La crise haïtienne change de dimension
Alors qu’une imposante manifestation s’est déroulée, vendredi 4 octobre, à Port-au-Prince, pour exiger la démission du président Jovenel Moise, la presse internationale commence à s’intéresser de plus près à la crise politique qui secoue Haïti en ce moment où depuis des semaines les portes des écoles sont restées fermées, les activités commerciales fonctionnent par à coup et les hôpitaux peinent à fournir les soins nécessaires par manque d’intrants. Pour évoquer cette situation de troubles et d’instabilité, une table ronde, à l’initiative de la représentante démocrate de la Floride, Fredrica Wilson, a eu lieu jeudi à Miami, et à laquelle s’est jointe la présidente de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, ainsi que des membres de la diaspora haïtienne.
« La crise humanitaire s’aggrave en Haïti alors que des rassemblements antigouvernementaux ont fermé des écoles et entraîné des pénuries de carburant et un manque d’eau potable », a constaté CNN qui place Haïti à la troisième position dans sa rubrique « 5 choses à savoir ce vendredi 4 octobre ».
Pour CNN, les récentes manifestations ont provoqué un type de crise différent. Se référant aux récentes déclarations de l’ONU, le média américain indique que les efforts humanitaires des organismes onusiens sont entravés par les manifestations, affectant l’accès aux soins médicaux, au carburant et à l’eau potable, sans oublier la fermeture des écoles au cours des deux dernières semaines, privant environ 2 millions d’enfants du précieux pain de l’instruction.
À en croire l’agence Reuters, les manifestations dans le pays le plus pauvre des Amériques depuis la semaine dernière ont été parmi les plus importantes et les plus violentes depuis des mois.
La ministre canadienne des Affaires étrangères, Chrystia Freeland, a condamné cette semaine toutes les formes de violence en Haïti, et l’ONU a réitéré ses appels au calme.
« Nous continuons d’encourager tous les acteurs à s’abstenir de la violence, à respecter les droits humains et à permettre le fonctionnement normal des hôpitaux et des services d’urgence, ainsi que le travail des humanitaires qui assistent les populations les plus vulnérables », a déclaré jeudi le porte-parole des Nations unies Stéphane Dujarric.
Membre non permanent du Conseil de sécurité des Nations unies, la République dominicaine, souligne le Listin Diario, a convoqué jeudi une réunion du Conseil à New York sur l’analyse de la crise en Haïti.
La réunion, qui s’est tenue jeudi après-midi, avait pour but de demander aux acteurs haïtiens de mener un dialogue national pour résoudre la crise, a confié au Listin le ministre dominicain des Affaires étrangères, Miguel Vargas.
Vargas a déclaré que « c’est toujours inquiétant » lorsqu’une situation d’instabilité se produit en Haïti car « cela peut avoir un impact » en République dominicaine, un pays avec lequel elle partage l’île d’Hispaniola.
Ce même jeudi en début de soirée une table ronde est organisée à Miami à l’initiative de la représentante démocrate de la Floride, Frederica Wilson, sur la situation en Haïti en présence de la diaspora haïtienne et de la présidente de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi.
« Nous avons tenu un forum sur Haïti hier soir. Les Haïtiens croient que leur président est corrompu. Ils ne peuvent pas accéder à l’essence, ils manifestent donc dans les rues. Nous devons trouver une solution pour mettre fin aux manifestations ou nous devons trouver un moyen pour renverser Moïse. C’est aussi simple que cela », a posté vendredi matin sur son compte tweeter la représentante démocrate de la Floride, Frederica Wilson qui, au terme de cette table ronde, s’est adressée aux journalistes et a déclaré qu’une des préoccupations exprimées lors des échanges était que le monde ne prêtait pas suffisamment attention à ce qui se passe en Haïti.
« Maintenant, ils vont prêter attention », a assuré la représentante de la Floride indiquant que les discussions lui ont beaucoup donné à réfléchir.
Pour sa part, la présidente de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, qui s’est jointe à Frederica Wilson pour cette table ronde sur les troubles en Haïti, n’a fait aucune promesse, d’après le compte rendu du Miami Herald, mais a déclaré avoir pris note des préoccupations du panel. Elle dit avoir entendu les panélistes dire qu’ils souhaitaient que les Haïtiens prennent leurs propres décisions et elle a noté que l’aide des États-Unis n’intervenait pas toujours. La réunion, a-t-elle dit, a jeté une lumière sur la situation actuelle en Haïti, qui n’a pas eu beaucoup d’attention.
La table ronde s’est terminée, rapporte le quotidien floridien, par ce message que la présidente de la Chambre des représentants des États-Unis, le troisième personnage politique américain, est en charge de ramener à Washington : les États-Unis doivent cesser de s’immiscer dans les affaires internes d’Haïti et le président Jovenel Moïse partir.
Frederica Wilson a animé cette table ronde aux côtés de Jean Monestime, commissaire du comté de Miami-Dade; Michael Joseph, commissaire de la ville de North Miami Beach; Karen André, activiste communautaire; Marleine Bastien, directrice du mouvement Family Action Network; Carlin Paul, activiste communautaire; Gepsie Metellus, cofondatrice et directrice exécutive du Centre de voisinage haïtien Sant La; Eric Accime, entrepreneur et ingénieur; et le père Reginald Paul, pasteur de l’église Notre Dame.
Sources combinées