PetroCaribe : une marche pacifique tournée au vinaigre
Après l’exposition, les participants, quelques centaines, ont marché dans les rues de la capitale pour demander des comptes sur l’utilisation des 3.8 milliards de dollars. Les protestataires exigent notamment la tenue d’un procès pour faire la lumière sur ce dossier. La marche, pacifique au départ, a dérapé au moment où les protestataires se trouvaient dans les parages du ministère de la Justice et de la sécurité publique.
En effet, des individus non identifiés parmi la foule ont lancé des pierres en direction du ministère. Certains agents de sécurité ont réagi aux jets de pierres de sorte qu’au moins un autre a fait usage de son arme. Deux manifestants ont été blessés, dont l’un au visage et l’autre au niveau de la jambe. En colère, certains protestataires s’en sont pris à des pare-brises de véhicules stationnés dans les parages. «Ils ont des policiers pour nous réprimer. Cependant, s’ils veulent nous remettre l’argent qu’ils ont volé dans la violence, nous les affronterons», a tempêté un militant surchauffé. Dans la même veine, un participant a déploré le mutisme et l’inaction de la justice sur le dossier. «Jusqu’à présent, nous réclamons la lumière de manière pacifique. Dans les jours qui viennent, nous allons chercher les 3.8 milliards là où ils se trouvent. Et ce ne sera pas dans le calme», a-t-il prévenu.
Après l’incident du ministère de la Justice, les manifestants ont poursuivi leur route en direction du Palais national. Les agents de la police anti-émeute ont fait usage de gaz lacrymogène pour empêcher le cortège d’atteindre l’avenue de la République. Les forces de l’ordre ont tenté de mettre un terme à la marche en faisant usage de gaz lacrymogène pendant plus d’une demi-heure.
Les plus fieffés, quelques dizaines, ont décidé d’atteindre le palais de justice contre vents et marées. «Il faut juger les coupables de la casse du siècle. La justice ne doit pas rester muette. Même si le président a admis avoir nommé des juges corrompus dans le système, j’ose croire qu’il reste certains qui soient intègres. Ces derniers doivent prendre leurs responsabilités. On a commis trop de tort à ce pays», s’est emporté un manifestant. Un autre militant a souligné que tous les dilapidateurs doivent être punis. Ce, ajoute-t-il, peu importe leur ancrage politique. La marche s’est terminée devant le Palais de justice. La plupart des chefs de file de PetroCaribeChallenge n’ont pas été remarqués sur le parcours. Sur la Toile, ils annoncent une marche ce dimanche.
Jean Daniel Sénat
Le Nouvelliste