BRH : développements récents dans l’économie au premier trimestre de l’exercice 2019-2020

La Banque centrale vient de publier sa première note sur la politique monétaire, analysant ainsi les développements récents dans l’économie haïtienne pour la période allant du 1er octobre au 31 décembre 2019, soit le premier trimestre de l’exercice 2019-2020.

Au niveau du secteur réel de l’économie, une enquête d’opinion de la BRH auprès de quelques entreprises a confirmé un ralentissement des activités économiques durant les mois d’octobre et de novembre 2019, à cause du phénomène de ‘’peyi lok’’.

En effet, 65% des entreprises interrogées confirment avoir mis en disponibilité 10 à 25% de leurs employés. D’un autre côté, 35% indiquent avoir subi des dommages matériels importants durant cette période, alors que le secteur de l’assemblage a relativement bien résisté aux chocs et a pu travailler à environ 95% de ses capacités, avec des emplois directs évalués à 54 205 postes environ en octobre dernier.

Sur la base de la tendance observée, la BRH a estimé l’inflation pour le mois de septembre 2019 à 20,1%. Ces mêmes projections tablent sur des pressions à la hausse des prix autour de 20,30% en glissement annuel en octobre et novembre 2019.

En ce qui concerne le taux de change, il faut dire que le taux de référence de fin de période a baissé de 1,41% entre le 30 septembre et le 31 décembre 2019, contre une hausse de 0,31% durant le 4ème trimestre de l’exercice fiscal écoulé.

Au niveau du secteur externe, toujours selon la note sur la politique monétaire, il faut dire que, le ralentissement de l’activité économique au 1er trimestre de l’année fiscale s’est traduit par un recul notable des importations, soit de 23% par rapport au niveau enregistré entre juillet et septembre 2019, alors que les données disponibles pour les exportations jusqu’au mois de novembre, indiquent qu’elles sont beaucoup moins souffert de la période de ‘’peyi lòk’’.

Par ailleurs, pour les mois d’octobre et de novembre 2019, les transferts privés reçus de l’étranger se sont chiffrés à environ 321 millions de dollars, soit une baisse de 12,74% par rapport à la même période de l’exercice dernier.

En ce qui concerne les finances publiques, il faut dire que, toujours selon la note sur la politique monétaire de la BRH, le ralentissement de l’activité économique, notamment durant les deux premiers mois du trimestre (oct-nov), a eu des incidences négatives sur la situation des finances publiques. En effet, au 31 décembre 2019, les taxes et impôts collectés par l’État haïtien ont augmenté de seulement 4,5 % par rapport au trimestre précédent grâce à la reprise en décembre, tandis que les dépenses ont crû de 37,7% par rapport au trimestre passé, ce qui a provoqué une détérioration de la position globale nette du gouvernement vis-à-vis de la BRH, matérialisée par un niveau de financement monétaire d’environ15. 8 milliards de gourdes au 31 décembre 2019 contre 5.3 milliards au trimestre précédent.

En termes de décision de politique monétaire, vu les  difficultés  des  entreprises  par  rapport à leurs  engagements  envers  le système financier et la détérioration subséquente du portefeuille des banques et tenant compte de la relative stabilité du marché des changes, la Banque Centrale a décidé de desserrer graduellement les conditions monétaires. C’est ainsi qu’à la mi-novembre, elle a procédé à la baisse des taux d’intérêt sur les bons BRH des différentes maturités, les faisant passer de 10%, 14% et 22% à 5%, 7% et 15% respectivement sur les bons BRH de 7, 28 et 91 jours.

En termes de perspectives pour l’économie haïtienne, elles demeurent mitigées et l’évolution de la situation économique pour  les  trois  prochains  mois sera fortement  tributaire  du  climat socio-politique, ont indiqué les experts de la BRH.

La note a terminé sur l’engagement de la Banque Centrale d’attacher à sa mission fondamentale  de  stabilisation  des  prix  et  du  système  financier,  tout  en  explorant activement d’autres mesures d’accompagnement pouvant dynamiser  les activités  de  production,  et  dans  certains  cas,  de concert avec l’Association Professionnelle  des Banques  pour ce  qui  concerne  le  portefeuille  de  crédit aux entreprises sévèrement affectées par les récentes turbulences socio-politiques.

 

 

Riphard Serent, MPA

Economiste

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