On se bouscule pour la nouvelle carte d’identité
Tic-tac ! L’échéance du 31 décembre 2019 arrive. À partir de cette date, l’ancienne carte d’identification nationale sera remplacée par la nouvelle carte émise par la firme allemande Dermalog. Jeunes et vieux se précipitent dans les bureaux de l’Office national d’identification (ONI) au risque notamment de ne pas avoir de carte valide à utiliser dans des transactions financières.
Au bas de l’escalier métallique du bureau de l’ONI à la rue Lamarre (Champ de Mars) s’étirent deux longues files d’attente. Sous le soleil, de jeunes hommes et femmes serrés l’un contre l’autre attendent patiemment. Par moments, il y en a qui essaient de jouer au plus malin pour se faufiler. Dépassés par la situation, les agents de sécurité se font aider de six policiers. Quand leurs pieds ne peuvent plus supporter cette position verticale depuis des heures, surgissent des cris plaintifs : « Je t’en supplie, laisse-moi monter, je suis là depuis ce matin. » L’espoir est de monter. Mais à l’intérieur, la chaleur est suffocante.
La date de péremption des anciennes cartes fait peur. La petite salle d’attente est bondée. Quatre opérateurs desservent plusieurs centaines de personnes par jour. Des sueurs et des crises de colère remplissent leur quotidien. 10 minutes maximum est le temps qu’il faut pour être inscrit sur le registre. En face d’eux, un morceau de drap blanc trône en déphasage avec les gadgets high-tech qu’ils utilisent pour les relevés d’empreinte et de contrôle iris. Même si l’on est prêt, il faut crier pour se faire entendre. « C’est fou qu’un vendredi on reçoive 675 personnes. On voulait recevoir les gens par ordre alphabétique mais ils arrivent en masse, surtout en ce mois de décembre. Alors on essaie de satisfaire le maximum de gens », lâche un responsable.
Frénésie pour la nouvelle carte
Entre ceux qui veulent récupérer leur carte et ceux qui veulent s’inscrire sur ce nouveau registre, il y en a qui s’affolent. Barbara Oscar, 20 ans, se range dans la deuxième file d’attente à l’intérieur du bureau exigu chercher sa carte. Mais quelle carte ? Le reçu qu’elle détient date de 2018 et concerne l’ancienne. Carte et péremption sont les deux mots qui lui sont familiers. « Je voulais récupérer la carte avant le 31 décembre, c’est ce qu’on m’a dit », précise-t-elle. Cette jeune femme dit avoir passé tout ce temps dans cette longue file sous le soleil pour rien.
Cette frénésie est née avec le communiqué du ministère de la Justice et de la Sécurité publique (MJSP) en date du 17 septembre déclarant que « la nouvelle carte d’identification nationale sécurisée remplacera la précédente » à partir du 31 décembre. Et qu’elle « sera reconnue et acceptée par toutes les institutions publiques et privées du pays sur simple présentation ». Le directeur de communication de l’Office national d’identification (ONI), Wandy Charles, confirme qu’environ 6 millions de personnes sont en âge d’avoir leur carte d’identification. N’était les mouvements de protestation des mois écoulés, la production aurait pu être doublée. Toutefois, il assure que au-delà du 31 décembre, la production de carte va continuer.
Le délai entre l’enregistrement et l’émission dure ordinairement 15 jours. Certains ont reçu un appel de l’ONI, d’autres viennent sur rendez-vous récupérer leur carte. Selon un des responsables du bureau de la rue Lamarre, pour ce mois de décembre, environ 300 personnes viennent retirer cette carte multibiométrique tous les jours. « Ils viennent de très tôt. entre 8 heures et midi : l’espace est vraiment rempli », explique-t-il, pressé d’aller rejoindre une personne.
La carte est disponible partout
Selon la direction générale de l’ONI, ceux qui désirent obtenir leur nouvelle carte d’identification nationale peuvent se rendre aux bureaux de l’ONI et aux Centres de réception et de livraison des documents d’identité (CRLDI) du territoire national. Les demandeurs doivent se munir de l’une des pièces suivantes : acte de naissance, extrait des archives ou certificat de baptême légalisé et l’ancienne carte. Près d’un million de citoyens sont enregistrés pour la nouvelle carte depuis le début du processus. Beaucoup d’entre eux l’ont en leur possession, a indiqué Wandy Charles, qui assure que l’ONI est en mesure de desservir tout le monde.
Source: Le Nouveliste