L’opposition continue d’exiger la démission du président et rejette sa nouvelle commission de dialogue

Une ultime tentative du président de la République d’initier un processus de dialogue avec l’opposition dans un contexte de troubles sociaux et de paralysie des activités dans le pays depuis environ un mois. L’opposition politique rejette la commission de dialogue de sept membres formée par Jovenel Moïse et appelle la population à poursuivre les mouvements de protestation pour forcer le chef de l’Etat à démissionner…

 

Évans Paul, Josué Pierre Louis, Colombe Émilie Jessy Menos, Renald Lubérice, Liné Sainphor Balthazar, Jude Charles Faustin et Jean Rodolphe Joazile ont été mandatés par le président de la République pour « conduire les discussions devant aboutir à une solution concertée de sortie de crise », selon ce qui est dit dans un communiqué publié par le secrétaire général de la présidence, Lyonel Valbrun.

Là où les États généraux, le comité de facilitation du dialogue interhaïtien, Jean-Henry Céant, Gabriel Fortuné et Jovenel Moïse lui-même ont échoué, ces personnalités sont appelées à réussir alors que plus que jamais, l’opposition a tourné la page du dialogue avec le chef de l’État.

« Pour nous, c’est une commission mort-née, dépourvue de toute crédibilité. On ne peut pas créer une commission de dialogue avec ses conseillers et ses porte-parole en période de crise quand on est un chef d’Etat responsable », a réagi le porte-parole du Secteur démocratique et populaire. Pour Me André Michel, cette commission n’a pas l’autorité morale et politique qu’il faut pour conduire un quelconque dialogue politique.

Cette commission, a-t-il ajouté, « prouve que Jovenel Moïse ne peut pas trouver des interlocuteurs valables pour conduire un dialogue avec l’opposition. Pa gen moun ki vle kole sou Jovenel Moïse. Les principales forces politiques de l’opposition refusent de rencontrer cette commission. Nous avons déjà mis le cap sur la journée de mobilisation nationale du vendredi 11 octobre 2019 en vue de contraindre Jovenel Moïse à la démission », a lancé l’opposant farouche au régime Tèt Kale.

Pour Joël Vorbe de Fanmi Lavalas, Jovenel Moïse ne fait que poursuivre « son monologue. » « Fanmi Lavalas n’entend pas y participer. La nation dans son intégralité, dans les dix départements, exige le départ de Jovenel Moïse. Nous sommes en pourparlers avec toutes les forces vives de la nation pour préparer l’après-Jovenel », a-t-il précisé.

Pour sa part, le Dr Réginald Boulos du Mouvement troisième voie (MTV) a déclaré : « Je crois que le président a le droit de nommer qui il veut pour défendre ses intérêts. C’est quand même malheureux qu’il ait choisi d’intégrer autour de quelques  personnes sérieuses, dans cette commission, les cavaliers de l’apocalypse qui ont contribué grandement à l’échec du président.  C’est donc une commission qui défend seulement les intérêts du président et de ses proches. »

En revanche, a nuancé l’homme d’affaires, « une commission pour résoudre la crise c’est une autre question. Or on en est loin. Rien ne pourra marcher tant que le président n’a pas entrepris les trois choses suivantes : 1. Assumer sa responsabilité dans la débâcle que connaît le pays. 2. Étre prêt à faire n’importe quel sacrifice. 3. Mettre son mandat sur la table de négociation. Aussitôt que ces trois conditions sont remplies, la commission de facilitation créée dans le cadre de l’alternative consensuelle  pourra éventuellement négocier le départ du président », a avancé Réginald Boulos.

De son côté, la présidente du parti Fusion minimise cette nouvelle commission de dialogue formée par le président de la République. « On considère cette commission comme étant un non-événement », a lancé Edmonde Supplice Beauzile. « Il essaie de gagner du temps pour faire perdre du temps au pays », a-t-elle déclaré.

Cependant, l’ancienne sénatrice n’écarte pas la possibilité de rencontrer Évans Paul en tant que citoyen. S’agissant de la commission, « si elle écrit une correspondance à la Fusion pour nous dire qu’elle est là pour organiser le départ ordonner de Jovenel Moïse, on acceptera de nous asseoir avec elle », a précisé Madame Beauzile comme condition.

Pour Vélina E. Charlier, membre de la sctructure ‘’Nou pap dòmi’’ du mouvement des Petrochallengers, la population s’est déjà adressée au chef de l’Etat. « Kowonpi se ak jij pou y al dyaloge. Prezidan an pa gen okenn lejitimite pou l ap fè dyalòg. Popilasyon an dyaloge avèk li deja Nou mande li demisyone epi mete tèt li a dispozisyon lajistis. Yon dyalòg pou desinen lavni peyi a se pa kòwonpi, kriminèl,  »kleptokrat » ki dwe fè li. Nou konstate tou tout nominasyon ilegal, represyon lapolis pouvwa a epi komisyon ilegal se zak ki montre a klè Jovenel Moïse kontinye ap pwovoke popilasyon an ki deja ap soufri », s’est-elle positionnée.

Depuis son accession au pouvoir le 7 février 2017, Jovenel Moïse n’a jamais raté une occasion pour appeler au dialogue. Cependant, il n’a jamais réussi à réunir les conditions nécessaires pour le faciliter. Le chef de l’Etat a déjà à son actif les États généraux sectoriels, le Comité de facilitation du dialogue interhaïtien, le Premier ministre Jean-Henry Céant, le maire des Cayes, Gabriel Fortuné, entre autres structures et/ou personnalités créées ou instruites pour réaliser le dialogue. Plus de deux ans après, le locataire du Palais national est encore à la case départ… le dialogue n’a toujours pas commencé.

Les responsables des principaux regroupements politiques, des membres du secteur privé des affaires, des universitaires, le secteur syndical, le secteur paysan, le secteur des organisations de défense des droits humains et d’autres secteurs de la société sont actuellement en discussion pour présenter au pays une alternative commune au chef de l’État. Un processus de dialogue qui se fait sans Jovenel Moïse.

 

Source: Le Nouveliste

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