Berson Soljour dans le collimateur de la justice
Au palais de justice Le parquet de Port-au-Prince a été, mardi 9 octobre 2018, le théâtre de grands évènements : L’audition du Dr Shiller Louidor et la manifestation de soutien des partisans lavalassiens, la violence exercée par le directeur départemental de l’Ouest de la PNH, Berson Soljour, sur le greffier en chef du parquet de Port-au-Prince, Wilbert Rhau, et sur l’avocat Me Élie Dieps Augustin, membre du barreau de Port-au-Prince.
Le mardi 9 octobre 2018, le Dr Shiller Louidor a répondu à l’invitation du chef du parquet Me Clamé Ocnam Daméus, sur les déclarations qu’il avait faites dans la presse à propos des manifestations prévues le 17 octobre prochain. Estimant que ces déclarations constituent une incitation à la violence, le commissaire du gouvernement a auditionné le Dr Louidor dans le cadre de ce dossier. Celui-ci doit rester à la disposition de la justice, selon le chef du parquet.
Au cours de cette audition, le directeur départemental de l’Ouest de la Police nationale d’Haïti (PNH), Berson Soljour, était au parquet de Port-au-Prince. Qui l’a fait chercher et pourquoi? s’interroge-t-on. Sans doute pour mettre de l’ordre dans la maison. Pourtant tout allait bien. L’audition du Dr Louidor se déroulait dans une ambiance empreinte de cordialité : Sans mots ronflants, sans menace aucune.
Voulant passer des instructions comme il a l’habitude de le faire dans les commissariats, le commissaire Soljour a commencé par intimider les employés du parquet qui faisaient le va-et-vient habituel dans les couloirs, dans les bureaux des magistrats et greffiers du parquet de Port-au-Prince, déclare un greffier. Le numéro un de la police départementale s’est même arrogé le droit de demander à un parquetier de faire évacuer les employés qui se trouvaient à son bureau. Se comportant comme maître des lieux, Soljour a frappé à la mauvaise porte, celle du greffier en chef du parquet de Port-au-Prince.
Il y a eu une altercation entre Wilbert Rhau, Me Elie Dieps Augustin et Berson Soljour. Pour n’avoir pas voulu obéir à ses instructions, il a frappé Wilbert Rhau à la tête avec une radio de communication et Me Augustin a reçu un coup au visage. Croyant bien agir au parquet comme aux commissariats, il a buté sur la résistance des employés et des avocats.
Après l’incident, les avocats et employés de l’institution de la poursuite se sont solidarisés, réclamant l’arrestation de Berson Soljour parce qu’il y a flagrance. De peur d’être agressé, il s’est réfugié au bureau du commissaire en chef du parquet. « Puisqu’il a visiblement frappé les deux hommes, nous avons demandé l’arrestation immédiate de l’agresseur qui a souillé le temple de Thémis, vu qu’il y a flagrance », a déclaré un membre du conseil de l’ordre.
Au moment où des membres du conseil de l’ordre étaient en réunion avec le chef du parquet, Soljour a pu s’enfuir en passant par la petite porte du parquet. Des avocats ont considéré comme complice le commissaire du gouvernement de Port-au-Prince. Mécontents, avocats, greffiers, huissiers et autres ont réclamé la tête du commissaire du gouvernement qu’ils considèrent comme artisan de l’impunité. Le cortège du chef du parquet a été bloqué par des avocats couchés à même le sol. Après quelques minutes, le commissaire du gouvernement Daméus a dû quitter le parquet à pied sous forte escorte policière. Quelques minutes plus tard, on a laissé partir le cortège.
Selon des avocats qui réclamaient par ailleurs la tête du chef du parquet, les policiers affectés à son service n’avaient rien à voir avec cette affaire. Ils sont en service purement et simplement, ont-ils poursuivi.
Il est à remarquer que deux anciens chefs du parquet de cette juridiction, Mes Claudy Gassant et Francisco René, faisaient partie des avocats protestataires. Rappelons que le conseil de l’ordre était représenté par le bâtonnier a.i. Jean-Bergemane Berrette, Wébert Paul et Dernio J. B. Desauguste.
Avec ce qui vient de se produire au parquet de Port-au-Prince, le directeur départemental de l’Ouest de la PNH, Berson Sojour, n’aura pas la tâche facile dans les jours à venir.
Jean-Robert Fleury
Le Nouvelliste