Le Conseil de Développement Economique et Social s’intéresse aux impacts des transferts de fonds sur l’économie nationale

Écrit par Riphard Serent, MPA / Economiste / riphardserent@gmail.com | Radio Vision 2000 

 

 

Le Conseil de Développement Economique et Social (CDES), un organe stratégique de la Primature dont la double mission est de simplifier les procédures administratives et faciliter l’investissement et l’initiative privée,  a organisé hier mardi 28 Mars, au Centre de Convention de la BRH, une importante conférence-débat sur le thème :  »Les transferts de fonds : impacts sur l’économie nationale ».

Cette conférence-débat du CDES a été une occasion pour l’institution d’attirer l’attention de la population, notamment des décideurs politiques et des acteurs du secteur privé sur l’importance des envois de fonds des travailleurs (transferts de la diaspora) dans l’économie haïtienne et la nécessité de définir une nouvelle forme d’intégration de la diaspora dans les politiques de croissance et de développement d’Haïti. Il faut dire que, les envois de fonds des travailleurs (de la diaspora) sont passés de 2,195 millions de dollars américains en 2015 à 2,358 millions de dollars en 2016, soit une augmentation de 7.4%, selon les données préliminaires fournies par la BRH.

Dans son intervention hier lors de cette conférence-débat du CDES, M. Fritz Duroseau, actuel membre du Conseil d’administration de la BRH, a présenté les impacts de ces transferts de la diaspora sur le cadre macroéconomique et croit que ces transferts constituent  »la source principale de devises de l’économie haïtienne qui alimente le marché des changes, avec une influence favorable sur le taux de change et l’inflation, mais une influence négative sur la croissance via le financement des importations ».

Selon M. Fritz Duroseau,  »les transferts de fonds aident également à améliorer le solde courant de la balance des paiements, en contenant l’effet du déficit commercial ». D’où la nécessité, selon lui, de définir un cadre de politiques publiques autour des filières porteuses favorisant l’investissement par les bénéficiaires et un cadre de politiques publiques favorisant l’investissement par la diaspora dont l’épargne était estimée à 3,7 milliards de dollars (FMI, 2012).

Pour sa part, l’ancien gouverneur de la BRH, M. Charles Castel, a posé les problèmes de croissance et de compétitivité de l’économie haïtienne et stipulé que les transferts constituent une sorte de  »shock absorber » extraordinaire dans l’économie, avec des impacts sur la réduction de la pauvreté, la facilitation des dépenses importantes pour le développement (éducation, santé, logement) et sur la capitalisation de micro-entrepreneurs dans le secteur des services  (motocyclettes par ex).

A la clôture de cette conférence du CDES, le député de Pétion-Ville, Jerry Tardieu, a réitéré son engagement à la réforme constitutionnelle qui devrait, entre autres, faciliter une meilleure intégration de la diaspora dans la vie politique, économique et sociale du pays.

Haïti doit quand même œuvrer dans le renversement de cette tendance un jour ; trop de dépendance des transferts de la diaspora dans un contexte de perspectives de nouvelles politiques migratoires dans des pays de provenance et dans tous les pays développés ou en développement, les transferts de fonds représentent moins de 10% du PIB et ne constituent pas la principale source de devises de ces économies.

Le nouveau gouvernement Moise-Lafontant doit nécessairement investir dans des politiques publiques stratégiques qui pourraient favoriser les exportations et faire de ces dernières, au bout de 3 à 4 ans, les principales sources de devises de l’économie haïtienne, ce qui aura des conséquences positives sur le taux de change, l’emploi et la croissance de l’économie.

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