Cité Soleil, la commission de désarmement récupère 8 armes à feu de la part de Ti-Hougan
Plus de deux mois après son installation, la Commission nationale de désarmement, de démantèlement et de réinsertion (CNDDR) a récupéré 8 armes à feu à Cité Soleil. La cérémonie s’est déroulée le mardi 28 mai sur la place Immaculée Conception, en présence d’autorités municipales, policières et judiciaires, de notables et de résidents de Boston, bastion du chef de gang dénommé Ti-Hougan. Ce dernier, quoiqu’il soit le principal concerné dans les négociations et la remise d’armes, n’était pas présent à la cérémonie. Il s’est fait représenter par le pasteur Éliocé Myrtil.
Parmi les armes récupérées, on peut identifier 1 uzi, 1 T65, 2 fusils de calibre 12, 2 pistolets, 1 Revolver et 1 fusil de guerre. Toutes sont recouvertes de houille. Le pasteur Éliocé Myrtil a lu la déclaration du chef de gang Ti-Hougan. Dans ce message, le chef de gang a fait état d’une journée historique dans sa vie et dans celle des membres de son groupe. « Nous avons décidé d’entrer dans le programme de désarmement étape par étape. Cela témoigne de notre volonté de contribuern à la paix comme tous les citoyens. Cela prouve que nous regrettons la recrudescence de la violence au niveau de la cité après plus de 3 ans de détente. […] En remettant certaines armes, mon groupe et moi, nous voulons prouver que nous ne sommes plus intéressés à nous servir des armes illégales. Si nous étions sûrs de notre sécurité à Cité Soleil, nous aurions pu remettre toutes les armes en notre possession », écrit Ti-Hougan. Le chef de gang a invité les autres bandes rivales à faire le même geste.
Edwin Florexil, coordonnateur du CNDDR, a indiqué que la cérémonie de ce mardi est symbolique. De ce fait, il a promis que d’autres armes à feu seront remis par le gang de Ti-Hougan. « Les autres groupes ont promis de faire de même », assure-t-il, ajoutant que la commission espère parvenir à une Cité Soleil sans arme à feu. « Nous aurons une autre Cité avec une nouvelle jeunesse, où l’État sera présent. Nous voulons que l’État accompagne la jeunesse », souhaite Edwin Florexil.
Edwin Florexil dit vouloir faire de Cité Soleil un exemple, un prototype dans la résolution du phénomène des gangs armés. « Pour cela, nous avons besoin du support national et international. La réinsertion n’est pas possible sans aide », a-t-il fait savoir. Le coordonnateur de la commission espère créer un « musée » avec les armes illégales remises, ce qui permettra, selon lui, de se rappeler les dégâts commis par les armes illégales dans le pays.
Le commissaire Jean Rebel Dorcéna est celui qui, au nom de la commission, mène les négociations avec les gangs armés, y compris celui dirigé par Ti-Hougan. Il déplore l’absence de l’État dans les quartiers populaires, ce qui, selon lui, amène les jeunes à se servir des armes illégales. Il a reconnu que la cérémonie de ce mardi n’est pas significative, assurant que le désarmement se fera graduellement.
Jean Daniel Sénat
Le Nouvelliste