André Michel ne jure que par la démission de Jovenel Moïse et l’aboutissement au procès Petro Caribe
Il avait perdu la dernière présidentielle de 2016 en Haïti ayant conduit Jovenel Moise au pouvoir, André Michel s’est livré dans une lutte sans merci contre le détenteur du fauteuil présidentiel. Pour lui, ce dernier, qui a été placé au pouvoir par celles et ceux qui ont dilapidé le fonds PetroCaribe, mais aussi parce qu’il est personnellement impliqué dans la dilapidation du même dossier, constitue un obstacle à l’aboutissement du procès, lequel, estime l’opposant politique, devra marquer un tournant dans la construction de la nouvelle Haïti.
La mobilisation annoncée pour le 18 novembre prochain préoccupe plus d’un notamment des acteurs du pouvoir en place. Porte-parole du Secteur démocratique populaire, André Michel croit qu’il faut mobiliser la population pour faire de cette grande journée de mobilisation un « succès patriotique et populaire ». Au niveau dudit secteur, deux principales revendications sont sur le tapis et seront évoquées sur le béton. Aboutissement au procès PetroCaribe et le renvoi de Jovenel Moïse, présenté comme élément gênant.
Invité jeudi soir à l’émission télévisée « Haïti, Sa k ap kwit » réalisée sur la chaine 20, André Michel dénonce une manœuvre qui vise à casser l’élan de la mobilisation populaire, avec les situations de terreur qui règnent dans les quartiers populaires de la capitale. Le cas de La Saline, où des cadavres ont été retrouvés dans des détritus en est un exemple, au dire de l’avocat. « Il y a une répression qui se pratique au niveau de La Saline et d’autres quartiers populaires avec un seul objectif, celui de casser la mobilisation populaire en cours dans le pays, pour arriver à l’organisation du procès PetroCaribe », affirme le militant avant d’ajouter que le secteur démocratique populaire possède une « capacité de pénétration populaire indiscutable » dans ces quartiers.
Face à la conjoncture, le Secteur démocratique populaire, qui ne veut pas être perçu comme anarchique, prône un « nouveau leadership discipliné et responsable » dans le pays. Dans une proposition de sortie de crise, les membres de ce secteur plaident en faveur « d’un gouvernement de transition », avec un président issu de la Cours de cassation et le Premier ministre du Secteur démocratique et populaire (largement large, précise-t-il, incluant tous ceux qui se retrouvent dans les valeurs fondamentales de démocratie, de justice et de progrès). En plus du procès PetroCaribe, il sera aussi question de faire émerger un « nouveau projet de société », tout en tenant la conférence nationale haïtienne souveraine avec tous les acteurs.
André Michel, d’opposition en opposition…
De pouvoir en pouvoir, l’avocat, qui a assumé sa défaite lors des sénatoriales de l’Ouest, se range dans le camp de l’opposition. Excepté le président Jocelerme Privert, Me André Michel a mené sa lutte contre Jean-Bertrand Aristide, René Préval, Michel J. Martelly et Jovenel Moïse. « Je suis un homme consistant, c’est ce qui fait ma force et ma faiblesse… J’ai toujours eu des lignes de combat très claires », avance le militant qui se targue d’être celui « qui ne joue pas sur deux tableaux en politique ».
Plus jeune, le citoyen André Michel, qui a roulé sa bosse dans l’enseignement secondaire, a, depuis 1999, engagé sa carrière politique aux côtés du leader politique Évans Paul, au sein du parti « Konvansyon inite demokratik, KID) où il a milité au bout d’un temps. Même après son divorce d’avec ledit parti qui a lutté contre le président Jean-Bertrand Aristide peu avant son départ du pouvoir 2004, le militant a rejoint d’autres structures au sein desquelles il a poursuivi sa route.
André Michel a été porte-parole de la professeure Mirlande Manigat, candidate ayant perdu la présidentielle de 2010 en face du chanteur Michel J. Martelly. L’avocat qui concède avoir un « tempérament difficile » notamment en politique, a mené une lutte on-ne-peut-plus acharnée contre Martelly. Cinq ans après, il s’est porté candidat à la présidentielle de 2016 qu’il a perdue, à l’instar des autres candidats d’alors, en dépens de l’entrepreneur Jovenel Moïse.
Fils d’un paysan, André Michel, 42 ans, vient de la commune de Jacmel. Il a étudié le droit à l’École de droit et des sciences économiques (EDSEG), puis les Sciences politiques et la criminologie. Homme marié, l’homme de loi, parfois surnommé « l’avocat du peuple », est père de deux enfants qui vivent actuellement à l’extérieur du pays. Il est avocat militant au barreau de Port-au-Prince depuis une dizaine d’années.
Worlgenson Noël
Le Nouvelliste