Valorisation des déchets en Haïti, les solutions sont multiples au Village Alternatiba !

Les 8 et 9 Décembre, s’est tenue au parc Athlétique d’Haïti à Cité Soleil, la troisième édition du Village « Alternatiba », un mouvement citoyen pour l’environnement importé d’Europe. Après deux premières éditions à succès à Kenscoff, le village s’est délocalisé, cette année, dans la commune de Cité Soleil. Une initiative du Groupe d’action francophone pour l’environnement (GAFE), réalisée autour du thème « Changeons le système, pas le climat ».Des expositions, animations culturelles et conférences dont une sur le climat ont été organisées pour l’occasion.

Samedi 9 Décembre 2017, 13 heures, se tient le village « Alternatiba ». Deux robots fabriqués à base de produits recyclés exposés à l’entrée de la surface de jeu. Une dizaine de tentes montées çà et là. Des assiettes biodégradables aux bijoux réalisés à partir d’emballage pour les pâtes. Le décor est donc planté !

Chacun des exposants présente, à sa manière, une alternative durable pour sauver l’environnement et le climat. Parallèlement, une conférence-débat se déroule sous le thème « Valoriser les déchets, Haïti enfin en route ». 4 panélistes et un modérateur réunis autour d’une table tentent de sensibiliser les participants sur l’importante d’une bonne gestion de l’environnement.

Patrick St Pré, journaliste au quotidien le Nouvelliste et coordonnateur d’ACLEDD, Action pour le Climat, l’Environnement et le Développement Durable, fait ressortir l’importance d’un tel évènement. « Le village Alternatiba est une grande opportunité qui nous permet de mieux réfléchir sur l’environnement notamment le climat en essayant d’y apporter des solutions durables», a avancé le modérateur à la séance.

Pascal Naquin, directrice du CEFREPADE, une association humanitaire œuvrant dans la protection et la restauration des écosystèmes en Afrique subsaharienne et en Haïti, a été la première à intervenir à cette conférence. Elle estime que les citoyens haïtiens n’ont pas encore compris l’impact que pourrait avoir la valorisation des déchets dans leur quotidien. « Pourquoi payer pour la collecte des déchets alors que les citoyens croient qu’ils peuvent s’en débarrasser facilement et n’importe comment ?», s’interroge celle qui croit que la gestion des déchets ne peut pas être une « affaire de bénévolat parce que ça coûte et que l’Etat devrait mieux s’y impliquer ».

En 2009, Pascal Naquin, a créé et gère depuis un centre de valorisation des déchets à Cité Soleil au parc Athlétique d’Haïti, et un autre à Gros-morne destiné à la transformation de déchets en « Compost ». Le Cap-Haitien devrait disposer, en 2018, d’un centre de gestion des déchets, promet Mme Naquin.
Promouvoir les initiatives individuelles !

Dans le cadre de la coopération espagnole en Haïti dans le domaine de la revalorisation des déchets, Javier San Roman, représentant de ladite coopération et qui a travaillé en 2011 à Anse-à-Pitre dans la transformation de ces derniers en Compost, évoque quant à lui une responsabilité partagée dans la gestion des déchets. « L’Etat et les citoyens devraient s’impliquer sur un pied d’égalité afin d’obtenir de meilleurs résultats », déclare-t-il, avant d’énumérer plusieurs alternatives dans le cadre de la valorisation des déchets. « On peut faire du recyclage », dit M. Roman soulignant que « tout réside dans notre comportement»

A la Cop21 tenu en 2015, l’Etat a été interpelé dans le cadre des règlementations pour la protection de l’environnement. En 2017 lors de la Cop23, l’accent a été mis sur la valorisation et la promotion des initiatives individuelles à l’échelle planétaire. Ce n’est pas Gaston Jean, dirigeant de l’association des originaires de la grande Plaine, qui dira le contraire. Il évoque les initiatives citoyennes et opte pour l’éducation des plus jeunes comme vecteur de changement. « A travers un réseau de plus de 40 écoles, Réseau d’Ecoles Vertes (REV), monté en 2006, nous canalisons les jeunes enfants en les initiant au nettoyage, au traitement et au tri des déchets. Ils comprennent très tôt l’importance de leur valorisation et c’est un succès», s’enorgueillit M. Jean.

En matière d’innovation, le professeur Joaneson Lacour, président de la Wastek (bureau de services et d’innovation en gestion intégrée de l’environnement et des déchets), remporte la palme. Ayant constaté l’utilisation massive du bois dans les boulangeries et les « dry cleaning », malgré l’interdiction faite par une loi datée de 1987, sa société essaie de pallier ce problème en produisant du bois. « Le bois produit résulte de la transformation de la paille de riz », explique-t-il, avec force détails avant d’ajouter que « cette récupération est d’une importance capitale pour l’environnement. » Laissée chez l’agriculteur, la paille de riz est généralement brulée, ce qui n’est pas sans conséquence sur l’environnement, à cause de l’émission de CO2.

Pour les transformations des déchets, plusieurs filières ne sont pas encore exploitées en Haïti, informe Gaston Jean comme pour souligner la faiblesse de notre système : « la filière du tissus, des cannettes de bières restent encore inexplorées. »
Revalorisation des déchets ? Que des avantages, dixit Pascal Naquin !

Pour Pascal Naquin, la revalorisation des déchets ne présente que des avantages : « C’est le risque de contamination qu’on réduit ainsi que le niveau d’insalubrité. On réalise la restauration des sols usagés, et du même coup il y a une possibilité de création d’emplois puisque de nouveaux acteurs y seront impliqués. » Gaston Jean y voit aussi des avantages en matière de transformation : pour un sac de Compost naturel, produit à Gros-morne, le paysan doit débourser 250 Gourdes, une somme inférieure au prix du sac d’engrais chimique importé des Etats-Unis.

« La récupération est une réponse viable au pullulement des déchets, et à partir d’initiatives simples et durables, des solutions à long terme peuvent y être apportées », croit dur comme fer Joaneson Lacour, partageant la position de Gaston Jean concernant l’importance de la multiplication d’actions citoyennes pour faire face à la multiplication des déchets à travers les rues, tout en interpellant l’Etat.

Tous les conférenciers sont unanimes à reconnaitre que l’éducation, le changement des comportements et les bonnes habitudes peuvent aider à améliorer l’environnement, invitant la population à s’atteler à la tache afin de construire un avenir meilleur pour les prochaines générations.

Gloria C. Valerie Germain

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