Le poids du financement du déficit budgétaire dans l’inflation en Haïti
Écrit par Etzer S. EMILE / Economiste / etzeremile@gmail.com | Radio Vision 2000
La Banque Interaméricaine de Développement (BID) et la Banque de la République d’Haïti (BRH) ont organisé hier mercredi la causerie périodique connue sous le nom de « Mercredi de Réflexions », sous le thème « Estimation de l’impact du financement du déficit budgétaire sur l’inflation en Haïti ».
Il faut dire que ce thème a été développé dans le dernier cahier de recherche de la BRH qui a été présenté en l’occasion. Cette matinée de réflexion a permis aux analystes économiques, aux banquiers et aux entrepreneurs ainsi que des acteurs politiques de mieux comprendre le lien existant entre le financement du déficit budgétaire et l’inflation dans l’économie haïtienne.
La présentation a été faite par Carlo Janvier et Jemley Marc Jean- Baptiste, deux économistes de la Banque Centrale.
En effet, en dehors des facteurs d’origine non monétaire qui échappent au contrôle de la BRH, la dominance budgétaire constitue un souci majeur pour les autorités engagées dans la lutte contre l’inflation. Cette préoccupation est encore plus présente dans un pays comme Haïti où la pression fiscale environ 13% du PIB reste largement en-dessous de la moyenne des pays en développement à faible revenu et l’inflation supérieure a celle des économies comparables dans un environnement pourtant faible inflationniste.
Les dernières données mensuelles disponibles sur l’inflation en Haïti indiquent un taux annuel de 15,8% pour juin 2017. Le niveau le plus élevé depuis octobre 2008 où l’inflation avait atteint les 18%. En fait, depuis mai 2015, les chercheurs disent observer une hausse continue de l’inflation. L’accroissement du crédit net à l’État passant de 1, 03 milliard en juillet 2013 à 20,9 milliards de gourdes en septembre 2015 pourrait être l’une des causes de cette hausse de l’inflation indique l’étude sans une évidence absolue et sans attester un lien direct.
Au cours des 20 derniers années, il est clair que l’inflation a été l’un des principaux problèmes des autorités publiques. En effet, l’économie haïtienne a connu des périodes de fortes inflations et des épisodes d’inflation modérées. Les prix ont enregistré leur plus forte croissance annuelle en 1994 soit 46,8% et en 2003 soit 34,6% deux moments de grande turbulence politique. D’où les le poids des facteurs non monétaires comme l’instabilité politique, les contre performances des secteurs productifs notamment l’agriculture et la hausse des prix du carburant dans l’explication de la hausse des prix dans l’économie haïtienne.
Une inflation qui s’associe en même temps a des déficit de croissance économique pour des revenus réels moins importants et des conditions de vie plus difficile. De tout cela, il faut ajouter l’élément taux de change qui a un poids non négligeable dans la montée des prix sur le marché local quand on sait qu’on importe plus de 60% des biens qu’on consomme.
Des équations difficiles pour des autorités qui ont a gérer en même temps, grève, manifestation pour le salaire minimum, insalubrité, et des élections a venir.