Régularisation ou départ volontaire : les deux programmes pour les Haïtiens au Chili
Depuis avril 2018, les Haïtiens ne se bousculent plus pour aller au Chili. En exigeant un visa d’entrée, les autorités chiliennes ont stoppé la vague des Haïtiens qui débarquaient sur leur territoire. Ce sont aujourd’hui entre 170 000 et 200 000 compatriotes qui vivent au Chili. Ceux qui ne se sont pas encore régularisés, le gouvernement chilien leur offre deux possibilités : s’inscrire à un programme de régularisation ou quitter volontairement le pays…
Ils étaient, la semaine dernière, moins d’une dizaine à faire la queue devant le consulat du Chili pour obtenir un visa d’entrée. L’année dernière, ils étaient des milliers de compatriotes à quitter le pays pour la même destination. Ces migrants, sans travail, sans logement et sans moyens pour vivre constituaient un problème social très grave pour les autorités chiliennes. Pour pallier à cette situation, le gouvernement chilien impose un visa d’entrée à toute personne qui souhaite visiter le pays, a expliqué au Nouvelliste l’ambassadeur du Chili accrédité en Haïti.
« Nous avons dit que nous n’allions pas refouler ces milliers d’Haïtiens qui sont au Chili. Nous avons accordé toute la chance à tous ceux qui voulaient rester de le faire à travers un processus extraordinaire de régularisation migratoire », a indiqué Patricio Utraras.
Dans ce processus extraordinaire, a souligné le diplomate, l’intéressé devait avoir un passeport valide et un certificat de police émis par la Direction centrale de la police judiciaire en Haïti. Face à l’incapacité de la DCPJ à émettre un grand nombre de certificats, un accord a été trouvé entre la police chilienne et celle d’Haïti pour permettre aux Haïtiens inscrits au programme d’avoir accès au document, a-t-il dit.
Parmi les quelque 34 000 dossiers traités, seulement 130 n’étaient pas tout à fait conformes, a souligné le diplomate chilien. Selon l’ambassadeur Utreras, 98% des Haïtiens inscrits au programme sont des gens honnêtes qui ne voulaient que travailler.
Environ 50 000 Haïtiens se sont inscrits au programme de régularisation migratoire au Chili. Il y en a qui se sont régularisés par d’autres moyens sans passer par le programme, a fait remarquer Patricio Utreras.
Selon l’ambassadeur, à la demande de certains représentants de la communauté haïtienne au Chili, le gouvernement du pays a mis sur pied un programme permettant aux Haïtiens qui voulaient quitter volontairement le territoire chilien mais qui ne pouvaient pas payer le billet d’avion de le faire.
« C’est un programme volontaire qui permet à tous les gens, qui, pour une raison ou une autre, ne se sont pas adaptés au Chili, soit parce qu’ils n’ont pas trouvé de travail, soit à cause du climat… de rentrer chez eux. Nous avons pris toutes les précautions nécessaires pour nous assurer que leur décision soit volontaire », a indiqué le diplomate chilien, en insistant sur le fait qu’il s’agit d’un programme de départ volontaire.
De novembre 2018 à aujourd’hui, il y a eu déjà sept vols dans le cadre du programme départ volontaire, ce qui représente un millier d’Haïtiens qui sont, sans contrainte, retournés chez eux, a souligné l’ambassadeur du Chili accrédité en Haïti.
Ces derniers quatre ans, le Chili a reçu environ 700 000 migrants vénézuéliens, péruviens, colombiens et haïtiens. Les Haïtiens représentent la troisième communauté au Chili après les Vénézuéliens et les Péruviens.
Le gouvernement chilien a créé un visa de réunification familiale pour permettre aux Haïtiens vivant au Chili de faire venir leur famille.
Robenson Geffrard
Le Nouvelliste