cours de cette même journée.

Ce niveau historique de 100 gourdes pour un dollar n’est pas une surprise. C’était attendu, car toutes les conditions était réunies avec une augmentation des importations depuis fin novembre 2019 après le ‘’pays lock’’, ce qui avait provoqué une forte pression sur le dollar, alors que la croissance des rentrées de devises dans l’économie était à la baisse, surtout avec la baisse des activités au niveau du secteur de l’hôtellerie et du tourisme en général.

Ensuite, il y a ce problème de désinvestissement, où des gens retiraient leurs dollars dans les banques pour laisser le pays, suites aux mouvements sociaux du début février qui paniquaient le marché et également la question du kidnapping qui allait augmenter les anticipations des agents économiques. Il ne faut pas oublier aussi ce grand écart entre les dépenses et les recettes de l’état qui accouchait un niveau de financement monétaire élevé qui ne reste pas sans des conséquences sur le taux de change.

La grande question maintenant c’est de se demander jusqu’à quel niveau cette perspective de baisse des importations, notamment une baisse des produits pétroliers en valeur, car le prix du baril a été coupé de plus de moitié, et aussi l’appui de nos bailleurs internationaux pourraient compenser les manques à gagner ou encore les pertes de rentrées de devises dans l’économie dans les mois à venir ? En parlant de don de l’international,  on veut parler d’environ $60 millions de la Banque mondiale, de  $50 millions de la BID, de $42 millions du FMI et d’environ $37 millions de l’Union européenne, soit un total d’environ 18 milliards de gourdes

Il y a tellement de scénarii pour les perspectives, ce n’est donc pas facile de prévoir ce qui va se passer sur le marché des changes dans les mois à venir. De plus, il convient de noter que le plus grand choc pourrait ne pas être le taux de change, mais cette possibilité de rareté de produits sur le marché et d’éventuelles paniques suite à des déclarations des autorités qui font augmenter les prix, comme c’était le cas le 19 mars dernier, où l’on annonçait les deux premiers de covid-19 enregistrés par Haïti.

A mentionner que selon l’Organisation des Nations Unies (ONU) et l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC), la pandémie de coronavirus fait peser un risque de crise alimentaire mondiale.

 

Riphard Serent, MPA

Economiste

Riphardserent@gmail.com

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