Haïti-Coronavirus : les habitants de Canaan, confinés et sans eau, lancent un cri d’alarme

À l’heure où la pandémie Coronavirus fait des victimes dans le pays, et au moment où les autorités sanitaires craignent le pire, les habitants de Canaan, non loin de la commune de la Croix des bouquets sur la route nationale #1 confient à HPN leur manque cruel d’eau pour se laver les mains, moyen jusqu’à présent efficace pour prévenir la maladie.

 

 

Dans cette région plusieurs milliers de personnes s’entassent depuis le terrible tremblement de terre du 12 janvier 2010 dans des taudis. Cette communauté fondée spontanément est privée de toutes les infrastructures nécessaires pour vivre. Malgré la présence d’un point fixe de la police nationale, Canaan reste l’un des quartiers les plus dangereux.

 

C’est dans ce contexte que les 86 000 habitants de Canaan et ses environs se préparent à affronter  l’arrivée du Coronavirus. Marie Esther, une femme dans la quarantaine nous confie qu’elle utilise de l’eau de puits pour étancher sa soif et celle de sa petite famille.

 

 « Ce matin, j’ai pu avoir quelques gouttes d’eau pour mon bébé grâce à ma voisine. J’ai rempli le biberon de mon enfant car je ne pouvais pas en acheter », a juré Marie Esther cette mère.

 

 Plus loin, une autre sexagénaire vit avec ces trois enfants et son petit fils de quelques mois dans un habitat de fortune de 3m2 environ. Pour elle, la situation n’est pas différente. Cette veuve a du mal à se laver les mains comme tous les habitants des zones de Jérusalem, de Corail et de Canaan, situées au Nord de Port-au-Prince.

 

 « Les consignes, je les connais, mais nous ne pouvons pas les appliquer ici à cause du manque d’eau’’, a fait savoir la veuve en parlant de la pandémie COVID-19.

 

 « On nous incite à nous laver les mains par exemple, mais l’eau n’est pas disponible ici, comment pouvons-nous nous laver les mains constamment sans eau? ‘’ S’interroge-t-elle.

Sur une parcelle de terre entourée de cactus géant, au milieu de la poussière, se trouve la maison d’Alfred. Cet homme de 43 ans nous apprend qu’il est au courant de la maladie par  la presse et grâce à un téléphone portable d’un voisin.   

« Personne n’est venu nous expliquer de quoi il en est vraiment’’, a lancé l’homme très furieux.

 

 Pour Alfred, père de deux enfants, le Covid-19, n’est pas sa première préoccupation.  « Nous  allons crever de faim avant que la maladie arrive ici, nous sommes dans l’impossibilité de trouver de quoi nous mettre sous les dents’’ a-t-il avancé.

 

 Sylvane, sa belle-mère, abonde dans le même sens, ‘’on nous demande de rester chez nous, pour éviter d’être contaminés, mais qu’allons nous manger pendant ce temps ?’’, interroge celle qui  accuse l’Etat de les oublier dans un Canaan désertique.

Sur la façade d’une baraque préfabriquée, on peut lire : Centre De santé Corail et en dessous  du Ministère de la Santé Publique et de la Population (MSPP). Cette indication est  l’unique centre de santé qui dessert des milliers de personnes qui vivent dans cette zone et sa périphérie, et aussi la seule qui fait référence à l’Etat.

 

 

A notre visite à ce centre de santé c’est une quinquagénaire entourée de cinq autres femmes qui nous reçoit.  Marie Desormeaux, infirmière, travaille depuis 10 ans dans ces conditions. Ces trois dernières années ont été  les plus pénibles après le départ de certaines Organisations  Non Gouvernementales (ONG) dans le pays.

 

 ‘’Nous sommes un centre de santé à vocation de sensibilisation et de prévention, mais ces temps-ci, on peine à faire notre travail convenablement, le MSPP qui nous coiffe ne répond presque pas à nos besoins, nous  ne recevons non plus l’appui d’aucune ONG, comme c’était le cas avant’’, nous a confié Mme Desormeaux.

 

Plus loin, elle explique que le personnel sur place fait de son mieux avec les moyens du bord pour accueillir des personnes souffrant d’infections diverses, notamment des infections respiratoires, alors que nous sommes en pleine crise de coronavirus. « Nous n’avons aucun moyen pour nous protéger. Nous  avons une pénurie d’eau, et en ce moment la communauté fait face à un problème de diarrhée comme chaque printemps ’’ souligne l’infirmière qui dirige ce centre de fortune.

 

 Dans cet environnement hostile, les habitants de Canaan qui vivent comme au moyen-âge,  lancent un cri d’alarme aux autorités centrales pour aider cette zone qui se remet au bon Dieu face à cette dangereuse pandémie qui a déjà tuée plus de 30 mille personnes dans le monde

Source:HPN

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