Haïti – Agriculture : Situation critique dans la Grand’Anse
Source HL/ SL/ HaïtiLibre
La Grand’Anse vient de connaitre 3 mois de sécheresse (décembre à février). Les ménages agricoles, qui constituent une bonne partie de la population, sont dans une situation chaotique en raison des pertes agricoles enregistrées. L’insécurité alimentaire, déjà élevée depuis le passage de l’ouragan Matthew, s’est aggravée. Outre les problèmes de logement et d’accès à l’eau potable qui restent récurrent dans cette région, la population rurale est la plus affectée, en raison du fait que les aides humanitaires ne l’a pas touchée au même rythme que dans les villes.
Selon une évaluation récente (mars 2017), conduite par la Direction Départementale Agricole de la Grand’Anse (DDAGA) et la Coordination Nationale de Sécurité Alimentaire (CNSA), la sécurité alimentaire s’est détériorée au point que le département en entier a été classé en Phase 3 sur l’échelle de 5 de l’IPC (Integrated Food security Phase Classification).
Cette Phase 3 est caractérisée par : des déficits alimentaires considérables et des taux de de malnutrition aigüe élevé ou de l’incapacité des ménages à couvrir le minimum de leurs besoins alimentaires sans épuiser leurs avoirs relatifs aux moyens d’existence. Ce qui conduit inéluctablement à des déficits de consommation alimentaire.
Les communes Anse d’Hainault, Chambellan, Corail, Moron, Pestel, Irois, Dame Marie, et Jérémie (zone rurale), particulièrement au niveau des sections et localités les plus enclavées, sont les plus préoccupantes. Au total plus de 180,000 personnes, soit près de 43% de la population totale du Département se trouvent en proie à cette situation d’urgence. On doit aussi mettre en avant qu’hormis la ville de Jérémie, ces zones se caractérisent pour la plupart par une forte prévalence de l’insécurité alimentaire touchant 54% des ménages et la fragilité de leur structure économique, avec une part des dépenses alimentaires supérieures à 2/3 de leur dépense totale (Source : CNSA et partenaires, Enquête de sécurité alimentaire post-Matthew, janvier/février 2017).
En tenant compte de la situation actuelle, toutes les conditions sont réunies pour une accentuation de l’insécurité alimentaire et nutritionnelle des ménages dans les sections et localités réputées difficiles d’accès, qui pourraient passer en Phase 4 de l’IPC, en l’absence d’assistance adéquates.
En savoir plus sur l’Échelle IPC :
Phase 1 :
Accès à une alimentation généralement adéquate et stable avec un risque modéré à faible de tomber graduellement dans des phases supérieures ;
Phase 2 : Insécurité alimentaire modérée / limité
Accès limité à une alimentation adéquate avec un risque élevé et récurrent de tomber graduellement dans la Phase 3, 4 ou 5 (en raison de la probabilité d’évènements adverses et d’une grande vulnérabilité) ;
Phase 3 : Crise alimentaire et des moyens d’existence aiguë
Insuffisance aiguë et critique de l’accès à l’alimentation assortie d’une malnutrition grave et inhabituelle et un épuisement accéléré des avoirs relatifs aux moyens d’existence qui, si la situation se maintient, va faire tomber la population dans la Phase 4 ou 5 et/ou va probablement se traduire par une pauvreté chronique ;
Phase 4 : Urgence humanitaire
Insuffisance grave de l’accès à l’alimentation assortie d’une mortalité excessive, une malnutrition très élevée et en progression et un épuisement irréversible des avoirs relatifs aux moyens d’existence ;
Phase 5 : Famine / Crise humanitaire
Grave perturbation sociale assortie d’un manque total d’accès à l’alimentation et/ou d’autres besoins de base dans laquelle la famine généralisée, la mort et le déplacement sont incontestables.
Lire aussi :
http://www.haitilibre.com/article-8344-haiti-agriculture-perspective-alimentaire-mars-juin-2013.html