Huit individus lourdement armés arrêtés prétendent « être en mission pour le gouvernement »
8 hommes lourdement armés, sept étrangers et un Haïtien ont été arrêtés le dimanche 17 février 2019 par la police nationale d’Haïti, à Port-au-Prince. 6 fusils-mitrailleurs, 7 pistolets, des drones, des téléphones satellites, des gilets pare-balles et autres équipements de guerre ont été retrouvés en possession de ces individus. La police judiciaire enquête.
Les cinq Américains, le Russe, le Serbe et l’Haïtien circulant à bord de deux véhicules sans plaques d’immatriculation avec six pistolets de calibre 9 millimètres et six fusils d’assaut ont été « arrêtés pour détention illégale d’armes à feu », a confié au journal le directeur général de la PNH, Michel Ange Gédéon, lundi 18 février 2019.
« Pour l’instant, c’est cette charge qui est retenue. La direction centrale de la police judiciaire (DCPJ) a ouvert une enquête. On attend. Peut-être que ces messieurs feront face à d’autres charges », a indiqué Michel Ange Gédéon. C’est l’enquête qui permettra de déterminer leur mission, de révéler comment ils sont entrés dans le pays, a poursuivi le directeur général de la PNH.
Interrogé sur les rumeurs des pressions exercées par des autorités politiques pour obtenir la libération de cinq suspects, Michel Ange Gédéon a simplement indiqué que la PNH « n’arrête pas pour elle mais pour la justice ». L’avenir de ces suspects dépend des autorités judiciaires qui, en dernier ressort, apprécieront l’enquête de la police, a-t-il souligné, sans entrer dans les détails.
Le Premier ministre Jean Henry Céant, dans un tweet lundi soir, a indiqué avoir organisé une réunion avec le Conseil supérieur de la police national (CSPN) sur le dossier de l’arrestaton de ces huit hommes lourdement armés arrêtés par la police. Il a aussi confirmé que le dossier a été acheminé à la DCPJ.
Entre-temps, quelque 24 heures après l’arrestation de ces suspects par la police, des détails sont révélés sur leur arrestation et leurs interactions avec les policiers qui leur sont tombés dessus lors d’un banale contrôle de routine. Le commissaire de police, Joel Casséus, responsable du commissariat de Port-au-Prince, cité par le Miami Herald, a expliqué que les suspects, interceptés dans deux véhicules sans plaques d’immatriculation, un pick-up Ford et une Toyota Prado, ont refusé de s’identifier et d’expliquer pourquoi ils sont armés. Les échanges ont duré près de deux heures, a indiqué le commissaire Casséus. Interrogés sur ce qu’ils font en Haïti, ces hommes ont répondu aux policiers qu’« ils sont en mission et n’ont pas à nous parler », a expliqué le commissaire Casséus.
« Ils ont dit qu’ils sont en mission pour le gouvernement », a rapporté le commissaire Casséus. Ces hommes n’ont pas spécifié de quel gouvernement dont il s’agit. Mais à un certain moment, l’un d’eux a dit aux policiers « que leurs patrons vont appeler nos patrons », lit-on dans un article du Miami Herald. Un troisième véhicule est arrivé sur place avec un autre individu qui parle français. Il a été arrêté lui aussi, a raconté le commissaire Joel Casséus. « Nous avons utilisé la force professionnelle pour leur faire comprendre que nous sommes sérieux et nous les avons conduits au commissariat », a expliqué le commissaire de police cité par le Miami Herald.
« Ils ont refusé de parler. Ils ont dit qu’ils n’ont pas à parler », a poursuivi le commissaire Casséus qui a affimé ignorer depuis quand ces hommes sont en ville parce qu’il n’y a pas de sceaux d’entrée de l’immigration d’Haïti sur leurs passeports respectifs. Cependant, leurs visas montrent qu’ils ont visité plusieurs pays avant de venir en Haïti, a expliqué le commissaire de police Joel Casséus, 46 ans dont 24 à la PNH.
« Deux sources ont informé le Miami Herald qu’après l’arrestation, plusieurs individus liés à l’administration Moïse ont essayé de faire relâcher les suspects. L’un d’eux a même prétendu que ces hommes sont là dans le cadre d’une opération de sécurisation de la banque centrale. Une vérification de la police auprès du gouverneur a cependant révélé qu’il n’était pas au courant de la présence de ces hommes », lit-on dans le Miami Herald.
Le journal n’a pas pu encore vérifier auprès de la BRH, en dépit des appels au gouverneur Jean Baden Dubois, la nature de la relation qui pourrait exister entre la banque centrale et les personnes arrêtées dimanche soir par la PNH.
Le commissaire du gouvernement, Me Paul Eronce Villard, présent dimanche au commissariat de Port-au-Prince après l’interpellation des suspects, n’a pas répondu aux appels du journal. Le commissaire devrait donner une conférence de presse ce mardi. ll fera le point sur ce dossier, a appris Le Nouvelliste.
Entre-temps, Pierre Espérance, coordonnateur du RNDDH, qui a appelé à la « sérénité » dans le traitement de ce dossier, a indiqué dans une note de presse que « de fortes pressions politiques sont exercées par les autorités exécutives sur les autorités policières et judiciaires en vue de la libération sans condition de ces individus ». Le RNDDH, dans cette note, a indiqué « qu’au moment de leur arrestation, ils ont refusé de s’identifier et ont plutôt affirmé aux autorités policières présentes sur les lieux qu’elles devraient recevoir sous peu un appel du Palais National ».
« Selon les informations recueillies par le RNDDH, les armes susmentionnées sont impossibles à retracer, parce qu’elles sont constituées de 80 % de matériels standards et de 20 % de matériels non conformes à la confection et au traçage des armes à feu », lit-on dans cette note du RNDDH qui a fait le récit de l’arrestation, le 17 février, à la rue des Miracles vers trois heures de l’après-midi, des huit suspect avec, en leur possession, six (6) pistolets de calibre 9 millimètres, six (6) fusils d’assaut, deux (2) drones, un (1) télescope, cinq (5) gilets pare-balles et trois (3) téléphones satellites. Cinq (5) plaques d’immatriculation ont aussi été retrouvées dans leurs véhicules, dont deux (2) plaques paires et une (1) autre impaire, continue la note.
Le département d’Etat américain, dans une déclaration officielle citée par le Miami Herald, indique être au courant de la détention par la PNH d’un groupe d’individus incluant des citoyens américains. Lorsque des citoyens américains sont arrêtés à l’étranger, le service consulaire de l’ambassade entre en contact avec eux aussi rapidement que possible pour les fournir l’assistance appropriée conformément à la convention de Vienne. A cause de considérations privées, le département d’Etat a indiqué ne pas faire de commentaires.
Roberson Alphonse
Le Nouvelliste